“La formation reste un moyen de fidélisation des cadres”
Entretien avec Alain-Frédéric Fernandez, expert du financement de la formation professionnelle et conseiller de Sciences Po Executive Education.
“Seuls 10 % des salariés se sont inscrits au CPF.”
Y a-t-il eu une réduction des budgets de formation dans les entreprises ?
Les budgets de formation ont baissé dans les TPE et les PME mais ils restent stables dans les entreprises de plus de 300 salariés. Au-delà d’une baisse conjoncturelle en 2014-2015 liée à la réforme de la formation professionnelle, la suppression de la contribution obligatoire de 0,9 % de la masse salariale n’a pas eu d’impact dans les grandes entreprises où les budgets de formation tournent plutôt autour de 3 %. Dans un contexte concurrentiel, la formation reste un outil de développement des performances et un moyen de fidélisation des cadres.
Quels sont les différents dispositifs qui existent ?
En premier lieu le plan de formation, qui est financé par l’entreprise. Si elle est liée au développement des compétences du salarié, la formation doit donner lieu à une évolution professionnelle. En contrepartie, l’employeur peut faire signer une clause à l’employé qui s’engage à ne pas quitter l’entreprise dans les trois ans qui suivent son diplôme, sans quoi il devra rembourser tout ou partie du diplôme. Un deuxième dispositif est le Congé individuel de formation (Cif). Demandé par le salarié au Fongecif, il ne peut être refusé par l’employeur. L’organisme favorise les diplômes qui ne sont pas susceptibles d’être financés dans le cadre du plan de formation, donc plutôt en rupture avec la fonction occupée dans l’entreprise. Les formations doivent être inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), ce qui est le cas de beaucoup d’Executive Master et de certains Mastères spécialisés et MBA. Il arrive que le Fongecif ne paye que la partie études, et dans ce cas l’entreprise accepte parfois le maintien de salaire pendant les journées de formation. Une troisième disposition est la période de professionnalisation. Cofinancée par l’entreprise et les OPCA, elle est généralement accordée aux personnes de plus de 45 ans pour favoriser leur maintien dans l’emploi, mais aussi à celles qui souhaitent créer ou reprendre une entreprise.
Qu’en est-il du compte personnel de formation (CPF), créé dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle en remplacement du Dif ?
Il s’applique peu aux 3e cycles mais peut financer des formations lourdes et très longues. Seuls 10 % des salariés se sont inscrits au CPF et en ce moment la quasi-totalité des OPCA rajoutent des heures aux comptes des salariés, qui arrivent à obtenir jusqu’à quatre fois leur solde. C’est le moment de demander des formations ! Les demandeurs d’emploi peuvent se faire accompagner par un conseiller en évolution professionnelle au Fongecif ou à l’Apec, qui les aidera à construire leur projet et à monter leur dossier de financement ( à noter que certaines régions prévoient des dotations d’heures pour les demandeurs d’emploi, en fonction de différents critères, Ndlr).