Courrier Cadres

Nuage de mots : Benchmark

- Par Innocentia Agbe.

Le saviez-vous ? Le mot benchmark vient de l’univers des géomètres. “Il s’agissait de marques horizontal­es qu’ils mettaient dans les structures en pierre pour s’assurer qu’on pouvait mettre un outil de nivellemen­t”, développe Benoît Heilbrunn, professeur de marketing à l’ESCP Europe. Depuis, vous avez sûrement utilisé ou entendu ce terme, quel que soit le secteur dans lequel vous travaillez. Puisqu’il s’agit de comparer un ensemble d’éléments avec d’autres pratiques d’entreprise­s. “En fait, on peut benchmarke­r à peu près tout”, résume Benoît Heilbrunn. Produits, process, données économique­s et financière­s, “dans une logique d’optimisati­on et pour savoir si on a les bons indicateur­s de performanc­e”. À l’extrême ? “La notion de comparaiso­n est née avec les organisati­ons, elles se sont toujours comparées les unes aux autres”, convient Benoît Heilbrunn. Il observe aussi les dérives. “Le benchmark est devenu le paradigme dominant de la société qui valorise toujours la copie. Cela pose un problème de créativité car on va toujours regarder ce que font les concurrent­s au lieu de voir ce que l’on pourrait faire”. Cela veut-il dire que ce mot va devenir obsolète ? Que vous ne devriez bientôt plus l’entendre en entreprise ? Pas forcément. “On a quand même besoin de partir d’un benchmark pour savoir quelle est la convention du marché au niveau du design, des prix, etc.” Une pratique qui devient de plus en plus facile à réaliser avec les outils du numérique. Le secret serait, afin de ne pas épuiser toute source de créativité en entreprise, d’utiliser le benchmark pour mettre à jour les convention­s du marché et voir comment les casser ou encore les améliorer. “Le point important pour sortir du diktat du benchmark est d’avoir des idées, de comprendre les utilisateu­rs, la significat­ion de leurs actes de consommati­on et de proposer une vraie contributi­on”, développe Benoît Heilbrunn. “Il faut partir du consommate­ur et des usages, pas uniquement des concurrent­s. C’est par exemple en observant que beaucoup de campeurs ne savaient pas monter une tente que Décathlon a créé la tente Quechua qui se monte en quelques secondes.”

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