POURQUOI LA BERLINE N’EST PAS MORTE
Face à la déferlante des SUV, la berline traditionnelle semble avoir vécu. Pourtant, rares sont les constructeurs à y renoncer. Elle garde encore de solides atouts dans sa besace, particulièrement pour les flottes.
La montée en puissance des SUV ne faiblit pas : ils représentent désormais un tiers des ventes sur le marché français. Longtemps réfractaires, les flottes s’y sont converties à tel point qu’au premier semestre, le Peugeot 3008 caracolait en tête des ventes aux sociétés en France. Devant ces chiffres, l’affaire semble entendue : la “berline de papa” est en phase de déclin inéluctable. Certains constructeurs annoncent même y renoncer. C’est le cas de l’Américain Ford qui a annoncé en août dernier qu’il allait mettre fin à la production de certaines berlines trop classiques. En France, Citroën adopte désormais pour tous ses modèles sauf la C1 un aspect “baroudeur” afin de s’inscrire dans la vague. Et parmi les nouveautés présentées au Mondial de Paris, près de la moitié appartiennent à la catégorie des Crossovers et SUV.
LA BERLINE PORTÉE PAR LA FISCALITÉ
Pourtant, si tout semble sourire aux SUV, même les constructeurs qui leur doivent le succès veillent à ne pas s’y enfermer, les spécialistes du luxe allemand en tête. Audi vient de renouveler sa berline A6, Mercedes présente au Mondial sa Classe A berline et BMW s’apprête à dévoiler sa nouvelle Série 3. Louis Daubin, rédacteur en chef du magazine Kilomètres Entreprise, explique ce phénomène par les évolutions réglementaires à venir : “75 % des segments supérieurs sont vendus aux sociétés. Or, avec l’arrivée du nouveau cycle WLTP, les renouvellements de SUV ne vont pas se faire aussi facilement. D’ores et déjà, les loueurs n’encouragent plus à l’achat de ces derniers”. Plus aérodynamique et plus légère, la berline est en effet moins énergivore et profite ainsi par définition d’une fiscalité plus favorable. Avec le nouveau cycle, l’écart de consommation avec les SUV va encore s’amplifier. Autre phénomène anticipé par les marques : la crainte d’une lassitude de la clientèle par rapport aux SUV comme cela s’est déjà produit avec les monospaces, très à la mode au début des années 2000 et revenus à l’état de marché de niche aujourd’hui. Avec l’arrivée en occasion de très nombreux modèles autrefois à la mode, l’effet nouveauté s’estompe. Conscient de ces deux écueils, les constructeurs s’attachent à rendre la berline plus désirable : c’est le cas de Peugeot, qui a marqué les esprits avec sa nouvelle 508 lancée l’été dernier. Avec son tableau de bord futuriste et sa ligne très dynamique, elle s’écarte du classicisme traditionnel. Chez Toyota, on réintroduit en Europe la Camry, une berline haut de gamme qui avait déserté le continent depuis 1996. Dotée exclusivement d’une motorisation hybride, elle renouvelle le genre à sa façon. La tendance devrait s’amplifier d’ici la fin de la décennie : même Citroën a annoncé son intention de proposer à nouveau une berline C5 dès le début de la prochaine décennie.