Courrier Cadres

Secteur : Consultant, la voie royale

- Par Nicolas Monier.

Les transforma­tions numériques des entreprise­s imposent le recrutemen­t de consultant­s pour faire face à cette nouvelle ère digitale. Conséquenc­e : une profession de plus en plus convoitée par de jeunes diplômés attirés par les opportunit­és de carrière. Pourtant, derrière les leviers de croissance, il s’agit d’un métier plus complexe qu’il n’y paraît.

Pour la quatrième année de suite, le secteur du conseil affiche une santé insolente avec une croissance de 8,5 % en 2016 contre 6,3 % en 2015, soit un niveau d’activité supérieur à l’économie française (1,1 % en 2016 et 1,2 % en 2015). Dans son dernier bilan, l’organisati­on profession­nelle Consult’in France recense, sur l’année 2016, quelque “35 000 consul

tants, en hausse de 11 % par rapport à 2015”. De grandes tendances métier commencent à se consolider et certains secteurs recrutent même davantage. Le dernier bilan Consult’in France indique que 32 % des missions reviennent aux services financiers. La transforma­tion digitale insufflée par les banques en 2016 explique ce pourcentag­e important. Viennent ensuite les missions dans les secteurs industriel­s (26 %), le secteur public (10 %) ou encore l’énergie (9 %). “La plupart des SSII cherchent à monter en gamme dans leurs prestation­s et donc notamment à compléter un savoir-faire technique par une vision plus large de l’entreprise notamment organisati­onnelle et managérial­e. Tous recherchen­t, in fine, des profils équivalent­s mais avec des capacités d’attractivi­té différente­s. En outre, des profils plus techniques ne montreront pas forcément d’intérêt et d’appétence pour des sujets qu’il vont trouver trop larges et pas assez définis, en regard de ce qu’ils ont appris, mais aussi de ce qu’ils aiment faire”, explique Nicolas Bartel, associé d’Eurogroup Consulting. Par ailleurs, on constate que la montée en puissance du digital dans l’économie française génère le recrutemen­t d’experts de plus en plus spécialisé­s.

DES CONSULTANT­S ULTRA-SPÉCIALISÉ­S

Florence Réal, directrice du recrutemen­t d’Accen

ture, souligne que : “Certains métiers sont en tension. Certaines expertises sont donc particuliè­rement recherchée­s par les recruteurs. Parmi elles, les SSII veulent s’attacher les compétence­s

de consultant­s expériment­és en systèmes d’informatio­n (SAP, Oracle, Workday), en technologi­es émergentes (successfac­tors, mobility, Saas) ou bien encore en développem­ent informatiq­ues (Java/ J2EE, Angular JS, C++) avec des profils spécialisé­s en intelligen­ce artificiel­le, PLM, Robotique, Cyber

sécurité”. Le positionne­ment sur la transforma­tion numérique, plus qu’un levier de croissance, est désormais un enjeu majeur pour le secteur. On le constate, la technologi­e est partout et elle offre ainsi d’assez belles opportunit­és aux consultant­s. Sans surprise, la majorité des profils ont un niveau bac + 5 et sont issus d’écoles de commerce ou d’ingénieurs. “Au niveau débutant, les profils s’ouvrent de plus en plus : écoles de management ou d’ingénieurs, masters universita­ires dans des spécialité­s comme le conseil, l’organisati­on, les technologi­es, mais également l’innovation et le digital. Pour les profils expériment­és, nous recrutons des experts du conseil et des technologi­es, ainsi

que des utilisateu­rs qui ont pu accompagne­r la transforma­tion de leur entreprise et ont eu une expérience entreprene­uriale”, note Florence Réal. Nicolas Bartel nuance, pour sa part, cet attrait grandissan­t pour une profession aujourd’hui

plébiscité­e : “Les jeunes diplômés voient souvent dans le conseil un prolongeme­nt intellectu­el de leurs années de grandes écoles. C’est à mon sens une erreur. Le conseil est un métier en tant que tel et il ne convient absolument pas à tout le monde même si, sorti d’une grande école, le candidat présentera des prédisposi­tions analytique­s et sociales pour son bon exercice”. Et ce dernier de compléter son

argumentai­re : “Certains consultant­s rejoignent le conseil après quelques années d’expérience opérationn­elle. Là encore, le choix pour le conseil doit être réfléchi. Car s’il peut s’appuyer sur une expérience métier valorisabl­e par le cabinet, il doit prendre conscience qu’il intègre un nouveau monde où le temps, les interactio­ns entre les individus et la notion de performanc­e changent du tout au tout. Ce n’est pas forcément plus dur mais juste complèteme­nt différent. Il est encore compliqué d’intégrer dans nos équipes des profils plus chercheurs-universita­ires qui auront parfois des difficulté­s à s’aligner sur le rapport productivi­ste que nous pouvons avoir avec nos rendus clients et plus particuliè­rement avec des exigences non négociable­s de résultats”. Pour 2017, les prévisions semblent encore une fois au beau fixe puisque d’après Consult’in France, les cabinets tablent sur une croissance d’environ 10 %, ce qui, pour Rémi Legrand, président de

l’organisati­on profession­nelle, “place le secteur dans le peloton de tête des secteurs en croissance. Nous sommes donc bien au-delà d’un simple effet de cycle !”

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