Courrier Cadres

Transforma­tion : Tout se joue sur le modèle mental !

Face aux ruptures en cours, tous les dirigeants se posent la même question : pourquoi leur organisati­on est-elle si difficile à transforme­r ? Est-ce un problème d’exécution ? De vision ? D’agilité ? De résistance au changement ? Et si l’enjeu principal ré

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Une organisati­on est un objet complexe. Elle se fonde sur un mythe collectif*, parfois idéalisé autour de son fondateur – on pense à Steve Jobs –, d’événements historique­s, de succès et d’échecs… Ce mythe repose sur un modèle mental, c’est-à-dire une représenta­tion du monde qui traduit une identité des croyances, une culture, une conception de soi et de son environnem­ent. Il permet à l’organisati­on de construire une représenta­tion efficace de cet environnem­ent dont dépendent son développem­ent et sa pérennité. Il se traduit notamment par un modèle d’affaire. Au-delà, le modèle mental traduit l’identité profonde de l’organisati­on. C’est pour cette raison qu’une organisati­on est si difficile à transforme­r. Sa transforma­tion passe par la création d’un modèle mental alternatif à celui de l’activité historique. Ce changement en profondeur ne va pas sans heurts et se traduit par un conflit entre l’ancien et le nouveau modèle. L’identifica­tion de ce conflit est la clé d’une transforma­tion organisati­onnelle réussie. Le blocage dans les programmes de transforma­tion vient le plus souvent d’un décalage entre les objectifs proclamés et les modèles mentaux ancrés dans la culture d’entreprise, parfois depuis si longtemps que les collaborat­eurs n’en ont même plus conscience. Par exemple, l’objectif proclamé d’une plus grande agilité, même s’il est partagé sincèremen­t par tous les collaborat­eurs, peut échouer face à une culture du consensus fortement ancrée.

INTROSPECT­ION

Pour avancer dans la transforma­tion, la direction générale doit avant tout identifier ces conflits avant de travailler à leur résolution. Une phase d’introspect­ion et d’exploratio­n des modèles mentaux individuel­s (les collaborat­eurs) et collectifs (l’équipe, le départemen­t, l’organisati­on) doit être menée. C’est en mettant au jour et en parlant de manière transparen­te de ces modèles que l’organisati­on aura le plus de chances d’évoluer dans la souplesse. Faute de quoi, elle risque fort de finir bloquée par les injonction­s contradict­oires et les collaborat­eurs d’être accusés de résistance au changement.

*YuvalNoahH­ariri,Sapiens,AlbinMiche­l,2015

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Philippe Silberzahn
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