VOS PARENTS ÉTAIENT MÉDECINS ET UNIVERSITAIRES, D’OÙ TENEZ-VOUS VOTRE FIBRE ENTREPRENEURIALE ?
En fait, ma mère avait monté des magasins Benetton à Toulouse pendant ses études. J’avais donc un exemple commercial à la maison ! J’ai passé mes samedis aprèsmidi à vendre et plier des pulls pendant des années à ses côtés. Mais il est difficile de dire que j’exprimais clairement le souhait de devenir entrepreneur. Il s’agissait plutôt d’une envie d’être libre, d’avoir un métier qui me donne mon indépendance. L’entrepreneuriat est plus un moyen qu’une fin pour moi. J’ai toujours été autonome, à exercer des petits boulots pour m’assumer, du moins partiellement. Je faisais du troc à l’école, à tel point qu’on a dû me rappeler qu’il ne s’agissait pas d’un lieu de commerce mais d’enseignement… J’avais un caractère à prendre des initiatives, quelles qu’elles soient.
Sur quoi repose votre business model actuellement ?
Sur le même plan qu’au lancement du projet. J’avais réalisé en trois jours un slide proposant différentes possibilités, comprenant celle de la boutique. L’entreprise pouvait être rémunérée via l’affiliation. Si je dépense ma cagnotte chez un partenaire, Leetchi touche une rétro-commission sur le produit acheté, c’est le système le plus basique. Nous avons des contrats d’apporteurs d’affaires. Nous sommes partenaires avec une centaine d’e-commerçants, dont Amazon. Ils nous reversent une commission de l’ordre de 10 %, qui varie selon les secteurs d’activité et le volume qu’on leur apporte. La troisième solution consistait à prendre une commission quand le client choisissait d’utiliser un virement bancaire pour disposer des fonds. En fonction du montant, nous prenons une commission dégressive à partir de 4 % et jusqu’à 2,9 %. Aujourd’hui, Leetchi se rémunère par ces trois biais.
Pour financer le Groupe Leetchi, vous avez levé au total 7 millions d’euros. Parmi les investisseurs célèbres, on compte Xavier Niel de Free, ou encore Oleg Tscheltzoff, le PDG de Fotolia. Comment les avez-vous convaincus de vous soutenir ?
Il n’y a rien de plus simple : par les chiffres ! Je montre que j’avais tant de clients en mars pour tant de clients en janvier, et que j’ai donc réalisé telle progression. C’est un service qui plaît par l’essence même du projet. En même temps, le marché est très difficile à définir, même s’il est hyper profond. Qui est susceptible de matérialiser les dettes informelles ? Personne ! Mais le secteur offre beaucoup de possibilités. Puis les investisseurs cherchent à tester l’entrepreneur, son caractère, son équipe. Dès le départ, j’ai été très bien entourée. Cela a joué comme autant d’arguments en ma faveur.
Rappelez-nous comment est né Leetchi…
Après avoir obtenu un master en gestion de projets multimédia à l’Institut de l’Internet et du Multimédia Léonard de Vinci, je trouvais qu’il me manquait des connaissances en comptabilité, finances, business plan… Pour combler ma frustration, j’ai poursuivi un cursus à HEC Paris en travaillant en parallèle pour financer mes études et rembourser le prêt pour payer ce Mastère en Digital Business. À la rentrée, il fallait organiser le week-end d’intégration pour une quarantaine d’étudiants. Cela a été infernal, j’ai dû supplier chacun d’eux de me rendre les 20 à 30 euros que j’avais dû avancer ! Puis je me suis rappelé que pour l’achat du cadeau de mon frère, une cousine ne m’avait pas remboursée, même chose pour l’organisation d’un enterrement de vie de jeune fille… Je me suis dit qu’il existait sûrement un service Internet pour collecter de l’argent en ligne. En fait non. J’ai pensé que c’était un bon créneau à développer.
Comment avez-vous transformé cette idée en une entreprise qui vous rémunère ?
À la sortie du Mastère en juin 2008, j’ai passé un pacte avec “l’autorité parentale” pour qu’ils continuent de m’aider financièrement pendant un an ! Pour me lancer pleinement dans le projet, je devais quitter le poste que j’occupais - j’étais chargée