GÉNÉRATION NON NON !
La nouvelle génération ne dit plus amen à tout. Les entreprises l’ont bien compris et développent des trésors d’imagination pour satisfaire leur quête de sens. Personne ne peut se priver de talents en restant engoncé dans des principes d’un autre âge.
La nouvelle génération semble de moins en moins encline à accepter tout et n’importe quoi. On pense ainsi aux 13 000 étudiants de grandes écoles signataires du Manifeste pour un réveil écologique. Un engagement qui les pousse officiellement à ne pas candidater dans une entreprise polluante. On ne sait pas si ce genre de manifeste sera suivi d’effets mais l’intention est là. Difficile pour les groupes de faire comme si cela n’existait pas. D’autant que récemment, la loi Pacte du gouvernement Philippe somme désormais, depuis mai 2019, les entreprises de définir “leur raison d’être”.
En clair, ces dernières doivent être en mesure de donner une mission sociale à leur action. De quoi également séduire une jeune génération bien plus attentive que ses aînés aux nouvelles problématiques. “Le salaire ne réussira pas à fidéliser les jeunes. Si les grands groupes ne veulent pas se priver d’un certain nombre de talents, ils doivent prendre en compte certains événements qui ont eu des répercussions désastreuses sur leur image”, remarque Marie-Claude Cazottes.
La quête de sens est désormais dans toutes les têtes. Et surtout pour les générations Y et Z soucieuses de ne plus se laisser embarquer dans une entreprise qui ne serait pas conforme à leurs valeurs. Les nouveaux entrants sur le marché du travail sont bien plus pragmatiques et mieux informés que leurs aînés. “Les attentes ont évolué sur ces questions de sens. Il est fini le temps où un cadre
faisait carrière toute sa vie dans un même groupe. Un collaborateur doit être fier de l’entreprise pour laquelle il travaille. Ce n’est pas anodin”, insiste Ingrid Berthé. Ce que ne contredira pas Marie Hombrouck : “Cette jeune génération de cadres n’a plus les mêmes réflexes et les mêmes leviers de motivation.” Un avis également partagé par JeanBaptiste Lebelle, DRH du cabinet Allen & Overy Paris. “Dans un secteur ultra-compétitif, la haute rémunération est évidement un prérequis. Mais si l’ancienne génération était bien plus corvéable, tout en faisant preuve d’une loyauté sans faille, ce n’est plus le cas de la jeune garde qui souhaite bien plus de donnant-donnant. Ils veulent avant tout de la flexibilité. Attention néanmoins à ne pas exagérer ces tendances.
UNE RELATION DONNANT-DONNANT
Pour Chrystelle Thirion, il existe une certaine contradiction à l’étude des différentes enquêtes sur le sujet. “Certes, la jeune génération est en quête de sens mais parallèlement intégrer un grand groupe demeure pour cette dernière extrêmement rassurant.” En revanche, la directrice de l'activité rémunération et talents chez Sciaci Saint Honoré estime qu’on assiste à une vraie demande d’accélération de carrière. “Les gens ne veulent plus attendre trois ou quatre ans avant de changer de poste et partir par exemple à l’international. Le parcours de carrière fait partie intégrante de la marque employeur.” La nouvelle génération sait ce qu’elle veut. On enfonce une porte ouverte en disant qu’elle est ultra-connectée. “Cette génération est très documentée. Elle est ‘drivée’ par la data. Ce qui lui permet de faire un tri bien en amont. Si elle veut donner du sens à sa vie professionnelle, elle change également plus facilement d’employeur dès que l’éthique d’une entreprise ne fait plus écho à ses valeurs”, explique Emmanuelle Drapeau, talent acquisition manager chez le sucrier français Tereos. Et cette dernière d’ajouter : “Leurs aînés étaient plus portés par une problématique liée au salaire et à leur valeur sur le marché professionnel. Conscient de ces changements, Tereos a littéralement créé, voilà trois ans, sa marque employeur pour attirer ainsi de nouveaux talents. La filière sucrière était régulièrement attaquée. Il nous fallait communiquer sur la grande diversité du groupe. Nous travaillons sur des produits sains et innovants. On s’attelle à mettre en place une politique RSE de plus en plus lisible”
Source infographies : La Super Agence