Mice : Singapour, l’incroyable métamorphose
Bâtiments spectaculaires, nouveaux lieux ludiques et culturels... La ville-État s’est transformée en une métropole dynamique. De quoi séduire les entreprises à la recherche d’une destination dans l’air du temps pour leurs réunions professionnelles…
Trois tours de 200 mètres, coiffées d’une terrasse flottant dans le vide et abritant une piscine à débordement géante… le Marina Bay Sands fait dans la démesure ! Inauguré en 2010, le complexe qui mêle un hôtel de 2 600 chambres, des boutiques, un casino et un centre de conventions, est devenu le symbole de la métamorphose de Singapour. Ancienne colonie britannique arrimée à la Malaisie, la minuscule cité-État (42 km de long) est indépendante depuis 1965. Aseptisée et sans âme jusqu’à la fin du 20e siècle, elle s’est muée en une poignée d’années en un véritable laboratoire de la mondialisation, une mégapole audacieuse et innovante à mi-chemin entre Dubaï et Las Vegas. Il n’en fallait pas plus pour que les Français s’y précipitent (175 000 en 2017) ; les entreprises en particulier, toujours plus nombreuses à choisir la destination pour leurs événements professionnels. Il y a les multinationales implantées en Asie et qui y réunissent leurs équipes régionales, qu’elles soient liées à la finance (Singapour est la troisième place financière de la planète) ou à la logistique (le port pointe au second rang mondial). Pour les accueillir,
Singapour s’est équipé d’installations majeures. Par exemple le centre de conventions Suntec où les visiteurs sont accueillis par le plus grand mur vidéo du monde (60 m de long), avant de s’éparpiller dans les étages qui hébergent 36 salles de séminaires, des espaces pour les expositions et congrès (jusqu’à 6 000 personnes). Les PME spécialisées dans les services ou les nouvelles technologies sont également séduites, à l’heure où Singapour mise sur la R&D pour poursuivre sa marche en avant, dans un esprit éco-responsable : il s’agit d’inventer la ville de demain, alors que la population devrait passer de 5,6 à 6,9 millions d’habitants à l’horizon 2030. Ces PME préfèreront les centaines de salles de réunion mises à disposition par les 420 hôtels de la ville (67 000 chambres). Enfin, il y a toutes les entreprises qui veulent “simplement” motiver ou récompenser leurs clients ou salariés. Car, et c’est nouveau, Singapour fait désormais rêver. Elle caracole même en tête des villes les plus “expats friendly” selon l’enquête d’HSBC Expat Explorer. Environ 20 000 Français y sont installés, notamment les salariés des 700 entreprises françaises implantées localement. “La ville bouge, mais a su rester humaine. Le rythme est plus cool qu’à Hong Kong ou Shanghai”, témoigne Steve, directeur du spa de l’hôtel Ritz-Carlton.
RESTAURANT ÉTOILÉ LE MOINS CHER DU MONDE
Un voyage à Singapour commence dès l’arrivée à l’aéroport de Changi. Déjà désigné parmi les meilleurs du monde pour son efficacité et son confort, il prendra prochainement une nouvelle dimension avec “Jewel”, un dôme de verre qui englobera une forêt tropicale plantée de 3 000 arbres, 22 000 m2 de jardins, des boutiques, restaurants et attractions (toboggans, labyrinthe végétal…), un espace événementiel pour 1 000 personnes et même une chute d’eau haute de 40 mètres en son coeur. En attendant son ouverture annoncée pour le printemps, Singapour ne manque pas d’attraits. Entre deux réunions, le meilleur moyen d’appréhender la ville consiste à privatiser un bateau en bois (un “bumboat”) de Singapore River Cruise, à Boat Quay. C’est ici que fut signé en 1819 le traité autorisant les Britanniques à établir un port franc ; là que furent construits les premiers entrepôts aujourd’hui transformés en bars et restaurants ; là encore que débarquèrent des milliers d’immigrants. La croisière sur la rivière se faufile
dans le quartier historique aux élégantes bâtisses coloniales, où se concentrent les édifices publics ; tutoient les gratte-ciel du quartier financier avant de finir sa course dans les eaux de Marina Bay, le quartier “trendy” gagné sur la mer et bordé des nouvelles constructions emblématiques de Singapour : le complexe Marina Bay Sands, mais aussi le dôme argenté de l’Opéra, l’Art Science Museum hébergé dans un bâtiment en forme de fleur de lotus ou Singapore Flyer, la grande roue de 165 m (plus haute que celle de Londres) dont les capsules vitrées se privatisent pour un apéritif ou un dîner.
PLEIN LA VUE
Les petits groupes préféreront une découverte en Ferrari avec Ultimate Drive, pour une balade à haute teneur en adrénaline dans les rues de la ville - là même où se déroule chaque année le Grand Prix de F1 - avant de filer sur Orchard Road (les Champs Elysées locaux). Tout nouveau (et plus tranquille), Singapore Sidecars propose une pérégrination à bord d’un side-car vintage. Idéal pour explorer les rues étroites des quartiers “ethniques”, des îlots hors du temps cernés par les gratte-ciel, longtemps négligés et aujourd’hui protégés. À chaque étape, son expérience, pour répondre aux envies de voyageurs qui ne veulent plus être passifs. “Les Français séjournent en général quatre nuits et aiment donner un sens à leur
voyage, découvrir les cultures locales”, confirme l’agence Pacific World. Dominé par les dômes dorés de la mosquée du Sultan, le quartier musulman de Kampong Glam est l’occasion de pousser la porte des boutiques de parfumeurs et des marchands de tapis avant de s’initier au Chapteh, sorte de badminton asiatique. À Chinatown, où les “shops houses” ont été transformés en restaurants et boutiques de créateurs, on s’initie à la calligraphie ; quant Little India permet d’explorer les temples dans une atmosphère saturée par le patchouli. Ce retour aux sources peut se terminer dans un Hawker Centre. Les cuisines ambulantes d’autrefois s’y sont sédentarisées dans un joyeux melting-pot culinaire ; par exemple au Lau Pa Sat Centre, fameux pour ses 88 stands ouverts 24h/24. Chilly crab ou fish head curry… y manger sur le pouce parachève avec goût un tour culturel. À moins de préférer les délices d’un restaurant étoilé. Car tous les grands chefs en pincent désormais pour Singapour. 2016 a même vu la sortie du premier Guide Michelin dédié à la ville. Le Hong Kong Soya Sauce Chicken Rice and Noodle, une échoppe de street-food, y a créé la surprise en devenant le restaurant étoilé le moins cher du monde, avec des plats à 1,50 euro !
Ce retour aux sens ne saurait toutefois éclipser les nouveaux lieux d’une ville qui n’a de cesse de vouloir en mettre plein la vue. Parmi eux, une multitude de rooftops (c’est à la mode !) qui accueillent de chaudes soirées avec vue : le New Asia Bar perché au 70e étage de la tour circulaire du Swissotel dessinée par l’architecte Pei ; ou 1-Altitude, le plus haut bar en plein air du monde (282 m) installé au sommet du gratte-ciel One Raffles Place, qui attire une jeunesse branchée. Les 54 hectares du Gardens by the Bay sont tout aussi spectaculaires. Des jardins en plein air cohabitent avec d’étranges arbres de fer végétalisés de 22 mètres, comme sortis du film Avatar. Deux dômes futuristes (que l’on peut privatiser pour une soirée événementielle) abritent des plantes méditerranéennes et une forêt tropicale. Il restait à Singapour à améliorer son offre culturelle pour s’imposer définitivement comme une destination de premier plan. C’est chose faîte. 130 galeries d’art privées contribuent à dynamiser la ville depuis quelques années et les anciens casernements de l’armée britannique de Gillman Barracks ont été transformés en “cluster” arty qui mêle galeries contemporaines et restaurants. L’ouverture en 2015 de la National Gallery (arts asiatiques des XIXe et XXe siècles) parachève cette métamorphose. Le studio parisien Milou a imaginé une canopée de verre et d’aluminium pour réunir les bâtiments néoclassiques des ex Court suprême et Hôtel de ville. Les entreprises à la recherche d’un nouveau lieu “trendy” pourront opter pour une visite privée avant de rejoindre le restaurant Odette du musée dirigé par le chef français Julien Royer (2 étoiles) puis le rooftop pour la soirée, forcément étoilée !