Courrier Cadres

High-Tech : Les smartphone­s chinois cassent la baraque

Si elles sont encore difficilem­ent prononçabl­es pour beaucoup de gens, les marques Huawei, Xiaomi, Oppo et autres OnePlus sont parvenues à se faire un nom sur le marché des smartphone­s en venant bousculer les Samsung et Apple sur leur pré carré.

- Par Marco Mosca.

Il faut y voir un signe. En passant devant Apple deux trimestres de suite, Huawei poursuit sa longue marche en direction du sommet du marché mondial des smartphone­s, toujours occupé par le coréen Samsung. Et si la première place est l’objectif affiché du fabricant de Shenzhen, il n’est pas le seul groupe chinois dans le top 5 mondial. Xiaomi et Oppo pointent depuis de nombreux mois aux quatrième et cinquième positions. Peu connus en dehors du marché chinois, ces deux fabricants se lancent désormais à l’assaut de l’Europe. L’un et l’autre ont débarqué au printemps dernier en France, avec la fâcheuse envie d’en découdre. Mais avec deux stratégies différente­s. Xiaomi s’attaque à l’entrée et au milieu de gamme, quand Oppo joue la carte de la différenci­ation en ciblant le marché premium.

FINI L’ÉPOQUE DES “ME TOO“

“Les utilisateu­rs de téléphones européens sont plus ouverts aux nouvelles marques, en particulie­r sur le segment de l’entrée et du milieu de gamme. Les succès de Huawei et de Wiko en sont un exemple”, explique Roberta Cozza, analyste chez Gartner. Xiaomi surfe sur cette nouvelle vague en parvenant en quelques mois à faire mouche avec des appareils au bon rapport qualité/prix. D’autres marques espèrent également faire la différence, à l’image de OnePlus ou encore d’Honor, la marque online et geek de Huawei. Mais qu’est-ce qui fait la force des marques chinoises ? “Les marques chinoises ont des avantages en termes de structure de coûts : elles sont en mesure de réagir rapidement aux tendances du marché. Depuis peu, elles se développen­t également pour générer des tendances. Elles dépassent désormais les produits ‘Me Too’ et pro-

posent des smartphone­s de qualité”, remarque Roberta Cozza. Chronologi­quement, Huawei est le premier à s’être imposé. Il a réussi à se faire un nom sur le marché des réseaux télécoms avant de s’attaquer aux terminaux. Lentement, mais sûrement, la marque a glissé vers le milieu de gamme, en proposant des fiches techniques solides pour des tarifs très agressifs. Aujourd’hui, ses smartphone­s n’ont plus grand-chose à envier à ceux d’Apple ou Samsung, à l’image d’un Mate 20 Pro ou d’un P20 Pro. Les autres marques espèrent pouvoir en faire autant. Longtemps comparée à Apple, Xiaomi est une entreprise un peu à part qui a attaqué le marché français avec le Redmi Note 5, un smartphone à moins de 200 € qui rivalise avec beaucoup d’appareils 100 € plus chers. Comment y arrive-t-il ? Le fabricant s’est engagé à ne pas dépasser 5 % de marge sur ses produits, ce que ne peuvent pas se permettre la plupart de ses concurrent­s - il se rattrape sur les services. OnePlus a de son côté savamment orchestré sa communicat­ion en sachant créer une attente fébrile autour de ses smartphone­s. Il fut l’un des premiers à proposer des appareils dignes des fleurons des Samsung, LG ou Sony à des prix très compétitif­s. OnePlus est parvenu en quelques années à devenir le roi du smartphone premium au meilleur rapport qualité/prix. Une image dont il reconnaît être un peu prisonnier. “Se démarquer de cette notion de rapport qualité/prix, c’est notre difficulté aujourd’hui”, explique Akis Evangelidi­s, le vice-président France. “Notre vision a toujours été de faire des flagships [des ‘porte-étendard’ en français, NDLR]. Avec des composants toujours plus chers, des clients toujours plus exigeants, nos prix augmentent au fur et à mesure”, poursuit-il. C’est un peu la même chose chez Oppo, qui partage les mêmes actionnair­es que OnePlus, avec son smartphone Find X vendu 1 000 €. “Nous avons une stratégie de montée en gamme”, explique Mylène Poncet, la responsabl­e marketing de la marque en France. “Nous voulons créer un effet waouh et faire le buzz autour de notre technologi­e grâce au Find Xet nous ferons du volume avec nos autres produits”. L’idée est d’asseoir la marque en France et d’augmenter sa notoriété.

HUAWEI, UNE MENACE ?

Y a-t-il une limite à cette expansion chinoise ? Leur puissance inquiète. Et comme le déclare Thomas Husson, analyste chez Forrester, “Huawei est une véritable machine de guerre”. L’actuel numéro deux mondial fait face à un tir de barrage gouverneme­ntal au moment où la 5G pointe son nez. Leader mondial des télécoms, le chinois a en effet été exclu de certains gros marchés d’infrastruc­tures aux États-Unis, en Australie et en Nouvelle-Zélande. En France, l’entreprise est scrupuleus­ement observée. En cause ? La crainte d’un espionnage d’État mis en place par Pékin à travers ces équipement­s. En février dernier, les responsabl­es de la CIA, de la NSA et du FBI ont déconseill­é d’utiliser des smartphone­s Huawei. Et fin décembre, le président américain a une nouvelle fois émis l’idée d’un embargo sur ses produits. Sur un autre registre, Xiaomi a dû s’expliquer après que certains possesseur­s de téléphones de la marque se sont plaints de devoir supporter l’affichage de publicités sur leurs terminaux. La branche française a toutefois indiqué que ce service n’était pas actif en France… pour le moment. Le marché des smartphone­s a le don de créer des surprises. Les géants d’hier ne sont plus ceux d’aujourd’hui. Et les groupes chinois pourraient bien être à l’origine d’un nouveau syndrome Nokia avec la migration vers la 5G.

L’ ACTUEL NUMÉRO DEUX EUX MONDIAL FAIT FACE À UN TIR DE BARRAGE GOUVERNE MENTAL AUMOMENTOÙ­LA5G POINTESONN­EZ

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