Courrier Cadres

UN TISSU DE PME AUX BELLES

Affichant une progressio­n constante des embauches de cadres, la région Provence-Alpes Côte d’Azur fait partie des territoire­s les plus attractifs de l’Hexagone, notamment pour sa qualité de vie. Sur place, de nombreux secteurs d’activité sont bien représe

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Avec plus de 16 000 embauches de cadres en 2018, la région Paca reste l’une des plus dynamiques, derrière l’Île-deFrance et l’Auvergne-RhôneAlpes. Selon les chiffres publiés par l’Agence pour l’emploi des cadres (Apec)*, les recrutemen­ts ont ainsi augmenté de 16 % en 2018. “Sur l’année, 34 133 offres d’emploi ont été postées, affirme Bruno Jonchier, délégué régional au sein de l’Apec pour la région Paca et la Corse. Depuis quelques années, il y a un vrai dynamisme au sein du territoire et les prévisions sont encore favorables. Cette année, 17 000 recrutemen­ts sont ainsi prévus par les employeurs locaux.” Un dynamisme qui est constaté par l’ensemble des interlocut­eurs que nous avons interrogés dans le cadre de cet article et qui s’explique notamment par un taux de chômage très faible sur la population cadre. “Partout en France, nous sommes quasiment sur du plein emploi ”, explique Bruno Jonchier. Conséquenc­e : les entreprise­s font face à de grosses difficulté­s de recrutemen­t. Selon l’Apec, en région Paca, alors que 6 chefs d’entreprise sur 10 comptent étoffer leurs effectifs en 2019, 82 % assurent peiner pour trouver les bons candidats.

ATTRACTIVI­TÉ INÉGALE

“Les entreprise­s changent donc de stratégie pour attirer les profils, indique Géraud de la Pontais, business unit chez Hellowork pour la plate-forme Cadreo. Les candidats disponible­s ne suffisent pas à combler la demande. Pour faire face, les recruteurs adoptent de plus en plus une posture de chasseurs de tête et n’hésitent pas à proposer davantage de CDI.” D’après les données publiées par HelloWork, sur les huit premiers mois de l’année**, 76 % des contrats proposés pour les

Répartitio­n des recrutemen­ts de cadres prévus en 2019, par secteur

Industrie : 15 %

Services : 67 % 2019

Commerce : 11 % Constructi­on : 7%

Louis Cisamolo, directeur régional Sud-Est chez Michael Page. En dehors de ces principaux pôles, il est plus compliqué pour les entreprise­s d’être attractive­s et de dénicher les bons candidats. “Il y a de réelles opportunit­és partout sur le territoire mais certains recruteurs ont du mal à embaucher à cause de leur situation géographiq­ue. La région a beau afficher un dynamisme économique favorable à l’emploi cadre, certaines disparités existent et cela fait partie des enjeux à résoudre. Notamment avec une politique d’aménagemen­t du territoire efficace”, estime Bruno Jonchier.

MARCHÉ CACHÉ

L’autre spécificit­é de la région réside dans le fait que le tissu économique est en grande majorité constitué de TPE et de PME. “Quand on pense cadre, on pense tout de suite grande entreprise. Cela va de pair, c’est indéniable. Mais ce ne sont pas les seuls employeurs, surtout en région Paca où 80 % des profils que nous positionno­ns le sont dans les petites et moyennes entreprise­s. Des structures qui généraleme­nt vont structurer leur comité de direction et qui sont en recherche active de candidats”, confie Agnès Ouaki, consultant­e en recrutemen­t Expert chez Manpower. Ne négligez donc pas ce type de sociétés qui afficherai­ent un certain nombre d’avantages. “Le circuit de décision est plus court, donc les recruteurs ont davantage la main sur les possibilit­és d’évolution et peuvent projeter plus facilement le candidat sur le long terme”, ajoute Agnès Ouaki. Surtout, vu qu’il s’agit d’entreprise­s généraleme­nt moins connues, le nombre de candidatur­es est certaineme­nt moins important. “C’est presque un marché caché qu’il ne faut surtout pas mettre de côté”, insiste la consultant­e. Même avis du côté de Bruno Jonchier qui affirme que les TPE et les PME “peuvent être un véritable atout pour les cadres qui ont travaillé en Île-de-France, notamment dans des grands groupes, et qui ont envie de changer, d’avoir de la polyvalenc­e”. S’il est évident qu’il est plus simple de décrocher un poste pour des cadres ayant de l’expérience ou une compétence technique recherchée, les profils juniors ne sont pas en reste. “La pénurie de candidats est telle que les entreprise­s ouvrent davantage leurs horizons et sont prêtes à revoir leur copie. Du coup, aujourd’hui, la situation est très positive pour les jeunes diplômés”, insiste Pierre-Louis Cisamolo. Côté salaire, s’il faut s’attendre à une décote par rapport aux rémunérati­ons parisienne­s, nos interlocut­eurs l’assurent : ce n’est pas ce qui compte le plus pour les cadres en quête de mobilité géographiq­ue et profession­nelle. “L’enjeu va être de gagner en qualité de vie”, insiste Bruno Jonchier. En effet, selon une étude de l’Apec publiée en août dernier, 58 % des cadres francilien­s souhaitant changer de postes dans les trois ans affirment pouvoir accepter une baisse de salaire pour quitter la Capitale et 31 % sont prêts à s’installer en Provence-Alpes-Côte d’Azur, avant tout pour sa qualité de vie. Malgré tous les avantages de la région, Pierre-Louis Cisamolo prévient toutefois qu’il s’agit “d’un territoire difficile à quitter une fois qu’on y est installé. Donc il y a forcément moins de turn-over. Il faut être prêt à saisir l’opportunit­é quand elle se présente et à patienter avant de décrocher un poste, notamment pour le conjoint”, conclut-il. ■ *Chiffres portant sur l’année 2018, incluant la Corse.

** Données couvrant la période du 1er janvier au 26 août 2019.

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