PAS DE PAUSE POUR la voiture autonome
Elle est devenue un enjeu majeur dans l’automobile. La voiture sans conducteur suscite de nombreuses vocations et des grands espoirs de profits, même en France, où le gouvernement vient officiellement d’autoriser son expérimentation sur le réseau routier.
Àla veille du Mondial de l’auto, les annonces relatives à la voiture autonome ne cessent de se multiplier. Les dernières en date concernent le transport de personnes. C’est ainsi que l’américain Uber, qui a défrayé la chronique en concurrençant les taxis, espère désormais remplacer ses propres chauffeurs par des robots. C’est tout l’objet du partenariat qu’il a noué avec le constructeur suédois Volvo. Une centaine de SUV XC90 bardés de capteurs et de radars vont être mis en service d’ici la fin de l’année dans la ville de Pittsburgh aux États-Unis afin d’expérimenter les courses sans conducteur. Pour l’instant, ces véhicules disposent toujours d’un professionnel du volant prêt à reprendre le contrôle en cas de défaillance du système, mais l’objectif est bien entendu de s’en passer d’ici 2021, date de lancement prévue d’un véhicule totalement autonome. À Singapour, ce sont des Renault Zoe électriques qui ont été mises en service par la société américaine nuTonomy dont l’intention est de brûler la politesse à Uber. Toujours supervisées par des conducteurs prêts à intervenir, ces voitures sont en cours d’essai dans des quartiers plutôt calmes, où le risque d’incident est peu élevé. Mais l’ambition de leurs concepteurs est claire : ils espèrent démarrer l’exploitation commerciale dès 2018 !
UN CADRE JURIDIQUE EN COURS DE CONSTITUTION
Tout n’est pas rose cependant pour la voiture autonome. Le constructeur Tesla en a cette année fait les frais. Son système “Autopilot” de conduite partiellement automatisée sur autoroute a en effet été impliqué pour la première fois dans un accident mortel. Depuis, la responsabilité du conducteur a été reconnue, mais l’événement a démontré s’il en était besoin que le système n’était pas infaillible. Un prototype d’essai de Google a lui aussi été impliqué dans un accrochage avec un bus. Autant d’incidents qui imposent plus que jamais la définition d’un cadre juridique précis pour l’utilisation et la circulation de ces véhicules. Après certains États aux USA, la France a autorisé la circulation pour expérimentation de ces véhicules à travers une ordonnance publiée le 3 août dernier. Mais celle-ci doit également aboutir à la construction d’un “cadre réglementaire” par le Conseil d’État. Un défi d’autant plus ardu que malgré les très nombreux projets, il reste difficile de prévoir quand et sous quelle forme la voiture parfaitement autonome sera proposée au public. L’État semble en tout cas y voir la martingale susceptible de résoudre de nombreux problèmes posés par l’automobile. Le rapport au président de la République relatif à l’ordonnance du 3 août pointe ainsi que “le véhicule autonome participe de l’amélioration de la sécurité routière, de la diminution de la congestion du trafic, de l’accessibilité des territoires (…) et de la mise en oeuvre du droit au transport pour tous et, de manière générale, de l’amélioration de la qualité de vie”. Reste à savoir à quelle échéance ces pronostics radieux se réaliseront.