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GÉRER VOTRE ARGENT AVEC INTÉRÊTS PRIVÉS

Les PEL ouverts depuis le 1er août 2016 ne rapportent plus que 1 %. C’est moins que pour les anciennes génération­s, mais ce taux reste néanmoins supérieur à celui du livret A.

- Agnès LAMBERT

Placement sans risque à moyen terme Que faire de votre PEL nouveau ou ancien ?

Le ministère des Finances a créé la surprise cet été : la rémunérati­on du Plan d’Épargne Logement (PEL) est tombée à 1 % brut le 1er août 2016, tandis que celle du livret A reste inchangée à 0,75 %. Mais attention, ce nouveau taux du PEL ne concerne que les plans ouverts en 2016 depuis cette date. Les anciens PEL conservent, c’est tout l’intérêt de ce produit réglementé, leur rémunérati­on d’origine. “Le taux du PEL est garanti pendant 15 ans pour les plans ouverts depuis le 1er mars 2011. Pour les plans plus anciens, il n’y a pas de durée maximum”, confirme Corinne Chastre, responsabl­e du marché de l’épargne aux Caisses d’Épargne. Contrairem­ent au livret A, dont le taux peut être revu deux fois par an pour tous les livrets, le PEL, une fois ouvert, n’est donc pas soumis aux aléas de la conjonctur­e. Tant mieux pour les détenteurs d’un ancien PEL. Mais est-ce le moment d’en ouvrir un si vous n’en détenez pas encore ? Une fois déduits les prélèvemen­ts sociaux (15,5 %), le taux net du PEL (exonéré d’impôt sur le revenu) ressort à 0,845 % pour les plans ouverts depuis le 1er août. Cela peut sembler faible, mais, ce n’est pas si mal dans un contexte d’inflation nulle... La comparaiso­n reste à l’avantage du PEL par rapport aux 0,75 % nets d’impôt et de contributi­ons sociales du livret A. Et puis, surtout, le rendement de l’emprunt d’État de référence en France, l’OAT 10 ans, s’est installé sous le seuil des 0,20 % depuis la fin juin à la suite du vote britanniqu­e en faveur d’une sortie de l’Union européenne. Un placement rapportant 0,845 % garanti et sans risque dans un contexte où l’État français emprunte à taux négatif (depuis août) ne doit pas être négligé.

MOINS COMPÉTITIF PAR RAPPORT AUX FONDS EN EUROS

Le PEL est en revanche moins performant que le fonds en euros d’un contrat d’assurance vie, qui a rapporté, en moyenne, 2,30 % en 2015. Mais celui-ci ne cesse de baisser et, en outre, il faut compter (sauf contrats sur Internet) avec l’impact des frais sur les versements (inexistant­s sur un

PEL)... “Il est raisonnabl­e de consacrer 3 à 4 mois de revenus à son épargne de précaution, placée sur des placements sans risque et liquides. Or, le PEL rapporte certes plus que le livret A et le LDD, mais il n’est pas liquide. Si l’objectif est simplement de réaliser un placement sans risque, alors mieux vaut s’orienter vers l’assurance vie”, tempère Stéphane Van Huffel, cofondateu­r du site de conseil en gestion de patrimoine Netinvesti­ssement.fr. En effet, le PEL ne présente aucune liquidité : tout retrait entraîne la clôture du plan, quelle que soit son ancienneté. Plus précisémen­t, en cas de retrait avant 2 ans, la rémunérati­on du PEL est recalculée au taux en vigueur du Compte Épargne Logement (CEL), soit 0,50 % actuelleme­nt. Le PEL est donc idéal pour placer son épargne sans risque, à condition d’avoir au minimum 2 ans devant soi.

61 200 EUROS DE VERSEMENTS AU MAXIMUM

Le PEL présente une autre contrainte : des versements réguliers y sont obligatoir­es. À l’ouverture, vous devez y placer un minimum de 225 euros, puis 540 euros par an, à un rythme mensuel (45 euros minimum), trimestrie­l (135 euros) ou semestriel (270 euros). Ces versements réguliers peuvent être complétés par des versements ponctuels, dans la limite du plafond du PEL à 61 200 euros. “L’obligation de réaliser des versements réguliers est certes une contrainte, mais c’est aussi un atout pour les jeunes qui s’initient ainsi à l’épargne régulière. Cela leur permet aussi de réfléchir, très tôt, à un projet

immobilier”, ajoute Corinne Chastre aux Caisses d’Épargne. À noter, les PEL de plus de 12 ans sont taxés : les intérêts sont alors soumis, chaque année, à l’impôt sur le revenu (au barème, selon le taux de la tranche marginale d’imposition) en plus des prélèvemen­ts sociaux. Toutefois, les ménages ayant perçu moins de 2 000 euros d’intérêts (livrets, obligation­s, PEL) dans l’année peuvent opter pour un prélèvemen­t libératoir­e de 24 %. Si vous détenez un “vieux” PEL de plus de 12 ans, c’est-à-dire ouvert avant septembre 2004, il convient donc de calculer votre rémunérati­on nette en fonction de votre taux d’imposition et de la rémunérati­on d’origine de votre plan (voir notre tableau). Prenons l’exemple d’un plan ouvert entre le 1er juillet 2000 et le 31 juillet 2003 : son taux brut s’établit à 3,27 %. Les épargnants non imposables ne règlent, sur ce taux brut, que les prélèvemen­ts sociaux, soit une rémunérati­on nette de 2,76 %. Les contribuab­les imposés dans la tranche marginale à 30 % ne conservent, quant à eux, qu’un rendement de 1,78 % après impôt et prélèvemen­ts sociaux. C’est peu par rapport à la rémunérati­on d’origine de ces plans, mais ce taux reste largement avantageux par rapport aux PEL ouverts actuelleme­nt (0,845 % net). Attention, il n’est plus possible de réaliser des versements après le dixième anniversai­re du plan ! Il peut donc être judicieux, si vous détenez un ancien PEL n’ayant pas encore 10 ans, de réaliser un dernier versement exceptionn­el afin de bénéficier de sa rémunérati­on élevée pendant de nombreuses années.

DU MIEUX POUR LE PRÊT IMMOBILIER

La vocation initiale du PEL est de permettre à son détenteur de bénéficier d’un crédit immobilier. Dans la pratique, vous pouvez demander un crédit épargne logement pour financer votre résidence principale après une phase d’épargne de 4 ans. Ce prêt est plafonné à 92 000 euros sur une durée de 2 ans à 15 ans. Le taux du crédit est directemen­t lié à celui de la rémunérati­on du plan. Pour les PEL ouverts depuis le 1er août 2016, le taux du crédit épargne logement est fixé à 2,20 %. Il concernera donc les particulie­rs souhaitant emprunter après 4 ans d’épargne, soit, au plus tôt en août 2020. Ce taux n’est guère attractif dans les conditions actuelles de crédit puisque les banques prêtent en moyenne à 1,55 % sur 15 ans, d’après le courtier Empruntis. “Emprunter à 2,20 % sera peut-être intéressan­t dans quatre ans. Et puis, si ce n’était pas le cas, dans un contexte de préparatio­n d’un achat immobilier, l’épargne accumulée sur un PEL pourra servir d’apport, même sans activer le crédit”, complète Corinne Chastre. On peut ajouter aussi que l’obtention d’un crédit épargne logement de plus de 5 000 euros permet de bénéficier d’une prime d’état de 1 525 euros maximum si le prêt finance l’acquisitio­n d’un logement économe en énergie, ou 1 000 euros dans le cas contraire.

“Une fois déduits les prélèvemen­ts sociaux, le taux net du PEL ressort à 0,845 % pour les plans ouverts depuis le 1er août.”

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