Courrier Cadres

Entretien avec la famille Souchon

- recueillis par Aline GÉRARD. Propos

C’est derrière les vitres poussiéreu­ses d’une usine, au milieu des machines que le Soldat Rose prend vie en cette fin d’année dans un 3e opus*. Le conte écrit par l’ancien publicitai­re Pierre-Dominique Burgaud a pour décor un univers d’entreprise imaginaire, qui pourrait trouver écho dans votre quotidien. Cette histoire, qui questionne notre rapport au travail, à l’entraide et à la différence, a été mise en musique par Alain, Pierre et Charles (alias Ours) Souchon. L’occasion de faire le point sur le travail en famille. D’oùestparti­el’idéedetrav­aillerenfa­millesurce 3e opusduSold­atRose?

Charles : L’idée n’est pas venue de nous mais de Pierre-Dominique Burgaud, l’auteur de ce conte, aussi bien de l’histoire que des textes. Cela vient de lui et de la maison de disque.

Commentvou­sêtes-vousorgani­sésetrépar­tiles rôles?

Charles : Pour nous lancer dans cette histoire , nous avions un classeur de textes. Le hasard a fait que nous avons chacun pris un texte différent qui nous inspirait. Nous ne nous étions pas donné le mot. Le soir, on s’est dit : “Toi, tu as pris quoi ?”, “À la fabrique, et toi ?”, “Contrôle qualité, et toi ?”, “Les recalés”. C’était marrant, car on aurait pu imaginer que nous allions tous choisir le même. Chacun dans notre coin, nous avons travaillé la musique avant de nous montrer nos idées de refrains et de couplets.

Est-onvraiment­objectifqu­andonanaly­seletravai­l desesfilso­udesonpère ?

Alain : Oui. Si la musique ne vous fait rien, vous le dites. C’est facile.

Pierre : Nous nous connaisson­s bien, nous sommes de la même famille. C’est moins délicat. Même si nous sommes amenés à nous fâcher un peu, nous savons que rien ne sera définitif.

Alain : Et en réalité, nous ne sommes pas conduits à nous fâcher. Nous allons dans le même sens. C’est-à-dire qu’il faut que ce soit le mieux possible à tous les niveaux.

Diriez-vousquelet­ravailen familletir­everslehau­touque celapeutêt­reunpiège ?

Charles : Je pense que cela tire vers le haut parce que l’on prend du plaisir. Il fallait qu’il y ait une bonne humeur pour un conte pour enfants, que ce soit un peu joyeux, récréatif, même si les musiques de pas mal de nos chansons et les textes de Pierre-Dominique Burgaud sont mélancoliq­ues.

Alain : C’est quand même un travail, un truc sérieux. On est concentrés. Être tous les trois ensemble, pour moi en tout cas c’est un plaisir qui s’ajoute à celui de faire des chansons. Est-ce que cela tire vers le haut je ne sais pas mais on a tout de suite un écho, on voit dans les yeux de la personne ce qu’elle en pense, c’est très agréable. Lorsque vous êtes tout seul dans votre chambre avec votre guitare, vous ne savez pas comment cela va être perçu.

Est-ilsimplepo­urvous,Charleset Pierre,deremettre­encauseune idéedevotr­epère,alorsqu’ila venduplusi­eursmillio­nsdedisque­s aucoursdes­acarrière ?Vous sentez-vouslibred­elefaire?

Charles : Oui, grâce à lui, parce qu’il est souple, il nous met à l’aise là-dessus. Il nous dit même parfois : “J’ai trouvé ça, bon ce n’est pas terrible.” En fait c’est très bien, mais il nous laisse la porte ouverte.

Ya-t-ileudescon­flits ?

Charles et Pierre : Non Alain : Ils ont pitié, quand je montre un truc atroce ils ne me le disent pas !

Sinondesco­nflits,aumoinsdes­désaccords…

Pierre : Parfois, on se disait que peut-être on pouvait essayer autre chose dans un refrain, mais il n’y avait rien de très dramatique. C’était simplement de petits doutes. À trois, on se suggère des idées. Alain : Et puis il y a le fait que nous aimons le travail de l’autre. Pierre a un don de mélodie que je n’ai pas, ou seulement un peu. Charles fait des chansons plus swingantes que moi. Nous sommes différents, donc on s’admire assez.

Est-ceplussimp­ledetravai­lleravec sesparents,sesenfants­ousesfrère­set soeurs ?

Charles : Je pense qu’il n’y a pas de règle. Les deux sont plaisants. Moi je connais les qualités de Pierre, c’est Mister Refrain. Vous voulez un refrain : “Allo, refrain ?” On sait qu’on peut faire appel à Pierre. Et mon père est garant de la poésie des mots : “Allo, mots ? ” Et on l’appelle. Alain : Et toi tu es garant des deux. Charles : Des ponts, moi je fais des ponts !

Alain,vousquiave­zbeaucoupt­ravaillé avecLauren­tVoulzy,etvousPier­reavec JulienVoul­zy,est-cecompliqu­édecollabo­rerentream­is?Commentfai­t-onpour quecelas’inscriveda­nsladurée ?

Alain : Quand vous faites une musique, vous avez un peu le trac de la montrer à quelqu’un. Lorsque vous êtes de la même famille ou comme Laurent et moi, c’est différent. Je sais que s’il me dit que ma musique n’est pas terrible, cela ne signifie pas : “T’es un con”. Cela signifie : “C’est un petit accident, ta musique n’est pas terrible, refais-en une autre”. C’est important car sans cela on se sent rejeté. Vous faites une chanson qui ne plaît pas, vous avez l’impression que c’est vous que l’on n’aime pas.

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