Courrier Cadres

L’IDÉE ne suffit pas !

Quand on souhaite se lancer dans l’entreprene­uriat, une bonne idée est loin d’être suffisante pour réussir. Il y a de nombreux aspects à prendre en compte pour s’assurer de la viabilité de votre projet.

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Avoir l’idée du siècle n’est pas un gage de succès. C’est l’une des premières choses qu’un entreprene­ur doit avoir en tête.“Cela représente 5 % à 10 % de la

réussite d’une entreprise”, souligne Dominique Restino, fondateur du Moovjee et vice-président de l’Agence France Entreprene­ur (AFE, ancienneme­nt APCE). Car pour qu’une entreprise fonctionne sur la durée, il y a plusieurs paramètres à prendre en compte, comme l’engagement et la motivation du créateur d’entreprise. “Ce qui importe avant tout c’est l’individu, estime Nathalie Carré, chargée de mission entreprene­uriat au sein de la Chambre de commerce et d’industrie à Paris (CCI France). Ce qui fait qu’une idée va fonctionne­r, c’est l’engagement de l’équipe fondatrice et la vision du projet qu’elle a sur le long terme. Car

cela permet de savoir quelles sont les étapes

à franchir.” Même constat pour Bernadette Sozet, déléguée générale d’Initiative France, réseau associatif d’accompagne­ment et de

financemen­t des créateurs d’entreprise. “La personnali­té de l’entreprene­ur dans la réussite de son projet reste fondamenta­le. Chez Initiative France, chaque créateur vient présenter son idée devant un comité d’agrément de huit personnes qui se sont déjà forgé un avis via la lecture du business plan, indique-t-elle. À l’issue de la rencontre avec l’entreprene­ur, leur décision peut complèteme­nt changer, dans un sens comme dans l’autre.”

PRENDRE DU PLAISIR À ENTREPREND­RE

Pour que le projet se développe correcteme­nt et accède à la rentabilit­é, le créateur doit aussi se sentir en total accord avec

son projet. “Quand on monte sa boîte, il faut prendre conscience que l’on épouse le secteur d’activité auquel appartiend­ra sa société, précise Dominique Restino. Il faut pouvoir se dire, même s’il y a un business à prendre, je ne suis pas l’homme pour créer ce marché. Car si ce n’est pas très compliqué de créer son entreprise, cela reste plus difficile de la pérenniser et de la développer.” Et pour être à 100 % investi dans votre entreprise, il vaut mieux ne pas se lancer dans un projet par dépit ou par nécessité. Quitte à sortir de votre zone de confort. N’hésitez donc pas à vous lancer dans un secteur que vous affectionn­ez, même si celui-ci ne vous est pas familier. “On a trop tendance à voir des créateurs qui ont fait 15 ans de marketing se lancer à leur compte dans ce domaine par exemple, alors qu’ils seraient peut être plus épanouis dans la menuiserie ou dans la restaurati­on”, estime Nathalie Carré.

RÉPONDRE À UN BESOIN

Autre aspect essentiel avant de vous lancer : vous assurer que le marché existe. Car l’idée c’est bien, mais votre produit ou service doit convaincre les consommate­urs. Donc, en tant que créateur, vous devez pouvoir répondre à un certain nombre de questions (est-ce que mon idée comble un besoin non satisfait ?, comment vais-je me différenci­er ?, quels clients vais-je intéresser ?, quelle valeur ajoutée vais-je apporter par rapport à la concurrenc­e ?) qui vous confortero­nt ou non dans le développem­ent de votre projet. Sans réponses précises, pas la peine de vous jeter à l’eau car il est fort probable que votre idée d’entreprise ne séduise pas et que les consommate­urs ne mettent pas la main à la poche une fois

“L’innovation n’est vraiment pas une condition, c’est davantage un risque.”

le produit commercial­isé. “C’est notamment grâce à l’étude de marché, un passage qu’il ne faut pas négliger (voir page 14-15), que l’entreprene­ur obtiendra l’ensemble de ses réponses”, assure Nathalie Carré. Surtout, ce travail de terrain permet d’affiner votre projet en allant directemen­t interroger vos futurs clients. “J’ai vu des belles idées mais qui n’ont jamais fonctionné, se rappelle Bernadette

Sozet. Tout simplement car le service était trop cher ou parce que ce n’était pas dans la priorité des consommate­urs. Il ne faut donc pas hésiter à tester le marché.”

NE PAS CHERCHER L’INNOVATION À TOUT PRIX

Un conseil qui vaut aussi bien pour les créateurs d’entreprise se lançant sur des projets aux modèles économique­s déjà éprouvés que sur des innovation­s. “On ira simplement interroger ses clients

différemme­nt en fonction de la nature du projet”, précise Nathalie Carré. Surtout, il ne faut pas chercher à innover à tout prix. Le principal, c’est que vous ayez les compétence­s, la motivation et que vous ayez prouvé que le marché existe. “Par exemple, si dans une rue il n’y a pas de pizzeria et que vous en ouvrez une, forcément que cela fonctionne­ra, assure Nathalie Carré. L’innovation n’est vraiment pas une condition, c’est davantage un risque.” En effet, quand on se lance sur un projet innovant, il faut être persuadé et convaincre les autres de l’avenir et de la valeur de son idée. “Il faut une sacrée force de conviction pour cela. Par ailleurs, savoir écarter les personnes qui vous disent que ça ne marchera pas, tout en prenant en compte leurs remarques pour enrichir votre projet est essentiel”, conclut Dominique Restino.

L’idée représente 5 % à 10 % de la réussite d’une entreprise.”

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