Courrier Cadres

“Il faut retourner en poste avant la guérison complète”

Pour se remettre d’un burn-out, il est important d’évacuer physiqueme­nt le stress accumulé mais aussi de revoir ses méthodes de fonctionne­ment comme la place occupée par le travail dans sa vie. La prise en charge doit être effectuée par un spécialist­e pou

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Que faire lorsqu’une personne estime être victime d’un syndrome d’épuisement?

Il faut d’abord voir s’il ne s’agit pas d’un autre problème. Un trouble du sommeil récurrent peut produire les mêmes symptômes qu’un burn-out, de même que le manque de fer ou l’apnée du sommeil. Changer les méthodes de travail n’aura donc pas d’impact. Quand l’épuisement survient, le généralist­e réalise un bilan de santé avec prise de sang, détection de problèmes cardio-vasculaire­s... Le stress produit beaucoup de dégâts à ce niveau comme sur la digestion. Il faut le contrôler. La fatigue peut aussi être due à des troubles hormonaux ou de tyroïde. Une fois que le médecin détecte qu’il s’agit bien d’un burn-out, il faut s’orienter vers un profession­nel qui connaît la question. La prise en charge peut être effectuée par un psychologu­e, un médecin ou un psychiatre mais qui connaisse bien le traitement.

Combien de temps faut-il pour s’en remettre ?

Pour un burn-out classique, sans autres complicati­ons, l’arrêt de travail dure environ deux mois. Ensuite, il faut déjà songer à la manière dont la personne va retourner au travail. La guérison se fait en trois phases. D’abord, il faut remonter le niveau d’énergie. Si c’est possible, il faut se couper de tous les soucis du travail pour se ressourcer. Un certain nombre de règles est à suivre, comme bouger le corps pour retrouver une dynamique. Quand un salarié fait un burn-out, il souffre de l’accumulati­on d’un stress chronique. Or le stress permet d’agir, de se préparer à une action physique. Lorsque le corps en a trop accumulé, il est rempli de tensions et s’épuise. Il faut annuler ces tensions et se décharger de ce stress. On peut favoriser le sport, mais jardiner ou se balader dans la forêt peuvent suffire. Il faut aussi consulter un psychothér­apeute pour opérer des changement­s psychiques et éliminer les tensions accumulées dans l’entreprise. La deuxième phase consiste à analyser ce qu’il s’est passé et se demander pourquoi la personne est allée si loin et s’est épuisée de la sorte, dans le but de retrouver plus tard un nouvel équilibre. La troisième phase consiste enfin à retourner au travail avant même d’être guéri. Certains malades attendent d’être complèteme­nt remis, or, ils ont besoin du terrain profession­nel pour se renforcer. Il faut de nouveau être confronté à des périodes de stress, à des contrainte­s et à des enjeux profession­nels en étant encore un peu fragile pour apprendre à développer une attitude saine et des mécanismes de protection.

Quel est le bon moment pour retourner à son poste ?

Quand la personne a retrouvé 50 % de son énergie. Elle est encore très fatiguée mais c’est important qu’elle retourne travailler pour les raisons que je viens de mentionner. Il faut aussi qu’elle ait compris comment travailler différemme­nt au niveau des relations avec les autres, de la charge de travail, et qu’elle sache pourquoi elle s’est épuisée. À ce moment, les personnes concernées ne se sentent pas toujours prêtes à retourner au travail. Elles vont y aller en tremblant. C’est normal car elles sont encore fragiles, mais c’est aussi le travail qui va les rendre plus fortes et leur permettre de mieux comprendre ce qu’il s’est passé. Pour y parvenir, il vaut mieux organiser un retour progressif, d’abord à 50 % par exemple, et avec accompagne­ment. Il faut les encourager. Une fois de retour, il faut environ 6 mois pour retrouver un équilibre stable1.

Est-il toujours justifié de quitter son travail ?

Non, et il est même possible de revenir à son ancien poste sans que rien n’ait été modifié. En revanche, les salariés eux-mêmes doivent changer et travailler différemme­nt. Il faut aussi comprendre que le fait de vouloir quitter sa profession peut aussi être un symptôme. Le but, c’est que la personne retourne à son travail. Bien sûr, c’est le bon moment pour faire un bilan de carrière et de ses priorités dans la vie, mais au final, seuls 20 %

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