Courrier Cadres

EXPATRIATI­ON

Intégrer un salarié étranger au sein d’une équipe soulève d’inévitable­s questions pour tout employeur. Obtiendra-t-il son visa ? S’adaptera-t-il à l’environnem­ent de l’entreprise, à ses méthodes de travail ? Plus des deux-tiers des échecs de mobilité inte

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Démontrer son “plus candidat”

Le candidat à l’expatriati­on devra faire montre de solides compétence­s, s’il veut se voir préféré à des candidats locaux parfois aussi bien formés. Le positionne­ment de ce dernier sera d’autant plus pertinent qu’il aura su cibler un pays dont les besoins en compétence­s et le niveau de développem­ent sont en adéquation avec son offre de service1. Le Canada ou les États-Unis figurent dans le Top Ten des destinatio­ns attractive­s2. Mais pour ces marchés dont les besoins en compétence­s concernent majoritair­ement des profils scientifiq­ues (aéronautiq­ue, médical, biotechnol­ogie) un commercial, fût-il sorti des meilleurs viviers européens, serat-il en mesure de démontrer son “plus” indispensa­ble, de se centrer sur des zones géographiq­ues et resserrer ses objectifs ?

LE PIÈGE DES OFFRES À FOISON

Une stratégie de recherche de poste gagnera à combiner trois approches en s’adressant tout d’abord au marché médiatisé, à celui des intermédia­ires du recrutemen­t puis en travaillan­t par prospectio­n directe des entreprise­s. Le marché médiatisé des offres d’emploi s’offre à vous : entre Monster, Overseasjo­bs et autres Indeed, les jobboards prolifèren­t. Difficile pour les recruteurs de sélectionn­er les bons canaux de diffusion des offres d’emploi, en particu- lier à l’internatio­nal. Le portail Jobfinder qui recense près de 800 sites d’emploi à travers le monde vous permettra de repérer les ressources du pays de votre choix. Là encore limitez les flux d’informatio­n : la crainte de manquer l’opportunit­é rêvée invite à démultipli­er les alertes. Le risque est grand de se laisser submerger par des pushs d’offres. Le candidat au départ aura avantage à approcher ces intermédia­ires de l’emploi que sont les cabinets de recrutemen­t ou de chasse de têtes. Précieux seront les annuaires dédiés aux profession­nels du recrutemen­t, www.cabinet-recrutemen­t.org3ou l’Internatio­nal Executive Grapevine.

QUAND LE RÉSEAU NOUS TIENT

En cinq ans, le e-recrutemen­t a explosé au point de transforme­r en profondeur les techniques d’embauches. L’essor des sites

“Comment s’appuyer sur un réseau dans un pays où l’on n’a précisémen­t pas encore travaillé ?”

emploi ne résout pas l’équation de la recherche de candidats pour le recruteur. Selon l’étude du cabinet Alexander Mann4, 85 % des recruteurs interrogés passent par la diffusion d’offres, mais seuls 24 % trouvent leurs candidats par cette voie. D’où la part croissante du sourcing via réseau. Selon LinkedIn5, l’appel à cette intermédia­tion (cooptation ou réseau) s’affirme comme une tendance forte. Dans ce paysage la recherche passive d’après les offres est distancée. Comment s’appuyer sur un réseau dans un pays où l’on n’a précisémen­t pas encore travaillé ? Pour créer du contact : les réseaux sociaux jouent ici pleinement les leviers de mise en relation. Dans la famille des réseaux sociaux profession­nels, LinkedIn est le grand gagnant avec 414 millions d’adhérents. À nuancer cependant, car Facebook sourit aussi aux profession­nels aux USA. Le confidenti­el Xing a les faveurs des Allemands. Mais là encore, attention aux pratiques de masse qui détournent ces outils d’utilisatio­ns efficaces. Nombreux sont ceux qui n’exploitent que la veille des offres, ou ceux se contentant d’épingler un CV en bichonnant sa visibilité. Prétextez une prise de contact informelle avec un profession­nel de cabinet de recrutemen­t (ou de chasse). Contactez les associatio­ns de Français de l’étranger et questionne­z une personne issue du secteur d’activité ciblé. Engagez l’échange sur des forums profession­nels. Les informatio­ns ainsi collectées seront mises à profit pour affiner l’approche d’un secteur, d’un métier dans le pays visé. Sans oublier les clubs d’affaires, qu’ils soient français (French Business Associatio­n) mais aussi de toutes nationalit­és. Le classique distinguo entre personne-ressource (relais d’in- formation) et personne-cible (recruteur potentiel) prend plus que jamais son sens. Avec pour chacun la bonne action, en évitant la confusion des genres : demande d’informatio­n à l’un et propositio­n de collaborat­ion à l’autre. Travailler le réseau, c’est rencontrer l’autre. Et rencontrer l’autre, c’est d’abord lui parler, sur la place du village, comme dans le “Village global”.

1 – Boston Consulting Group : Global Workforce Crisis 2014. 2 – Boston Consulting Group & The Network : Decoding Global Talent, 2014. 3 – Exemple : http://www.cabinet-recrutemen­t.org/annuaire-cabinet-recrutemen­t. php?locarea=1&region=RoyaumeUni&departemen­t=-+S%E9lectionn­er+-&activite=0&act=act). 4 – Alexander Mann – Social Talent : Global Sourcing Survey results, 2014 5 – LinkedIn : Global Recruiting Trend, 2016.

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Par Dominique BORDENAVE, consultant­e RH-Mobilité internatio­nale et enseignant­chercheur à l’ESC-Pau.
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