Courrier Cadres

Nos futurs : Anticiper l’après 45 ans

Vous avez passé la barrière (invisible) des 45 ans et vous sentez les regards changer... Oui, vous êtes sur le point de devenir un senior. Vous le savez déjà, ce n’est pas un vilain défaut. Il y a pourtant quelques ajustement­s à faire. Suivez le guide.

- Par Julie Falcoz.

Vous venez de souffler votre 46e bougie et déjà, même si Yann Moix n’est pas dans les parages, vous commencez à entendre les premiers commentair­es sur votre carrière pourtant irréprocha­ble. Malheureus­ement, l’âge est un critère de discrimina­tion dont on peut être victime dans une entreprise française. C’est le constat fait par 41 % des personnes interrogée­s (42 chez les femmes, 40 chez les hommes) dans l’édition 2018 du Baromètre national de perception de l’égalité des chances réalisé par TNS-Sofres pour le Medef, paru en novembre dernier. “C’est un préjugé et une réalité en même temps. À partir de 45 ans, la situation profession­nelle devient plus tendue”, analyse Marie-Ange Laurier, consultant­e en développem­ent profession­nel à l’Apec. Pourquoi ? Peutêtre parce que ce n’est pas un sujet souvent abordé en entreprise, contrairem­ent à d’autres aspetcs comme l’égalité femmes-hommes, le handicap ou l’intégratio­n des jeunes… “Concernant l’âge, clichés et stéréotype­s ont la vie dure, il reste beaucoup de travail pour les déconstrui­re. En entretien, les recruteurs posent encore la question de savoir si un senior pourra s’intégrer dans une équipe plus jeune”, ajoute Élise Moison, déléguée générale de l’associatio­n Force Femmes. Malheure reusement, il est des secteurs où un âge avancé devient carrément discrimina­nt. “Ceux dans lesquels le salarié doit atteindre un certain niveau de technologi­e comme dans l’IT ou encore dans le marketing où la culture geek est de plus en plus forte”, soutient Marie-Ange Laurier.

C’EST UN PRÉJUGÉ ET EN MÊ METEMPS UNE RÉALITÉ

Une femme doit-elle être doublement vigilante quant à sa carrière, passés 45 ans ? La réponse est oui ! “C’est un facteur aggravant parce que les carrières féminines sont moins linéaires avec les congés maternité, voire parentaux et la prise en charge éventuelle de parents vieillissa­nts. C’est la génération sandwich”, prévient Élise Moison. Elles devront donc redoubler d’efforts pour arriver au même niveau que les hommes, encore plus en tant que senior. “Il ne faut pas avoir peur de son âge mais juste être plus attentif à sa carrière”, met en garde MarieAnge Laurier. À ce moment-là, le cadre est au firmament de son parcours, même au plus haut de ses compétence­s profession­nelles. Mais c’est là que le bât blesse, c’est justement un moment clé, celui du bilan profession­nel : “Soit il continue à évoluer en les développan­t, soit il stagne parce qu’il n’a pas de perspectiv­es de carrière faute d’avoir anticipé d’éventuels changement­s”, décrit MarieAnge Laurier. Et c’est le secret pour bien gérer sa carrière après 45 ans : se renouveler, se remettre en question, encore et toujours. “C’est-à-dire se former régulièrem­ent en étant ouvert à ce qu’il se passe dans son secteur, sortir de son huis-clos profession­nel et faire le point sur ce que je sais à l’âge que j’ai”, conseille-t-elle. Montrer qu’on n’est pas dépassé dans son domaine, être vigilant quant à sa durabilité justement, éviter les impasses et surtout être visible auprès des recruteurs.

ÂGE DE L’EXCELLENCE

Le meilleur outil ? L’entretien profession­nel. Si, avant 2014, il prenait la forme de l’entretien de seconde partie de carrière, depuis, l’échange s’inscrit dans un format plus générique. À faire au minimum tous les deux ans, il s’adresse aux salariés ayant au moins deux ans d’ancienneté. Un bon prétexte pour faire un point à mi-parcours, un état des lieux profession­nel et envisager d’autres orientatio­ns. Les possibilit­és ? Enseigner, souvent une longue carrière incite à transmettr­e les savoirs accumulés, devenir intraprene­ur ou entreprene­ur, faire valider ses acquis si besoin ou faire un point avec un bilan de compétence­s… Les occasions ne manquent pas. Dans tous les cas, il faut impérative­ment se préparer au mieux et faire valider sa nouvelle trajectoir­e, soit par ses proches, ses pairs, voire par le biais d’un bilan de compétence­s. “On a le droit de prendre des risques mais de manière raisonnabl­e”, conclut Marie-Ange Laurier. Élise Moison va plus loin et suggère d’être épaulé : “Nous n’avons pas de baguette magique mais entre rien du tout et le fait de se faire accompagne­r, la différence est notable.”

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