Mutation : De directeur financier à ébéniste
Ancien directeur administratif et financier chez ArcelorMittal, Walter Bellini a choisi de quitter son métier de cadre pour devenir ébéniste. Après l’obtention de son CAP, il s’est spécialisé dans la tabletterie (coffres, plumiers…) et s’est installé à so
Faire de sa passion son métier. Voilà ce que souhaitait Walter Bellini lorsqu’il a décidé de changer de voie professionnelle. “Mon grand-père et mon père travaillaient le bois. De mon côté, j’ai toujours aimé bricoler, créer des objets. Je faisais ça comme passe-temps, en tant que loisir. C’est donc un métier qui s’est présenté comme une évidence”, souligne-t-il. Avant d’entamer sa reconversion, Walter Bellini est resté près de 25 ans dans la même entreprise, le groupe Usinor, devenu Arcelor en 2001. “J’étais d’abord contrôleur de gestion puis je suis devenu directeur financier. En 2006, notre entreprise a fusionné avec Mittal, suite à une OPA. À partir de là, je n’ai plus du tout adhéré aux valeurs du groupe”, se rappelle-t-il. C’est deux ans plus tard, lorsque la crise des subprimes éclate, que Walter Bellini profite d’un plan de départs volontaires pour quitter l’entreprise. “Mon travail perdait de son sens. Je ne croyais plus en ce que je faisais et surtout je
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devais faire appliquer à mes équipes des choses auxquelles je ne croyais pas, se remémore-t-il. La décision de partir s’est donc prise naturellement et ce fut même un soulagement.” À la suite de son départ, si Walter Bellini veut devenir ébéniste, il a pris du temps pour réfléchir à cette nouvelle orientation. “Pour être honnête, j’hésitais à me lancer et j’avais plusieurs projets en tête. Surtout je me posais vraiment la question de savoir ce qui était le plus pertinent : suivre ma passion ou penser business”, confie-t-il. Mais
l’ancien directeur financier prend rapidement sa décision et s’inscrit à l’école Boulle, spécialisée notamment dans les métiers d’art, pour effectuer un CAP en ébénisterie. “Le diplôme dont je suis le plus fier aujourd’hui, assure-t-il. Notamment parce qu’à 51 ans, se remettre à bachoter, suivre des cours, alors qu’avant on était manager, ce n’était pas gagné. Je me suis demandé si j’étais capable de tout recommencer.” Pendant deux ans, l’ex-directeur financier enchaîne alors les cours théoriques mais aussi pratiques. “Je me suis vite aperçu de la masse de savoirs qu’il fallait acquérir, explique-t-il. Et au-delà de ce que l’on apprend, il faut prendre conscience qu’il est nécessaire de continuer à se former au fur et à mesure.”
INTÉGRER LES DIFFICULTÉS DU MÉTIER
Walter Bellini n’a donc pas souhaité s’installer à son compte dès l’obtention de son diplôme. Pendant un an et demi, il a travaillé aux côtés d’un autre ébéniste. “Une façon de parfaire ma formation”, précise-t-il. Et de s’adapter aux réalités du métier. “Car quand on bascule d’une fonction administrative, où l’on est assis quasiment en permanence, à un métier manuel nécessitant d’être debout derrière un établi pendant des heures, ce n’est pas si simple. On se demande si on va pouvoir le faire, admet l’ancien directeur financier. Au final, le corps s’adapte.” Aujourd’hui, Walter Bellini a réussi à faire de sa passion son métier en s’installant à son compte en 2013. “Cela demande beaucoup d’investissement car il faut des mètres carrés ou encore acheter des machines coûteuses. J’ai mis neuf mois pour monter mon atelier. Mais j’ai eu la chance de pouvoir le faire à mon domicile, où j’ai un espace de 250 mètres carrés. Cela m’a permis d’effectuer des économies de fonctionnement”, souligne-t-il. Spécialisé dans la tabletterie, c’est-à-dire la confection de coffrets, caves à cigare ou encore plumiers de bureau, l’ébéniste a réussi à se constituer une clientèle. “50 % de mes ventes sont des commandes, préciset-il. Au départ, il faut savoir mettre en avant les produits que l’on confectionne, se faire connaître notamment en exposant sur des salons, c’est là que l’on rencontre du monde.”