Côte d’Albâtre, un spectacle grandeur nature
UN SPECTACLE GRANDEUR NATURE
En arrivant au Havre, l’odeur de la mer est déjà une invitation sensorielle. La Cité Océane, qui a fêté ses 500 ans en 2017, a le coeur depuis toujours tourné vers le large. Il est bien agréable de flâner le long des ports et de découvrir les géants des mers, cargos aux pavillons exotiques et chargés de conteneurs ou paquebots de croisière illuminés. Sur la grande plage, on oublie vite la métropole dessinée par de grands architectes. Retour en ville pour visiter l’étonnante église Saint-Joseph conçue par Auguste Perret comme un phare protecteur, mais aussi le Volcan, une médiathèque et une salle de spectacle aux formes futuristes dues à Oscar Niemeyer. Au petit matin, un petit détour par le marché aux poissons et par les Jardins Suspendus s’impose... avant de prendre la route de la côte.
Elles s’appellent la Manneporte, la Courtine, l’Aiguille... les belles falaises blanches d’Étretat s’ouvrent sur la Manche comme des théâtres en plein-air. Leurs formes singulières ont inspiré nombre de peintres et écrivains, de Guy de Maupassant à André Gide en passant par Maurice Leblanc, mais aussi les peintres Gustave Courbet et Claude Monet. Vue du ciel, depuis une barque ou un paddle ou par les sentiers qui surplombent la Manche, leur verticalité surprend. C’est par la grève, à marée basse, que je prends la mesure de leur beauté sauvage. Peut-être y trouverais-je quelques trésors cachés d’Arsène Lupin ?
DU HAVRE AU TRÉPORT, LA CÔTE D’ALBÂTRE DÉROULE SUR 130 KM SES FALAISES DE CRAIE, SES VALLEUSES, SES PLAGES DE GALETS, SES VILLAGES DE PÊCHEURS ET SES STATIONS BALNÉAIRES. GRANDIOSE, LE LITTORAL DE LA SEINE-MARITIME A DU CHARME ET DU GRAND AIR À REVENDRE. EN ROUTE POUR LE HAVRE !
Plus loin, blottie au creux de la vallée de Valmont, voici Fécamp l’ancienne capitale des Ducs de Normandie. Les pêcheurs de morues ou de harengs ne partent plus de longs mois dans les eaux glaciales de Terre-Neuve ou d’Islande, mais la ville vit toujours au rythme des marées. Les bateaux de plaisance ont remplacé peu à peu les embarcations de pêche. Au nouveau musée des Pêcheries, on revit l’aventure des marins fécampois, avant d’admirer, du haut du belvédère, les boucanes, ces petites constructions de brique où fumait jadis le hareng et cet incroyable Palais Bénédictine qui dresse son architecture gothique et renaissance. L’occasion de goûter la fameuse liqueur Bénédictine ?
Un peu plus à l’est, à Saint-Valéry-en-Caux, les «pêqueux» (les pêcheurs) ont laissé la place aux plaisanciers. Pour autant le village a su garder son patrimoine, ses maisons à colombages, son cloître des Pénitents, sa chapelle Notre-Dame-du-BonPort à la toiture en forme de coque de bateau renversée et sa belle maison Henri IV. Quelques valleuses plus loin, voici Veules-les-Roses. Comment ne pas se laisser séduire par ce paradis vert et par le plus petit fleuve de France bordé de maisons typiques et de moulins ? Ici on musarde dans les sentiers aux noms évocateurs, on découvre des jardins secrets remplis de roses, comme un voyage au pays de Maupassant, avant de savourer les « Veulaises », des huîtres élevées au large.
Des effluves iodés, des mouettes qui virevoltent, Dieppe offre une belle immersion marine. Après avoir lézardé sur l’immense plage sous le ballet des cerfs-volants, il faut partir à la découverte du château fort transformé en musée, mais aussi des quatre ports reliés par deux ponts. Nos pas nous guideront ensuite dans la rue principale puis au marché de poissons où la coquille Saint-Jacques est la vedette. On la déguste en carpaccio à la normande ou en marmite dieppoise, en suivant du regard les ferries glisser vers l’Angleterre. Et si on ramassait quelques coquillages ?
Tantôt insolites, bucoliques ou périlleuses, les valleuses de la Côte d’Albâtre offrent des images spectaculaires. À flanc de falaise, ces petites vallées creusées dans la craie sont de vrais bijoux. Le Tréport, dernière étape de notre balade, se veut à la fois sportive, avec son port de plaisance de 550 bateaux, et marchande avec ses 60 chalutiers. Au petit matin, le retour des bateaux chargés de poissons, crustacés et coquillages est un vrai spectacle. Il fait bon découvrir les maisons du quartier des Cordiers, les villas multicolores, souvenirs de la Belle époque et contempler le panorama sur les falaises en prenant le funiculaire. Belle de jour, la Seine-Maritime devient magique dès le coucher de soleil !