D‘ENTREPRISE FONT PSSCHITT
aux mêmes collègues. La machine à café reste bien plus efficace pour échanger de manière libre et informelle entre salariés”", note Jean Pralong. Tandis que les RSE patinent, de plus en plus de salariés utilisent des groupes privés, qu'ils créent eux-mêmes, sur des outils gratuits comme Whats App et Slack. “Ces collaborateurs se méfient du regard que peut avoir leur organisation vis-à-vis de ce qu'ils publient. Dans un groupe privé que l'on a créé soi-même, on est à l'abri de tout contrôle hiérarchique”, constate Jean Pralong. Selon lui, “un outil paramétré de haut en bas, acheté par la direction et faisant l'objet d'une stratégie politique de communication, est finalement moins performant que des dispositifs gratuits, que les gens vont pouvoir utiliser entre eux, de leur propre chef, parce que cela répond à un besoin de partage d'informations, mais aussi de confidentialité”.
Les entreprises accepteront-elles longtemps que de tels groupes privés échappent à leurs regards ? “Tout est une question de confiance envers les collaborateurs. Mais si l'entreprise veut tout de même continuer dans le sens des RSE déjà achetés type Workplace ou Yammer, elle doit rassurer ses collaborateurs en mettant en place des contrepouvoirs : l'idée est de fixer des règles, de créer des chartes, contenant par exemple un droit à l'oubli et un droit à l'erreur… un ensemble de garde-fous qui vont rassurer l'utilisateur, et lui permettre de ne pas se sentir jugé quant à ce qu'il publie”, préconise Jean Pralong.
LES RSE FACE AUX GROUPES PRIVÉS
Un an après la publication de son étude, le professeur en gestion RH n'observe toutefois pas de grand changement dans le mode de fonctionnement des RSE des grandes organisations. “Cette question reste hélas marginale”, explique-t-il. Pour le chercheur, les outils de réseautage gratuits risquent, à terme, de supplanter les RSE “officiels” si rien n'est fait pour rendre ces derniers moins hiérarchiques. “En plus de chartes venant donner des droits et des devoirs, on pourrait confier la responsabilité de ces réseaux à des gens positionnés plus bas dans la hiérarchie, les laisser construire des groupes thématiques, entre experts. Si on veut permettre aux personnes de même niveau hiérarchique de trouver elles-mêmes, entre elles, les solutions aux problèmes qu'elles se posent - c'est la vocation initiale des RSE -, il faut favoriser des comportements horizontaux ou transversaux, mais pas hiérarchiques”, conclut-il. ■