QUAND LE TCHAT DÉTRÔNE L’E-MAIL
Favorisant des échanges plus spontanés et conviviaux, les plates-formes collaboratives prennent leur place en entreprise. Encore faut-il que la culture interne soit en adéquation avec ce qu’elles peuvent offrir.
Trente mille entreprises utilisatrices, plus d’un million de groupes créés sur la plateforme… En octobre, Workplace par Facebook, à l’occasion de la célébration de sa première année d’existence, a annoncé ses chiffres. Le célèbre réseau social n’est pas seul sur ce marché. On peut également citer Yammer et Slack pour ne mentionner que les plus connues. Pourquoi ces plates-formes sont-elles en train de s’imposer en entreprise ? Jean-Noël Chaintreuil, directeur de 231e47 (laboratoire d’acculturation digitale) rappelle que l’aspect mobile et la forte culture digitale ont fortement contribué à la prolifération de ces outils. “Vous pouvez inclure des gifs,
utiliser des émoticônes”, décrit-il par exemple. Ils correspondent aussi à la façon de communiquer de toute une nouvelle génération. Et surtout, ils accompagnent la volonté des entreprises d’aller
“L’ E-MAIL, C’ EST DU STATIQUE”
vers des échanges plus spontanés, conviviaux et un mode de travail davantage collaboratif. Cela, principalement grâce à un outil connu de tous depuis les débuts d’Internet : le tchat. Qui est en train de détrôner l’e-mail.
ÉCHANGER ET CONSOMMER DE L’INFORMATION
“Ce n’est pas du tout la même façon de communiquer, explique Irène Corvest, consultante pour Colibee (cabinet de consultants indépendants en management et systèmes d’information). Ces outils permettent une interactivité que vous n’avez pas du tout avec l’e-mail. L’objectif est de consommer de l’information en direct, d’avoir une réponse plus rapide. Alors que l’e-mail, c’est du statique.” Place au tchat. “Ce qui est intéressant, c’est la possibilité de créer une expérience de lecture. L’idée est de supprimer les e-mails trop intrusifs pour créer une expérience de conversation sur un sujet. On peut la faire défiler, rebondir, modifier, comme une vraie collaboration”, illustre Jean-Noël Chaintreuil. Ces outils permettent aussi de créer des groupes pour travailler sur des sujets communs. “On peut mettre en place des communautés qui vont échanger par thématique de façon transverse. Au sein des clients chez lesquels nous sommes intervenus, nous remarquons que ces outils permettent plus facilement à tout le monde de partager ses idées”, constate Guillaume de Bats, manager chez Oresys (conseil en management, organisation et systèmes d’information). Sans oublier la mise à disposition d’informations. “C’est quand même structuré. Cela favorise l’échange sur des sujets et
“BEAUCOUP D’ENTREPRISES UTILISENTCE TYPE DE PLAT ESFORMES MAIS PAS FORCÉMENTÀLEUR PLEINPOTENTIEL”
fait monter en compétences l’ensemble du groupe”, décrit Sylvie Mochet, directrice associée d’Oresys, spécialiste de l’accompagnement des DRH.
RIEN NE SERT DE COURIR
Pas de panique si vous ne vous y êtes pas encore mis. Le plus important n’est pas d’utiliser ces outils mais de savoir ce qu’ils peuvent vous apporter afin qu’ils amènent vraiment un plus à l’entreprise. D’ailleurs, vous pouvez le constater autour de vous, toutes les sociétés n’ont pas encore pris le virage. Comme souvent, l’impulsion vient de celles qui sont à la pointe des nouveaux modes de travail, à l’instar des start-up, et des structures qui ont pris le temps d’avoir une réflexion sur le sujet. “Beaucoup d’entreprises utilisent ce type de plates-formes mais pas forcément à leur plein potentiel ni avec l’adhésion de tous les collaborateurs. Il y a de la marge”, explique Sylvie Mochet. Un rôle d’entraîneur qui incombe à l’entreprise. “C’est vraiment de la conduite de change
ment”, rappelle Irène Corvest. L’enjeu ? Pas d’outils novateurs sans une culture d’entreprise tout aussi novatrice. D’autant plus que le futur de la communication en entreprise s’annonce de plus en plus technologique. Intelligence artificielle, chatbot (voir encadré page 26)… Ils devraient notamment permettre d’automatiser certaines demandes faites aujourd’hui par e-mail afin de laisser la place aux conversations à valeur ajoutée. Cependant, ces plates-formes n’effacent pas certains travers de l’e-mail : la perte de contact physique, la thématique du droit à la déconnexion avec des outils de plus en plus mobiles. À chaque entreprise de mettre en place des règles vertueuses.