Courants d'Air

Patrick Bruel

« J’AI DÉCOUVERT LE BONHEUR DE VIVRE PRÈS DE LA TERRE »

- PROPOS RECUEILLIS PAR NICOLE KORCHIA

DANS L’INTIMITÉ DE L’ARTISTE À SUCCÈS, S’EXPRIME UN AMOUREUX DE LA TERRE, DES VIGNES, DES OLIVIERS ET DES RUCHES… DES FACETTES NATURE QUE PATRICK BRUEL NOUS LIVRE AVEC PASSION… COMME TOUT CE QU’IL ENTREPREND. RENCONTRE EXCLUSIVE ENTRE LA SORTIE D’UN ALBUM LIVE ET D’UN FILM.

30 ans après ta mythique tournée « Alors regarde », ton public encore plus nombreux était au rendez-vous du Tour « Ce soir on sort», avec autant de plaisir et de complicité. Comment as-tu vécu ces incroyable­s concerts ?

Chaque nouvelle tournée est une synthèse de l’ensemble de ta carrière. Tu repasses ton parcours, tu choisis ce qui est incontourn­able, important, surprenant, nouveau, mais celleci a été construite pour boucler une boucle. En pensant aux concerts de Coldplay, U2 et Muse que j’adore, et en voyant la rapidité avec laquelle les billets de mes concerts se vendaient, je me suis fait le cadeau de plus de visuels, de scénograph­ie, d’écrans, en me donnant le challenge de rester très humain et proche des gens.

La captation du concert à Paris pour le Cd-Dvd live* retranscri­t bien cette osmose avec ton public.

Ce concert devant 28000 personnes présentes malgré les grèves, avec 3 fois plus d’écrans et d’effets était fou et intense. Il était diffusé en direct à la télévision et dès que les caméras se sont arrêtées, nous avons continué à jouer comme si nous étions à la maison. Il était d’autant plus spécial qu’il signait la fin de la tournée, de cette incroyable sensation d’amour et d’échanges partagés chaque soir et de tant d’émotions.

Cela semble encore te surprendre.

Oui, ce côté inconditio­nnel des gens qui me signifient à chaque chanson qu’ils sont heureux d’être là, est tellement fort. C’est extrêmemen­t touchant pour un artiste. En fait, dès la première chanson, j’étais déjà dans l’ambiance d’un rappel ! (Sourire)

Comment gères-tu ce lien sur les réseaux sociaux. ?

J’y suis présent et je les utilise comme un média. Mais j’en connais aussi les effets pervers, alors j’essaie d’être le plus vigilant possible. C’est un outil formidable qui permet d’avoir un lien direct avec les gens mais qui parfois te dépasse. Pendant le confinemen­t j’ai improvisé un rendez-vous Facebook. Je me suis pris au jeu et j’ai fait 17 live, réalisés dans la passion, sans aucune régle et qui au final, ont touché 19 millions de personnes ! C’est incroyable…

Bientôt à l'affiche du film Villa Caprice (sortie le 16 décembre), qu'est ce qui t'a attiré dans ce rôle d'homme d'affaire trouble et arro- gant ?

Le plaisir du jeu. On me propose très peu de personnage­s un peu tordus ou machiavéli­ques, qui sont très intéressan­ts à travailler en tant qu’acteur. Plus un personnage est éloigné de toi et plus tu peux composer. Tout est permis. J’ai aimé aussi le tête à tête avec Niels Arestrup, façon «Garde à vue». Son regard bleu, froid comme l’acier, renvoie énormément de choses. On a joué la comédie au sens ludique du terme, poussant nos personnage­s dans une joute oratoire.

C'est aussi un sombre duel où cha-cun manipule l'autre...

C’est un véritable thriller psychologi­que avec deux personnage­s rattrapés par leurs démons jusqu’à ce que l’un l’emporte. La rencontre de deux solitudes construite­s sur un même schéma et que tout pourrait réunir. Ce qui est beau dans ce film c’est la bascule permanente de la noirceur des personnage­s, qui t’amène à te poser des questions sur la nature humaine.

Lo vie est sons doute plus douce sur le Domaine Leos, près de l'Isle-sur-la-Sorgue où tu cultives une mer-veilleuse huile d'olive. D'où vient cet attachemen­t à la terre ?

J’ai toujours aimé la Provence. Et nous avons acheté cette maison en 2007 car nous voulions que nos enfants aient des racines dans une maison de famille. Pour quelqu’un qui a été déraciné comme moi, puisque j’avais 3 ans lorsque nous avons quitté l’Algérie, j’étais certaineme­nt à la recherche d’un point d’ancrage. La Provence est la région qui se rapproche le plus du méditerran­éen français que je suis. J’y ai trouvé beaucoup d’équilibre.

Leos un nom très symbolique...

Oui, c’est la contractio­n des prénoms de mes fils : Léon et Oscar. J’aime les voir avec leurs copains dans cette maison qui vit. J’aime savoir qu’ils s’intéressen­t à notre huile d’olive et qu’ils voient les résultats que l’on peut obtenir lorsque quelque chose est bien travaillé. Et à quel point le succès peut être jubilatoir­e. Mais je veux aussi qu’ils comprennen­t que parfois c’est long et complexe. Ce domaine me touche beaucoup car auparavant je n’ai jamais eu de maison. J’y ai compris le bonheur que c’était de vivre près de la terre.

Comment est née l'Huile H de Leos?

Lorsque nous sommes arrivés sur ce domaine il y avait des terres, quelques oliviers, mais pas de destinée particuliè­re. Comme je suis un amoureux de l’olivier j’en ai régulièrem­ent planté et de fil en aiguille on est passé de 50 arbres à 1 000 puis à plus de 3 000 aujourd’hui. Au début on a fait cinq bouteilles d’huile d’olive juste pour nous, puis je suis allé chercher des spécialist­es, choisis par instinct, en me disant qu’on pouvait vraiment faire quelque chose de beau ensemble. On s’est donné du temps pour atteindre le niveau souhaité, on a beaucoup travaillé avant de se lancer. Et aujourd’hui nous sommes très heureux de voir que cette petite équipe artisanale de quatre personnes, arrive à s’élever.

Au point de remporter des concours.

L’Huile H de Leos a gagné 21 médailles en 4 ans. Elle est prisée par de grands chefs tels Alain Ducasse, Guy Savoy, Joël Robuchon, ou Gilles Goujon. C’est complèteme­nt fou parce qu’elle a vraiment été faite à l’instinct et seulement par passion. Je n’ai jamais eu le grand fantasme de la propriété. Mais là je suis chez moi et j’aime planter un olivier, me dire qu’il

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*sortie le 4 décembre
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