UN SECTEUR OUVERT À TOUS
Le marché de l’emploi dit de la “tech” est plus que jamais en essor pour répondre à un besoin grandissant. Pourtant, le secteur souffre d’un sérieux manque de candidats. Quelque peu boudé par les jeunes générations, appréhendé par les cadres de plus de 45
es Français n'ont pas à rougir, la culture numérique et informatique est globalement assez forte dans notre pays. Aussi bien dans la sphère privée que professionnelle, le digital fait partie du quotidien de la majorité de la population. Ce marché de l'emploi ne concerne donc pas uniquement les jeunes mais également les cadres ayant déjà largement entamé leur vie professionnelle. C'est le cas de François Lubet qui a fait le choix du digital pour sa fin de carrière. À 54 ans, ce dernier a dû “repositionner ses pistes professionnelles ainsi que ses prétentions”. Après avoir occupé plusieurs postes de directeur commercial ou de publicité dans l'édition, il a dû s'adapter au marché. “Avec l’évolution des marchés publicitaires et voyant le print souffrir de plus en plus, je me suis dirigé vers le digital comme un prolongement naturel. À ce moment-là, tout était question d’adaptabilité et de réactivité pour être les premiers sur le secteur”. Aujourd'hui, François Lubet a la responsabilité de l'offre publicitaire digitale, event et brand content sur les secteurs juridiques et du chiffre du groupe Ficade. “Cette opportunité m’a été proposée par le dirigeant du groupe qui cherchait une expérience métier pour ce poste sans forcément une formation attitrée. Je me suis donc formé aux côtés des équipes Web de l’éditeur Ficade, sans autre formation complémentaire”, précise François Lubet.
ACCEPTER D’APPRENDRE DES PLUS JEUNES EST PRIMORDIAL
DES FORMATIONS DE PLUS EN PLUS ACCESSIBLES
Pour toutes ces professions du digital, être autodidacte est essentiel. Il faut faire preuve d'une certaine dose de curiosité pour s'intéresser au domaine. Aussi, il faut disposer d'un “sens analytique, d’une certaine structuration d’esprit, d’une logique pour optimiser et résoudre les problèmes”, insiste Pascal Grémiaux, président-fondateur d'Eurécia. L'apprentissage de tous les langages informatiques passe par des recherches personnelles et par la pratique. Cela rend le domaine accessible au plus grand nombre. Et si dans le passé il fallait nécessairement être ingénieur ou avoir suivi une formation à l'université, les choses ont bien évolué
depuis. Il n’y a pas de formation technique toute faite. Grâce à l’évolution du Web et à l’émergence des forums, de nombreuses personnes font le choix de la réorientation professionnelle. Ils choisissent de se former par eux-mêmes aux métiers du digital grâce à un large choix de tutoriels et une grande communauté d’entraide par le biais de platesformes. Les expériences sur le terrain sont les plus formatrices. Pour les recruteurs, ce mode de formation en autodidacte est souvent bien vu car il est synonyme de pugnacité. En parallèle, des nouvelles formations émergent. Elles se déroulent le plus souvent sur quelques mois et permettent, pour ceux qui le souhaitent, d’avoir un cadre. L’une des plus reconnues est l’école 42.
UN FORT DÉFICIT DE CANDIDATS
“Qu’elles soient du secteur du digital ou simplement en pleine transformation, les entreprises ont besoin de compétences dans ce domaine si elles souhaitent rester compétitives et innovantes” explique Rick Claver, président de l’agence de stratégie digitale Frenchify, digital strategist et enseignant. Le secteur du digital est attractif mais peut paraître inaccessible pour un grand nombre de personnes. Il y a un long travail de vulgarisation et de communication pour aller au-delà des stéréotypes. Même si les entreprises ont de plus en plus de besoins dans le domaine, un déséquilibre est présent entre l’offre d’emploi et la demande des candidats. “Dans ce milieu, il y a environ trois offres disponibles par candidat ce qui oblige les recruteurs à proposer des offres de plus en plus compétitives”, précise Barbara Steger. Contrairement aux idées reçues, le domaine du digital n’est pas réservé qu’aux jeunes générations. “Il ne faut pas avoir peur de s’y frotter. Il faut savoir profiter de son expérience métier pour l’adapter au domaine. Il est essentiel également de faire profiter de cette même expérience pour faire évoluer certains process tout en restant humble et proactif”. Une appréhension peut subsister en interne face à des collaborateurs souvent plus jeunes et plus expérimentés mais “accepter d’apprendre des plus jeunes est primordial pour une reconversion réussie”, conseille François Lubet. Ainsi, en faisant preuve de bonne volonté et d’adaptabilité, l’apprentissage des notions peut se faire facilement et rapidement afin de répondre à la demande grandissante de la part des entreprises. ■