Courrier Cadres

VOS IMPÔTS : TOUT CE QUI CHANGE EN 2018

Le paysage fiscal évolue profondéme­nt avec l’entrée en vigueur de l’IFI (remplaçant de l’ISF) et du PFU (la flat tax à 30 % sur les placements).

- Par Christine Blondel.

Pas de surprise dans ce premier Budget du quinquenna­t, puisque l’on retrou e toutes les mesures scales qui guraient dans le programme de campagne du candidat Macron. La mise en place du prélèvemen­t forfaitair­e unique (PFU) sur les revenus du capital et la transforma­tion de l’ISF en impôt sur la fortune immobilièr­e (IFI) constituen­t de vrais bouleverse­ments de notre scalité destinés orienter l’épargne des ménages vers le nancement des entreprise­s. Mais la simpli cation que les contribuab­les appellent de leurs voeux n’est pas toujours au rendez-vous et même si ces réformes feront de nombreux gagnants ceux-ci ne seront pas pour autant guéris de leur ras-le-bol scal .

PAS DE BAISSE D’IR, NI DE COUP DE BALAI DANS LES NICHES FISCALES

ontraireme­nt l’an dernier, aucune baisse d’I n’a été votée. La décote et la remise forfaitair­e d’I accordées aux ménages modestes (voir page 114) s’appliquent selon les mêmes modalités en fonction de seuils qui ont été revalorisé­s dans les mêmes proportion­s que le barème de l’I soit 1 . Les familles ne béné cient d’aucun coup de pouce, le plafonneme­nt du quotient familial étant xé 1 527 € pour l’imposition des revenus de 2017. La contributi­on sur les hauts revenus de 3 % et 4 % est maintenue ( F 2017 supérieur 250 000 € ou 500 000 € pour un couple). Par ailleurs, ce Budget touche peu aux niches scales. ertaines sont heureuseme­nt reconduite­s et aucune n’est supprimée en 201 . La seule subir un coup de rabot est le crédit d’impôt pour la transition énergétiqu­e (CITE) qui est sérieuseme­nt rogné avant sa transforma­tion en une prime sous conditions de ressources en 2019. En n, ceux qui entendent réduire leur imposition gr ce

aux niches scales doivent garder l’oeil sur le compteur du plafonneme­nt global toujours gé à 10 000 € (voire 1 000 €) et dont le périmètre reste identique.

L’ISF LAISSE LA PLACE À L’IFI

S’en est ni de l’ISF, voici le nouvel Impôt sur la Fortune Immobilièr­e (IFI) qui est entré en vigueur le 1er janvi

er 2018. “Son assiette est constituée par tous les actifs immobilier­s détenus en direct ou au travers de sociétés à hauteur de la fraction de leur valeur représenta­tive des biens immobilier­s détenus par celles-ci. Les parts de SCI, de SCPI ou d’OPCI et les actions de sociétés foncières sauf exception sont donc à prendre en compte qu’elles soient détenues en direct ou dans un contrat d’assurance- vie”, insiste Catherine Costa, irecteur Pôle Solutions Patrimonia­les chez atixis ealth Management. En revanche, l’immobilier affecté à l’activité profession­nelle du redevable, les locaux d’habitation loués meublés

(loueurs profession­nels) et les groupement­s forestiers préservent l’exonératio­n dont ils béné ciaient au titre de l’exISF. Beaucoup de règles de l’ISF sont transposée­s à l’IFI. Ainsi, le seuil d’entrée dans l’IFI est de 1 300 000 €. Le barème est similaire à celui de l’ISF, de même que le mécanisme de plafonneme­nt à 75 % des revenus. La résidence principale continue de béné - cier d’un abattement de 30 % (sauf détention via une SCI). “La liste des dépenses déductible­s est toutefois sérieuseme­nt restreinte”, souligne Bernard ordain, irecteur Associé

chez erez. “Seules sont déductible­s les dettes d’acquisitio­n de biens immobilier­s ou de parts de sociétés, les dépenses liées aux travaux de constructi­on, agrandisse­ment ou réparation et les imposition­s dues à raison de

la propriété (taxe foncière, par exemple)”. estriction­s aussi concernant les emprunts immobilier­s, puisque ne sont plus déductible­s les dettes contractée­s auprès d’un membre du fo er scal ou du groupe familial (sauf, dans ce dernier cas, si le prêt revêt un caractère normal ). En cas de prêt in ne , le capital n’est plus déductible dans son intégralit­é pendant toute la durée du prêt mais amorti arti ciellement de fa on linéaire. En n, pour les contribuab­les à la tête d’un actif immobilier de plus de 5 000 000 €, si les dettes excèdent 0 % de cette valeur, le montant des dettes déductible­s est plafonné. Les quelque 150 000 contribuab­les qui seront redevables du nouvel IFI auront plus de mal pour réduire la facture nale. En effet, la réduction ISF-PME est préservée uniquement pour les souscripti­ons réalisées jusqu’au 31 décembre 2017 (investisse­ment en direct ou via un FCPI ou FIP). En revanche, la réduction ISF de 75 % pour don dans la limite de 50 000 € est maintenue. Les versements retenus sont ceux effectués entre deux dates limites de

souscripti­on de la déclaratio­n d’IFI. Ainsi, les dons réalisés entre la date limite de la déclaratio­n ISF 2017 et la date limite de dépôt de la déclaratio­n d’IFI 2018 peuvent

venir réduire le montant de l’IFI 2018. “Les obligation­s déclarativ­es changent aussi, puisque la déclaratio­n de tous les contribuab­les”, alerte Bernard Dordain. “Ceuxci devront y mentionner le montant brut et net de leur patrimoine et fournir le détail de la compositio­n et de la valorisati­on des biens taxables en annexes. L’ad de plus près les valorisati­ons faites au titre des années en-dessous du seuil de 2,57 millions d’euros”.

DES ÉPARGNANTS PLUS FAIBLEMENT TAXÉS

Depuis 2013, les revenus du capital sont soumis au barème de l’impôt sur le revenu (IR) comme les revenus du travail. À compter du 1er janvier 2018, ils retrouvent une scalité plus douce avec la mise en place du prélèvemen­t forfaitair­e unique (PFU) de 30 %. Ainsi, les intérêts, dividendes et plus-values mobilières sont soumis au nouveau PFU au taux unique de 30 % : soit un taux forfaitair­e d’IR de 12,8 % et des prélèvemen­ts sociaux de 17,2 % (après augmentati­on de la CSG de 1,7 %). Ne sont toutefois pas visés par le PFU les produits constatés à la clôture d’un PEA ou PEA-PME, les produits de l’épargne salariale, les produits de livrets réglementé­s (Livret A, LDD, LEP… sauf PEL et CEL ouverts à compter du 1er janvier 2018). Le PFU ne concerne pas non plus la quote-part de produits d’assurance-vie issus des versements effectués avant le 27 septembre 2017 pour lesquels les règles du jeu ne changent pas (barème de l’IR, sauf option pour le prélèvemen­t forfaitair­e libératoir­e propre à l’assurance-vie). Concrèteme­nt, les intérêts, dividendes et plus-values mobilières perçus à compter du 1er janvier 2018 seront taxés de plein droit au PFU sans béné ce d’aucun abattement. “Les contribuab­les qui le souhaitent pourront toutefois opter, lors du dépôt de la déclaratio­n de revenus, pour une imposition au barème progressif de l’IR plus 17,2 % de prélèvemen­ts abattement­s habituels (40 % pour les dividendes, abattement­s pour durée de détention de droit commun ou renforcés sur les plus-values sur titres mais uniquement s’ils ont été acquis avant 2018) et de la déductibil­ité partielle de la CSG”, précise Catherine Costa. “C’est une option globale qui concerne l’ensemble des (intérêts, dividendes, produits d’assurance-vie et plus-val donc en année N + 1, une fois le montant des revenus

VERS UNE FIN PROGRESSIV­E DE LA TAXE D’HABITATION

Autre promesse de campagne qui voit sa concrétisa­tion, celle d’exempter 80 % des redevables de la taxe d’habitation (TH) d’ici 3 ans. Ainsi, dès 2018, les contribuab­les non exonérés de TH et dont le RFR 2017 est inférieur à 27 000 € (43 000 € pour un couple) béné cient d’un dégrèvemen­t d’of ce de TH pour leur résidence principale de 30 % (après applicatio­n éventuelle du plafonneme­nt en fonction des revenus). Pour éviter les effets de seuils, le dégrèvemen­t est dégressif si le RFR excède 27 000 € (43 000 € pour un couple) sans dépasser 28 000 € (45 000 € pour un couple). Ce dégrèvemen­t est porté à 65 % en 2019, puis 100 % à compter de 2020. Il est calculé sur la base des taux et des abattement­s appliqués en 2017. À partir de la TH 2020, le plafonneme­nt en fonction des revenus est supprimé.

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