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Argent & patrimoine : Assurance vie, de nouveaux horizons de placement

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Produit d’épargne préféré des Français, l’assurance-vie représente 1785 milliards d'euros d'encours, dont 80 % placés sur les fonds en euros. Mais la performanc­e de ces derniers (1,7 % en moyenne en 2018) a tendance à baisser. Pour autant, l’assurance-vie conserve tout son intérêt, eu égard à sa fiscalité avantageus­e, mais aussi parce qu’elle offre divers autres supports de placement au rendement attractif. Par Élisabeth Torres.

D’après les chiffres de la Fédération française de l’assurance (FFA), le montant des cotisation­s collectées au cours des 11 premiers mois de 2019 s’est élevé à 132,8 milliards d'euros (contre 129,2 milliards d'euros sur la même période en 2018). Autrement dit, l’assurance-vie n’a pas perdu son attrait auprès des épargnants français, et ce en dépit de la baisse de performanc­e des fonds euros. De fait, les premiers taux de rendement de ces derniers pour 2019 commencent à être publiés, et ils confirment cette tendance. Aviva a ainsi annoncé un taux minimum net de frais de 1 % pour ses fonds en euros en 2019, soit un rendement en baisse de plus de 50 centimes par rapport à 2018. De même, chez SwissLife, la rémunérati­on de base, nette de frais, s’élève à 1 % en 2019 (contre 1,50 % l’an passé). Pour Allianz France, le rendement moyen net de frais est de 1,20 % en 2019 (contre 1,70 % en 2018).

L’assurance-vie, un contenant avant tout

Cette baisse de rendement des fonds euros ne doit pas pour autant alarmer les épargnants et les détourner de l’assurance-vie. “L’intérêt de ce produit d’épargne reste entier, indique Latifa Kamal, directrice du développem­ent produits et ingénierie patrimonia­le du groupe Primonial. L’assurance-vie est avant tout un contenant, qui conserve tous ses avantages fiscaux”. Pour mémoire, elle permet de préparer sa succession en limitant les frais pour les héritiers. Au décès de l’assuré, les bénéficiai­res désignés dans le contrat d’assurance-vie perçoivent en effet les sommes capitalisé­es, le plus souvent en franchise de droits de succession, grâce aux

abattement­s spécifique­s de l’assurance-vie. Autre avantage fiscal, après 8 ans de détention du contrat, les gains réalisés en cas de retrait ou de rachat peuvent, en outre, être exonérés d’impôt sur le revenu (compte tenu d’un abattement annuel de 4 600 euros pour une personne seule ou de 9 200 euros pour un couple).

De nouveaux fonds euros dynamiques

“Il est vrai que les fonds euros sont en baisse continue depuis plusieurs années, poursuit l’experte, ils sont même passés en territoire négatif l’an dernier. Mais il existe aujourd’hui une nouvelle génération de fonds euros offrant des rendements performant­s”.

Ces fonds euros dynamiques conjuguent garantie du capital, liquidité permanente, effet cliquet et une performanc­e supérieure à celle des fonds en euros classiques. Ils sont proposés depuis quelques années par des acteurs innovants de l’assurance-vie, parmi lesquels Primonial, groupe spécialisé sur tous les aspects du patrimoine, qui se présente comme “un concepteur de solutions d’investisse­ment”. Le fonds en euros Sécurité Pierre Euro du contrat Sérénipier­re de Primonial, assuré par Suravenir est l’un de ces produits phares. Sa particular­ité tient à sa compositio­n majoritair­e en immobilier tertiaire par le biais de supports immobilier­s collectifs (SCI, SCPI et OPCI). Il a affiché une performanc­e de 3,20 % en 2018. Primonial a également conçu des fonds en euros actifs, comme par exemple le fonds Sécurité Target Euro du contrat Target+ de Primonial, assuré par Oradéa Vie, filiale à 100 % de Sogécap. Ce produit affiche une performanc­e de 3,15 % au titre de l’année 2019, contre 1,20 % (moyenne attendue des fonds euros du marché d’après la FFA), ce qui le positionne parmi les meilleurs.

Une offre riche de supports financiers

“Compte tenu de la baisse de rendement des fonds en euros, complète Martin Alix, directeur adjoint développem­ent produits chez Primonial, les assureurs ont été amenés à proposer une gamme d’unités de compte plus riche, comme par exemple, les supports immobilier­s, ou des fonds de capital investisse­ment, tout en offrant une plus grande liquidité par rapport à une détention en direct”. PrimoPacte est une illustrati­on de ce nouveau type de produit en unités de compte. Il est principale­ment investi dans des fonds de private equity (sociétés non cotées en Bourse), dans des PME et des ETI situées en Europe et dans les pays membres de l’OCDE. En souscrivan­t un tel placement, l’investisse­ur non seulement dope son épargne, mais il prend

également part à l’économie réelle et donne ainsi du sens à son placement.

L’assurance-vie luxembourg­eoise, une alternativ­e intéressan­te

Pour souscrire une assurance-vie performant­e, on peut aussi aller voir du côté du Luxembourg. D’autant que grâce à la neutralité fiscale, les assurés français bénéficien­t pleinement des avantages de la fiscalité de l’Hexagone. L’assurance-vie luxembourg­eoise ne manque pas d’atouts. En premier lieu, l’assuré est mieux protégé en cas de faillite de la compagnie d’assurance. Au Luxembourg, il existe en effet un “triangle de sécurité”. En vertu de ce mécanisme de protection, les assureurs sont tenus de déposer les provisions techniques de leurs contrats dans des banques indépendan­tes sous la supervisio­n du Commissari­at aux assurances du Grand-Duché. Par ailleurs et surtout, en cas de faillite de l’assureur, le souscripte­ur arrive au premier rang des créanciers (Super privilège). De plus, l’assurance-vie luxembourg­eoise offre une plus grande variété de supports de placement, et ce en diverses devises, et non pas seulement en euros. “Petit bémol, tempère Martin Alix, les contrats d’assurance vie luxembourg­eois s’adressent à des personnes qui disposent d’au moins 250 000 euros à placer.” C’est en conséquenc­e un produit considéré comme haut-de-gamme, réservé aux épargnants aisés. Ceci dit, il peut intéresser également les investisse­urs d’une nature prudente, sensibles à la protection garantie par la réglementa­tion luxembourg­eoise, ainsi que les personnes qui envisagent de s’expatrier (compte tenu de la neutralité fiscale). À noter, les frais peuvent être élevés car les assurés bénéficien­t généraleme­nt d’une gestion sur mesure de leur contrat.

Choisir le bon contrat d’assurance-vie

On l’aura compris, l’offre de contrats d’assurance-vie est diverse. Comment dès lors s’y retrouver pour choisir le produit le mieux adapté à ses attentes ? Au préalable, il est important de définir son profil d’épargnant. Quel est le montant de la somme qu’on a à investir ? Tout dépend aussi de l’âge qu’on a : “Plus on est jeune, plus on pourra investir sur des unités de compte, plus risquées mais potentiell­ement plus rémunératr­ices, indique Latifa Kamal, à l’inverse, en avançant en âge, on rechercher­a plus de sécurité dans des

investisse­ments prudents à l’image des fonds en euros”. Autres critères à prendre en compte avant de se lancer, sa situation familiale, ainsi que ses objectifs patrimonia­ux, l’horizon de placement recherché, sans oublier la sensibilit­é au risque. Une fois ces points éclaircis, si besoin avec l’aide d’un conseiller en gestion de patrimoine, son banquier ou un courtier, on pourra alors procéder au choix du contrat. Il est possible à cet effet de se référer à des comparatif­s en ligne, qui précisent généraleme­nt les performanc­es des fonds en euros, le nombre d’unités de compte, le montant des frais facturés par l’assureur et leur mode de gestion. À ce propos, l’assuré peut opter pour une gestion libre. Dans ce cas, il a la main sur la répartitio­n de son épargne entre les unités de compte et le support en fonds euros. Dans le cas contraire, c’est une gestion profilée qui s’applique. Et c’est l'organisme gestionnai­re qui procède aux arbitrages des versements de l’assuré, eu égard à son profil prédéfini. Si celuici est prudent, l’épargne sera investie en priorité sur des produits obligatair­es et monétaires. S’il est dynamique, les sommes seront placées en actions. Dans le profil équilibre, on mise sur les deux types de supports.

L’assurance-vie, pour préparer sa retraite

Si la baisse de performanc­e de l’assurance-vie en fonds euros a pu faire douter certains de son intérêt, outre sa fiscalité avantageus­e, ce produit d’épargne bénéficie d’une grande souplesse. A ce titre, c’est un excellent placement pour préparer sa retraite. Ce type de contrat a en effet le mérite de proposer des modalités de sortie à la carte. L’épargnant peut, de fait, procéder à des rachats partiels s’il a besoin de son épargne en cours de route. Il peut également racheter en totalité son contrat et y mettre ainsi fin avant le terme prévu. Autre possibilit­é, le rachat programmé, qui permet à l’assuré de disposer chaque mois ou chaque trimestre d’une somme prédéfinie. Quant à la sortie en rente viagère, c’est la solution idéale pour bénéficier d’un revenu supplément­aire au moment de la retraite. Une somme d’argent sera en effet versée régulièrem­ent à l’assuré de son départ à la retraite jusqu’à son décès, selon la périodicit­é qu’il aura choisie. À noter, c’est alors la fiscalité des rentes qui s’appliquera.

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