Business travel : Solutions de paiement, la course à l’innovation
L’arrivée des néo-banques sur le marché des entreprises pousse les acteurs historiques à proposer des solutions de paiement plus complètes et plus performantes.
Les entreprises ont dépensé 29,2 milliards d’euros en 2018 pour leurs voyages d’affaires, un chiffre qui devrait progresser de 7 % d’ici 2022 selon l’éditeur de solutions de déplacements professionnels SAP Concur. Pour mieux contrôler ces coûts difficiles à encadrer et parfois imprévisibles (notamment les frais de bouche), les spécialistes des solutions de paiement se livrent une nouvelle bataille sans merci, avec un double objectif : proposer des outils simples à utiliser pour répondre aux besoins des voyageurs réclamant toujours plus d’autonomie, mais aussi mieux agréger les données afin que l’entreprise puisse mettre en place une gestion prédictive de ses dépenses de voyages.
Ces derniers mois, à l’instar des néo-banques destinées au grand public, des start-up ciblent les entreprises avec appétit. Elles s’appellent Mooncard, Spendesk ou Qonto. Ainsi cette dernière, créée en 2016, compte la Banque Européenne d’Investissement dans son capital et revendique déjà 50 000 clients. Elle s’appuie sur le digital pour proposer des solutions de paiement innovantes, combinées avec des outils de gestion des notes de frais : modification à loisir des plafonds de dépenses, création de cartes virtuelles (lire encadré p.50) en quelques secondes, notification sur smartphone pour chaque achat, possibilité de scanner la facture pour suivre les dépenses en temps réel… Pour l’heure ces jeunes loups de la fintech séduisent essentiellement les PME. Les grandes entreprises, qui ont besoin de solutions globales avec un interlocuteur unique, continuent de faire confiance aux banques traditionnelles. Mais elles secouent le marché et poussent les acteurs historiques à proposer des solutions de paiement toujours plus performantes, tant dans la souplesse d’utilisation que la sécurité et la gestion des dépenses. Cette course à l’innovation n’est pas nouvelle, mais elle s’est accélérée ces dernières années dans le sillage d’American
Express, qui fut le premier à proposer une carte de paiement virtuelle dès 2009. Spécialiste du paiement dématérialisé avec sa carte logée et sa carte virtuelle A.I.D.A., Air Plus International déploie une nouvelle carte corporate indispensable aux voyageurs d’affaires, avec l’ambition de proposer une gamme complète de solutions de paiement. Il s’agit notamment de simplifier les dépenses pendant le déplacement, comme les taxis ou les restaurants, difficiles à centraliser. Cette carte “plastique”, avec un paramétrage pointu permettant d’ajuster les plafonds, de bloquer les retraits ou les paiements à certains fournisseurs, sera progressivement proposée dans 19 pays européens et bénéficie de l’acception par le réseau Mastercard. Les banques françaises sont également offensives, déployant un panel d’offres pour répondre à tous les besoins. La Société Générale propose depuis l’été dernier une gamme complète de solutions de paiement dématérialisé et diverses fonctionnalités innovantes pour ses cartes corporate, par exemple un cryptogramme dynamique au verso changeant toutes les demi-heures pour plus de sécurité, ou la possibilité d’afficher le logo de l’entreprise au recto. De son côté, BNP Paribas commercialise une offre globale dans une cinquantaine de pays. Au-delà de la carte corporate et de la carte virtuelle lancée il y a plus de dix ans, la banque pousse son offre de carte logée, avec pour point fort son réseau d’acception Visa et la possibilité de l’utiliser désormais pour régler certaines compagnies low cost.
Au delà des solutions dématérialisées et virtuelles qui contribuent à optimiser les budgets voyages, les acteurs déploient aussi depuis quelques mois des fonctionnalités en phase avec les attentes actuelles, comme le paiement sans contact pour les cartes corporate. Avec l’effacement des frontières entre business et loisirs, les voyageurs d’affaires réclament la même simplicité d’utilisation que dans leur vie personnelle. Même si pour l’heure, la demande des entreprises est encore faible et que le plafond pour un paiement sans contact (30 euros) réduit son usage dans le monde professionnel. Enfin, et même s’il est balbutiant, le paiement par téléphone mobile pour le marché corporate figure aussi parmi les réflexions futures ; à l’instar d’American Express qui a récemment intégré sa carte à Apple Pay, le service de paiement d’Apple…