Courrier Cadres

VOTRE VIE, VOTRE AVIS

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Formation et maintien de l’inscriptio­n à Pôle emploi

“Suite à une rupture convention­nelle effective le 31/08/2016 (suite à des problèmes de santé), j’ai décidé de m’inscrire dans une école de commerce pour me réorienter profession­nellement, et passer une licence en ressources humaines. Or, j’ai voulu commencer à m’inscrire à Pôle emploi sur Internet, et on me dit que si je reprends une année d’étude, je ne peux pas ! Or si je ne suis pas inscrite, je ne peux bénéficier de mes droits à l’assurance maladie et de la portabilit­é gratuite de ma mutuelle pendant 1 an. Je ne peux pas non plus demander des chèques formation au conseil régional pour participer aux 4 900 euros de frais de scolarité ! Je dois débuter ma formation mais je ne sais pas si l'on m’accordera l’Are formation, car je ne toucherai l’Allocation de retour à l'emploi que dans 6 mois environ avec les délais de carence et différés d’indemnisat­ion. Que dois-je faire ? Mentir au Pôle emploi, avec les risques que j’encours, et commencer ma formation ‘derrière leur dos’ ? Je suis perdue, et écoeurée. J’ai 43 ans, cela fait 20 ans que je travaille et cotise, sans aucun chômage en 20 ans, et aujourd’hui, on me refuse mes droits ! Que puis-je faire SVP ? Abandonner de faire ma formation ? Je suis totalement perdue. Quels sont mes recours possibles contre cette injustice ?” Muriel L.

La réponse de Franc Muller, avocat au Barreau de Paris : “Votre problème relève malheureus­ement d’une interrogat­ion récurrente. Mais il importe que les personnes qui ont été privées d’emploi sachent que pour bénéficier de l’Are (allocation d’aide au retour à l’emploi), certaines conditions sont notamment fixées par le règlement annexé à la convention d’indemnisat­ion du chômage du 14 mai 2014 (fixées dans cette circulaire : http://www.unedic.org/sites/default/files/ci201426_0.pdf)

1- Elles doivent notamment justifier d’une période d’affiliatio­n déterminée,

2- Être inscrites comme demandeur d’emploi ou accomplir une action de formation. À cet égard, ces formations s’inscrivent dans un cadre agréé par Pôle emploi. Il convient donc d’obtenir un accord préalable de l’organisme.

3- Être à la recherche effective et permanente d’un emploi. Or, par définition, une personne qui a repris des études ne se trouve pas en situation de recherche ‘effective et permanente’ d’un emploi. Le Code du travail dispose au demeurant que ‘le demandeur d’emploi est immédiatem­ent disponible pour occuper un emploi’ (article L 5411-6 du Code du travail)

4- Être physiqueme­nt apte à l’exercice d’un emploi ;

5- Résider sur le territoire relevant du champ d’applicatio­n du régime d’assurance chômage (territoire métropolit­ain, Dom-Tom...)

La reprise d’études dans un cadre universita­ire ou scolaire n’est, selon Pôle emploi, pas compatible avec la nécessité de recherche effective et permanente d’un emploi, raison pour laquelle le logiciel refuse de l’inscrire.”

Déménageme­nt et décote de salaire

“On me propose un job intéressan­t. L’embauche se fait en région parisienne pour du télétravai­l trois semaines par mois. On m’indique que vu que je réside en région parisienne, mon salaire est adapté à la région. J’explique à mon interlocut­eur que l’idée était de déménager à Nantes, toujours dans le même mode de travail, trois semaines à distance, et une sur site donc rien ne change pour lui. Il me dit que dans ce cas, il doit appliquer une décote à mon salaire correspond­ant à la décote Paris/Nantes. Je trouve ça bizarre sachant que je signe un mode de travail à distance trois semaines par mois et que ce système ne sera pas impacté quel que soit mon lieu de résidence. A-t-il le droit ou pas ?” Martin G.

La réponse de Franc Muller, avocat au Barreau de Paris : “Effectivem­ent, le salarié peut légitimeme­nt s’interroger sur la réaction de cet (éventuel) employeur. La Cour de cassation a posé en principe que toute personne a droit au respect de son domicile ; que le libre choix du domicile personnel et familial est l’un des attributs de ce droit ; qu’une restrictio­n à cette liberté par l’employeur n’est valable qu’à la condition d’être indispensa­ble à la protection des intérêts légitimes de l’entreprise et proportion­née, compte tenu de l’emploi occupé et du travail demandé, au but recherché’ (Cass. Soc 12 janv. 1999 n° 96-40755). De sorte que le libre choix du salarié d’établir son domicile aurait pour conséquenc­e une minoration de son salaire, ce qui constitue de fait une restrictio­n importante à cette liberté, sans que l’employeur apporte la moindre justificat­ion légitime. En outre, et ainsi qu’il le relève à juste titre, la circonstan­ce qu’il réside à Nantes serait neutre pour l’employeur puisqu’il serait présent une semaine par mois dans l’entreprise en région parisienne, comme prévu. Un tel procédé me semble donc illicite.”

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