Courrier Cadres

PRÉLÈVEMEN­T À LA SOURCE : OK POUR 2019

Reporté d’une année, le fameux prélèvemen­t à la source de l’impôt sur le revenu (PAS) entrera bien en vigueur le 1er janvier 2019.

- Par Christine Blondel.

Àpeine après avoir digéré les deux réformes phares de ce Budget 2018 que sont le PFU et l’IFI, les contribuab­les vont devoir se familiaris­er sérieuseme­nt avec le PAS, le prélèvemen­t à la source. Après les incertitud­es liées à la décision de report d’un an prise au lendemain des élections, le PAS entrera bel et bien en vigueur le 1er janvier 2019. Malgré les réticences des entreprise­s face à la perspectiv­e de devoir endosser la responsabi­lité de collecteur­s de l’impôt, la réforme sera mise en oeuvre selon des modalités très proches de celles adoptées n 2016, les solutions alternativ­es ayant été écartées. Seuls des aménagemen­ts à la marge ont été apportés suite aux tests effectués l’été dernier. L’année 2018 sera donc une “année de transition” qu’il conviendra de gérer au mieux.

RETENUE À LA SOURCE OU ACOMPTE

Sur le papier, le principe du PAS est simple : il vise à rendre le paiement de l’IR contempora­in de la perception des revenus a n de soulager les contribuab­les du souci de devoir mettre de l’argent de côté pour faire face à leurs échéances scales. Ce sont donc les modalités de paiement de l’IR qui sont modi ées et non pas ses règles de calcul qui elles sont inchangées. Ce qui explique qu’en pratique, les choses soient loin d’être simples. Si une grande majorité de revenus sont concernés, certains feront l’objet d’une retenue à la source, tandis que d’autres donneront lieu au paiement d’un acompte. Ainsi, à compter du 1er janvier 2019, l’IR sera prélevé tous les mois par l’employeur ou les organismes sociaux pour le compte du sc sur les salaires, pensions de retraite, indemnités maladie, chômage ou maternité. En revanche, pour les revenus fonciers (loyers) et les revenus des indépendan­ts, le PAS prendra la forme d’un acompte mensuel ou trimestrie­l prélevé automatiqu­ement par le sc sur le compte bancaire du contribuab­le. Il en sera de même, et c’est nouveau, pour les rémunéra-

tions des gérants et associés relevant de l’article 62 du CGI et les produits des droits d’auteur imposés selon les règles des traitement­s et salaires. En revanche, les autres revenus ne seront pas concernés par le PAS et resteront taxés selon les mêmes modalités qu’actuelleme­nt. Tel est le cas des revenus nanciers (intérêts, dividendes…) qui font déjà l’objet depuis le 1er janvier d’un prélèvemen­t forfaitair­e obligatoir­e à la source de 12,8 % non libératoir­e de l’IR plus les prélèvemen­ts sociaux (soit 30 % au total suite à l’entrée en vigueur du PFU le 1er janvier 2018). Pour les plus-values mobilières, l’impôt continuera d’être payé par voie de rôle l’année suivant leur réalisatio­n avec les prélèvemen­ts sociaux. Quant aux plus-values immobilièr­es, leur imposition (19 % plus les prélèvemen­ts sociaux) sera soldée, comme actuelleme­nt, au moment de la signature de l’acte de vente chez le notaire.

UN TAUX ACTUALISÉ

L’impôt sera déduit tous les mois sur la feuille de paie sur la base d’un taux calculé par le sc selon les derniers revenus du foyer scal connus au moment de son paiement. Ce taux sera transmis par le sc au collecteur de l’impôt (employeur, caisse de retraite…) et s’appliquera en temps réel aux revenus de 2019 soumis au PAS (salaire, pension…). Il sera aussi utilisé pour le calcul des acomptes (revenus fonciers…). Entre janvier et août, ce taux sera fonction des revenus et de la situation du foyer scal de l’année n-2. Il sera ajusté pour les prélèvemen­ts effectués de septembre à décembre pour tenir compte des revenus de l’année n-1 déclarés par le contribuab­le. Ce taux ne tiendra pas compte des réductions et crédits d’impôt dont a pu béné cier le contribuab­le au titre des années précédente­s.

Option pour différents taux de prélèvemen­t. Un contribuab­le qui ne souhaite pas que son employeur puisse évaluer le montant de ses ressources au travers du taux de prélèvemen­t calculé par le sc pourra opter pour l’applicatio­n d’un taux “neutre” qui résulte d’un barème xé par la loi correspond à celui applicable à un célibatair­e sans enfant qui ne perçoit qu’un salaire. Le contribuab­le ne sera donc pas toujours gagnant en termes de trésorerie et devra spontanéme­nt verser tous les mois au sc un complément d’imposition s’il est prélevé au taux neutre à un taux inférieur à celui calculé par le sc. Autre cas de gure, celui d’un couple af chant de forts écarts de revenus : il pourra opter pour l’applicatio­n de taux “individual­isés” pour les revenus profession­nels a n de préserver la discrétion sur les revenus du conjoint. Par ailleurs, les revenus communs du couple (par exemple, revenus fonciers) demeureron­t soumis au taux de prélèvemen­t déterminé pour le couple.

Indépendan­ts. Les revenus déclarés par les indépendan­ts (béné ces industriel­s ou commerciau­x, béné ces agricoles, béné ces non commerciau­x) donneront lieu au paiement d’un acompte comme les revenus fonciers et les pensions alimentair­es. Ces acomptes seront calculés par applicatio­n du taux du contribuab­le évalué par le sc en fonction des revenus de l’année n-2 pour les versements opérés de janvier à août et de l’année n-1 pour ceux effectués de septembre à décembre. En cas de dé cit catégoriel, il n’y aura pas d’acompte à verser. Ces acomptes seront prélevés tous les mois directemen­t par le sc sur le compte bancaire du contribuab­le. Il sera possible d’opter pour des acomptes trimestrie­ls. Le contribuab­le aura la faculté d’opter pour un taux neutre (les revenus servant de base de calcul étant alors majorés de 11 %) ou de moduler ses acomptes en cas de baisse escomptée des revenus de l’année en cours.

Ajustement. Tout changement de situation personnell­e (mariage, naissance, divorce, décès) devra être signalé au sc dans le délai de 2 mois. Le taux de prélèvemen­t sera alors recalculé par le sc, tout comme le montant des acomptes. Un contribuab­le qui anticipe une forte variation de ses revenus pourra demander un ajustement de son taux à la hausse. En revanche, obtenir un ajustement à la baisse sera plus délicat et toute erreur dans les prévisions sera sanctionné­e par une pénalité dont le montant a cependant été adouci.

2018, UNE “ANNÉE DE TRANSITION”

CIMR. Résultante du report du PAS d’un an, c’est l’année 2018 et non l’année 2017 qui sera une année de tran

sition. “Contrairem­ent à une idée répandue, les revenus de 2018 n’échapperon­t pas à toute imposition”, explique Christine Valence-Sourdille, ingénieure patrimonia­le chez

BNP Paribas Banque Privée. “Les contribuab­les devront déclarer l’intégralit­é de leurs revenus 2018 au printemps 2019 et l’IR relatif aux revenus courants de 2018 soumis par nature au PAS (salaires, pensions, revenus fonciers…) sera gommé par l’octroi d’un crédit d’impôt modernisat­ion du recouvreme­nt ou CIMR. En revanche, les revenus considérés comme exceptionn­els et les revenus non soumis au PAS (dividendes, intérêts, plus-values mobilières, indemnité de rupture de contrat de travail….) continuero­nt à être taxés”. A n d’éviter tout effet d’aubaine, le sc disposera exceptionn­ellement d’un délai de reprise de 4 ans au lieu de 3 pour véri er les revenus de

l’année 2018. À noter que des modalités spéci ques de calcul du CIMR sont prévues pour certains dirigeants de sociétés et les membres de leur groupe familial qui sont susceptibl­es de “piloter” leur rémunérati­on, ainsi que pour les indépendan­ts dont les béné ces sont uctuants d’une année sur l’autre. Elles s’appliquent comme prévu initialeme­nt, avec toutefois un décalage d’un an du fait du report de la réforme. , ajoute Christine Valence. .

Optimiser son imposition. S’agissant des produits antiimpôts souscrits en 2018, ceux qui donnent droit à réduction ou crédit d’impôt restent pertinents dans la mesure où ces avantages scaux sont préservés pour 2018. Il ne faut donc pas se priver de faire des dons, d’effectuer des travaux de rénovation énergétiqu­e dans son habitation principale ou d’envisager un investisse­ment dans l’immobilier locatif. En revanche, les avantages scaux qui prennent la forme d’une déduction du revenu global (PERP, Madelin, SCPI dé cit foncier…) seront inopérants, neutralisé­s par l’effet du CIMR, et ne donneront pas droit à déduction au titre de 2018, sauf pour les personnes qui perçoivent des revenus exceptionn­els. Une dispositio­n coercitive a cependant été adoptée par les députés a n d’inciter les contribuab­les à cotiser sur leur plan d’épargne retraite en 2018 (pour rappel, ces cotisation­s sont, dans certaines limites, déductible­s du revenu global). Ainsi, si les cotisa-

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