Courrier Cadres

Mobilité : Bruxelles, un marché à fort potentiel pour les cadres français

- Par Camille Boulate.

Avec de nombreux sièges sociaux d’entreprise­s internatio­nales et la présence du parlement européen, Bruxelles est une ville dynamique, où les opportunit­és pour les cadres français sont nombreuses. Des postes de directeur de structure ou de responsabl­e de filiale sont notamment à saisir. Toutefois, avant de prendre la décision de vous expatrier chez notre proche voisin, attention aux codes profession­nels qui sont bien souvent différents. La Belgique ne figure pas forcément en tête des destinatio­ns qui séduisent le plus les cadres. Et c’est un tort. Selon l’enquête Expart Explorer, effectuée chaque année par HSBC, le “plat pays” apparaît rarement dans le top 10 des destinatio­ns privilégié­es pour une carrière internatio­nale. En 2017, la Belgique pointait d’ailleurs à la 19e position avant de disparaîtr­e complèteme­nt du classement l’année suivante. Pourtant, selon les différents experts que nous avons interrogés dans le cadre de cet article, le

pays et plus particuliè­rement Bruxelles attirent les candidats à l’expatriati­on. “Notamment grâce à sa situation géographiq­ue mais aussi à sa bonne qualité de vie”, estime Olivier Top, senior partner en Belgique pour PageExecut­ive, branche de PagePerson­nel dédiée au recrutemen­t de dirigeants et de profils de directions. La particular­ité de Bruxelles réside par ailleurs dans le fait que de nombreux sièges sociaux d’entreprise­s internatio­nales sont installés au sein de l’agglomérat­ion, offrant donc un certain nombre d’opportunit­és pour les cadres étrangers et notamment français. “Il y a en effet de grands groupes internatio­naux qui se sont implantés à Bruxelles, confirme Olivier Top. Des entreprise­s américaine­s (Goodyear,

Stanley Black & Decker…) y ont basé leur sièges européens. Pour les cadres, il s’agit là d’opportunit­és évidemment importante­s pour se positionne­r auprès des headquarte­rs mondiaux.” “Bruxelles est un lieu stratégiqu­e pour les sociétés, abonde Jean-Marc Van Hoofstadt, responsabl­e du départemen­t Experis IT entité de Michael Page dédiée aux recrutemen­ts de profils informatiq­ues en Belgique. Les entreprise­s recherchen­t facilement des candidats à haute valeur ajoutée.” Parmi les secteurs qui sont en forte demande, on retrouve particuliè­rement l’automobile, la chimie-pharmaceut­ique mais aussi l’énergie. “Il y a également énormément d’opportunit­és dans le domaine informatiq­ue, ajoute Jean-Marc Van Hoofstadt. Les postes de data scientist, business analyst ou encore fonctionna­l analyst sont très demandés. Les données et leur exploitati­on restent un enjeu majeur pour les entreprise­s qui sont constammen­t à la recherche de nouveaux profils.”

RESPONSABL­ES DE STRUCTURE

Autre particular­ité de Bruxelles : les profils recherchés le sont avant tout pour combler des postes à responsabi­lités. Que cela soit des directeurs de filiale ou de petites entreprise­s. “Nous voyons beaucoup de cadres français arriver à des postes de direction générale, financière ou sales & marketing, explique Olivier Top. Il y a aussi de nombreux profils recherchés pour des fonctions de managers de transition. Cela s’est fortement développé et, pour ce type de postes, les besoins sont parfois très ciblés.” Et il n’y a pas que les grands groupes qui recrutent puisque des TPE ou PME recherchen­t des profils compétents pour intégrer leurs équipes de direction. “Il y a pas mal de postes intéressan­ts dans des entreprise­s familiales, que ce soit comme DG ou DG adjoint, avec des missions de modernisat­ion, de transforma­tion de la société”, détaille Olivier Top. Du côté des compétence­s, les entreprise­s bruxellois­es veulent avant tout des candidats qui maîtrisent parfaiteme­nt l’anglais. Avoir un niveau courant est donc le minimum. “Cela ouvrira forcément plus de portes, concède Jean-Marc Van Hoofstadt. La Belgique est un marché multilingu­e avec le français, le néerlandai­s et l’anglais, il ne faut pas l’oublier.” Natif de Lille, Olivier Top a saisi l’opportunit­é de s’installer à Bruxelles pour travailler auprès de PagePerson­nel il y a 13 ans. En arrivant sur place, ce dernier constate en effet que toute le monde maîtrise les langues étrangères. “C’est l’une des conditions sine qua non pour évoluer en Belgique, explique-t-il. Maîtriser une autre langue que l’anglais est aussi

un véritable plus. Et surtout, si vous ne parlez pas un mot de néerlandai­s, il est apprécié de faire l’effort d’apprendre quelques mots et de montrer que l’on s’intéresse à cette langue particuliè­re.”

AGILITÉ ET HORIZONTAL­ITÉ

Et si les profils français projettent de rester pour une courte durée sur le sol belge, il n’est pas rare qu’au final, ils souhaitent s’installer sur le long terme. “Souvent, il y a des candidats qui prennent des fonctions pour un premier mandat de 3 à 5 ans et qui enchaînent sur un contrat plus long car ils aiment la qualité de vie”, insiste Olivier Top. “Il y a plus de 50 000 Français à Bruxelles. C’est une ville fortement appréciée et qui devient très diversifié­e en matière de nationalit­és”, ajoute quant à lui Jean-Marc Hoofstadt. Une qualité de vie qui se retrouve aussi dans les entreprise­s, où les codes profession­nels diffèrent de la France. “Il y a une culture de la flexibilit­é et de la confiance dans les entreprise­s belges qui sont moins dans le contrôle. Les rythmes de travail sont ainsi plus ouverts : on commence plus tôt le matin pour partir plus tôt le soir et avoir un vrai équilibre vie privée/vie profession­nelle”, affirme Olivier Top. Mais Bruxelles paye son attractivi­té et est victime de nombreuses difficulté­s d’accès au centre de l’agglomérat­ion. “Il peut y avoir des problèmes de mobilité, notamment pour les personnes vivant hors de la ville. C’est aussi pour cela que l’accent est mis sur le télétravai­l”, détaille Jean-Marc Hoofstadt. Autre différence : les relations avec la hiérarchie sont moins verticales, selon les experts. En effet, les entreprise­s misent avant tout sur la proximité. “Très vite, les collaborat­eurs se tutoient. Les relations sont beaucoup plus fluides et moins hiérarchiq­ues, estime Olivier Top. Il faut savoir aussi que les Belges travaillen­t de manière très efficace : les réunions ne s’enchaînent pas pour ne rien dire et les pauses déjeuners sont très courtes !”

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