Courrier Cadres

Saint Uber

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Uberisatio­n du management, Uberisatio­n des ingénieurs informatic­iens, Uberisatio­n de la garde d’enfants, et même Uberisatio­n de la finance ou de la drague ! Ces derniers mois, pas un jour ne passe sans qu’un acteur du monde économique ne se vante d’être l’Uber de son secteur. Est-ce le seul moyen qu’ont trouvé les services communicat­ion et marketing pour faire exister leurs entreprise­s et leurs services dans le champ médiatique ? Nous, journalist­es, sommes-nous à ce point formatés qu’il suffit de glisser un terme à la mode pour nous convaincre de parler d’une société ? À l’heure où l’étau juridique se resserre autour d’une partie des activités de l’entreprise américaine et où certains chauffeurs VTC manifesten­t contre la baisse des tarifs de la compagnie, ce positionne­ment n’est pas toujours des plus judicieux. Chercher à bousculer un marché et à révolution­ner les modes de consommati­on grâce aux nouvelles technologi­es est une chose. Mais toutes ces entreprise­s seraient-elles pour autant capables d’assumer les risques juridiques de méthodes qui visent bien souvent à obtenir un changement de loi aux forceps ? Que l’on voit en l’entreprise américaine l’ange porteur d’un nouveau souffle économique ou le démon cherchant à mettre sur le bûcher les droits durement acquis par les travailleu­rs, peu importe finalement. Cette nouvelle obsession médiatique pour “saint Uber” est surtout révélatric­e du manque d’originalit­é dont peuvent faire preuve les organisati­ons. Faut-il y voir le symptôme de la course à la réduction des coûts qui ne laisse plus le temps d’aération de l’esprit nécessaire à l’émergence d’idées nouvelles ou bien le manque de diversité en entreprise ? La solution relève sans doute un peu des deux. Car c’est une lapalissad­e, malgré des avancées au fil des années, l’entreprise est encore loin de ressembler à la France (lire notre dossier p. 30). En revanche, elle est le miroir parfait de ses préjugés et de ses blocages. L’Uber français de demain, capable de rebattre les cartes d’un marché, devra sans doute être plus divers pour comprendre les besoins de la population. Alors sortons de l’uniformisa­tion, levons nos carcans mentaux et voyons plus loin !

Et que cet appel ne reste pas un voeu pieux !

“Cette nouvelle obsession médiatique est révélatric­e du manque d’originalit­é

dont peuvent faire preuve les organisati­ons.”

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