Courrier Cadres

La question du pourboire

Que faire vis-à-vis du pourboire, une pratique ancienne qui perdure et se développe, dans différents secteurs d’activité ? Uber, par exemple, a intégré une option pourboire à son applicatio­n aux US et au Canada. Faut-il encourager la pratique du pourboire

- Par Brigitte Auriacombe, professeur de marketing des services à EM Lyon Businesss School.

Pour répondre à ces questions, nous avons mené une étude* auprès de clients et de personnels de plusieurs secteurs d’activité, afin de comprendre le sens du pourboire pour les personnes qui en donnent et celles qui en reçoivent. Cette étude nous a permis d’identifier quatre interpréta­tions différente­s du pourboire du point de vue des acteurs. Avec à la clé des recommanda­tions pour aider les managers dans la gestion de cette pratique, moins anodine qu’il n’y paraît.

QUATRE INTERPRÉTA­TIONS

L’étude terrain a permis de mettre au jour quatre situations donnant lieu à des interpréta­tions différente­s du pourboire. Les deux premières inscrivent le pourboire dans une prestation de service précise. Dans le premier cas, le pourboire est avant tout symbolique. Il signifie la reconnaiss­ance par le client d’une compétence technique, du “travail bien fait”. Dans le second cas, le pourboire est clairement monétaire. Ici, le personnel a fourni un effort supplément­aire pour produire le service, au-delà du contrat initialeme­nt prévu. Le pourboire vient (ré)compenser cet effort. Les deux autres situations inscrivent le pourboire dans la relation qui lie le client et le salarié. La situation 3 laisse apparaître une relation de pouvoir et de dépendance. La valeur élevée du pourboire vient souligner l’asymétrie des rôles sociaux. Le personnel devient l’obligé du client. À l’inverse dans la situation 4, le pourboire, plutôt faible, est la marque d’une relation interperso­nnelle, voire d’un lien d’amitié.

QUATRE RECOMMANDA­TIONS

Ces constats nous permettent de formuler quatre recommanda­tions à l’attention des managers.

Interdire le pourboire n’est pas souhaitabl­e car dans aucun cas, cette pratique ne s’oppose pas à l’intérêt de l’entreprise, au contraire.

Il vaut mieux laisser le client attribuer le pourboire comme il le souhaite et respecter son choix.

Les pourboires reçus par les salariés constituen­t un indicateur de performanc­e intéressan­t pour le manager, à condition qu’il ne les gère pas directemen­t.

La dernière recommanda­tion concerne la situation 3 et s’adresse plus au personnel lui-même. Dans ce cas de figure, l’idéal serait que les équipes s’accordent pour se partager le pourboire, évitant l’effet pervers induit par son rôle négatif de marqueur social. En conclusion, la meilleure attitude d’un manager vis-à-vis du pourboire est de jouer la transparen­ce et d’accompagne­r le personnel dans sa gestion sans pour autant en faire un élément de motivation.

*Lepourboir­e,cequ’enpensentl­esacteurs–BrigitteAu­riacombe emlyonbusi­nessschool­lifestyler­esearchcen­ter&VéroniqueC­ova AixMarseil­leUniversi­té.

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Brigitte Auriacombe
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