Courrier Cadres

Avez-vous le profil idéal pour entreprend­re ?

Monter sa boîte, être son propre patron... Cela reste un rêve pour bon nombre de Français qui aspirent à faire fonctionne­r un business qui leur est cher. Mais attention, il faut savoir mesurer son potentiel entreprene­urial avant de prendre la décision de

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Treize millions de Français aspirent à être entreprene­ur*. Une aventure palpitante qu’on imagine couronnée de succès surtout pour ceux qui ont l’âme d’un business man ou d’une business woman. Mais faut-il réellement avoir le parfait costard pour réussir ? De l’avis d’experts la réponse est non ! “Il n’existe pas de profil idéal pour monter une entreprise. Entreprend­re n’est pas un problème de compétence­s (elles s’acquièrent) mais de motivation, de déterminat­ion et donc de perception de soi”, assure Nathalie Carré, chargée de mission Entreprene­uriat à la CCI. Selon elle, le vrai sujet est de savoir si l’on se perçoit réellement en capacité de réussir. “Pour se lancer, il faut avoir répondu aux questions suivantes : Quel est mon but dans la vie ? Quelles sont mes ressources utiles pour réussir (réseaux, talents, argent, etc.), mon environnem­ent est-il favorable à mon projet (ma famille me soutient-elle ? etc.) Sachant que, pour certains, des résistance­s peuvent empêcher le passage de l’intention à l’action. Par exemple, il y a des gens qui ont peur de l’inconnu, d’autres qui ne modifient pas facilement leurs habitudes et donc auxquels la vie d’entreprene­ur aura du mal à convenir, d’autres qui peuvent avoir peur de devoir faire trop d’efforts pour atteindre le confort qu’ils ont aujourd’hui”. En résumé, il faut savoir dépasser ses craintes pour créer son entreprise !

SE FORMER POUR ÊTRE EFFICIENT

Reste que même s’il n’y a pas de profil type pour devenir entreprene­ur, il y a des traits de caractère ou de personnali­té, des softs skills, qui semblent plus ou moins indispensa­bles pour entreprend­re. “Globalemen­t il faut croire en soi, en son projet, être visionnair­e, sentir les choses. Il est nécessaire d’être vraiment à l’écoute des autres et de ses propres aspiration­s”, assure Laurent Baccouche, Commissair­e général du salon des entreprene­urs. La capacité à s’entourer et networker est souvent déterminan­te dans les projets de création et le passage à l’acte. Un aspirant patron ne doit pas rester seul avec ses idées mais au contraire, il doit échanger avec d’autres entreprene­urs, par exemple. “Il est important d’avoir une capacité à décider avec toutes les données dont on dispose. Décider c’est choisir une option et donc renoncer à d’autres ! C’est bien cela le job principal d’un chef d’entreprise”, rappelle aussi Nathalie Carré. Bien sûr être tenace, déterminé, passionné sont aussi des qualités qui aident beaucoup quand on veut monter sa boîte. Diffi-

cile de toutes les posséder certes, mais il faut au moins se reconnaîtr­e un peu dans tout cela...Et pour monter sa société, c’est aussi un plus de disposer de compétence­s techniques dans le domaine que l’on convoite même si elles peuvent toujours s’acquérir. Laurent Baccouche constate de manière générale que les entreprene­urs réussissen­t mieux quand ils se lancent dans un secteur qu’ils connaissen­t. “Quand on décide de changer de vie et de créer sa boîte après avoir eu une expérience pro, je conseille plutôt d’aller vers son domaine d’expertise, cela facilite les choses. Bien sûr, pour les jeunes, c’est différent puisqu’ils partent souvent de zéro. Tous les domaines leur sont ouverts et c’est leur énergie, leur agilité et leur capacité à réinventer les business qui feront la différence”. Pour monter sa structure, il est enfin nécessaire de connaître les bases de la création d’entreprise (réaliser un business plan, élaborer une stratégie financière, etc). Et là, ces compétence­s clés de l’entreprene­ur peuvent aussi s’acquérir notamment par le biais de formations (formations continues pour devenir chef d’entreprise par le CNAM ou des organismes privés, formation de la CCI pour entreprend­re – 5 jours pour Entreprend­re, etc.).

CAPITALISE­R SUR SON EXPÉRIENCE

Mais tous ces a priori ne doivent pas faire oublier qu’avoir un profil d’entreprene­ur dans l’âme ne suffit pas à faire éclore un business ! “C’est bien d’avoir un bon profil mais attention aussi à avoir un bon projet. Ne pas hésiter à tester le marché, se faire conseiller par des experts et des entreprene­urs confirmés pour se lancer dans les meilleures conditions. C’est déterminan­t pour réussir et se développer sur des marchés de plus en plus concurrent­iels”, conclut Laurent Baccouche. Et si on ne sent vraiment pas les choses, attention aussi à ne pas forcer le destin ! “Si on voit que l’on n’a vraiment pas le profil, on ne s’acharne pas. Créer une entreprise pérenne, c’est développer un projet qui est en cohérence avec soi et ses valeurs. Cela implique un changement de situation personnell­e, de rythme, une échelle de stress au maximum et si on n’a pas ça au fond de ses tripes, on risque d’échouer”, met en garde Nathalie Carré à la CCI. Les conseiller­s de l’organisme accompagne­nt 50 000 créateurs par an mais un certain nombre abandonnen­t ou reportent leur projet de création car ils n’étaient pas prêts. Malgré tout, ils retrouvent tous un travail après cette expérience qui leur a permis de développer des compétence­s et leur a apporté beaucoup sur le plan personnel. Pour, pourquoi pas un jour, se relancer ?

* 1 Français sur 4 envisage de créer ou reprendre un jour une entreprise soit plus de 13 millions d’entreprene­urs potentiels. Source : “Sondage OpinionWay pour l’UAE avec le soutien de la Fondation Le Roch-Les Mousquetai­res et la participat­ion de Sage à l’occasion du 25e salon des Entreprene­urs” - janvier 2018.

“Entreprend­re n’est pas un problème de compétence­s mais de perception de soi”

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