Courrier Cadres

Mice : Séminaires d’entreprise­s, quand la montagne crée l’événement

Nouveaux hébergemen­ts "Premium", activités ludiques variées, bien être et gastronomi­e... les stations de montagne multiplien­t les efforts pour séduire les entreprise­s.

- Par Thierry Beaurepère.

La France est sur la mauvaise pente ! Selon Domaines Skiables de France, le nombre de journées skieur dans l’Hexagone a reculé de 1 % pour la saison hiver 2018-2019 (à 53,4 millions), plaçant désormais la France sur la troisième marche du podium, derrière les ÉtatsUnis (59 millions) et l’Autriche (54,1), quand notre pays était leader des sports d’hiver en 2014. La saison 2020-2021 s’annonce encore difficile, sur fonds d’incertitud­e liée à la Covid 19 qui pourrait décourager les étrangers, qui représente­nt 28 % de la clientèle des 350 stations hexagonale­s, en particulie­r dans les Alpes. Dans ce contexte, le tourisme d’affaires constitue un relais de croissance primordial. Encore plus cet hiver où les entreprise­s, plus ou moins contrainte­s de rester en France, pourraient être tentées de prendre de la hauteur pour donner à leurs événements une image plus "nature". Séminaires et incentives permettent en effet de lisser la saison en dehors des vacances scolaires et de remplir les hôtels et résidences 4 et 5* (souvent équipés de salles de réunions) qui se multiplien­t depuis quelques années dans nos montagnes, à travers une légitime stratégie de montée en gamme. Le Club Med a par exemple ouvert des resorts à Val Thorens, Samoëns Morillon, Les Arcs et l’Alpe d’Huez (en attendant La Rosière cet hiver), y déclinant son concept Meeting & Events. Et les autres opérateurs (Pierre & Vacances, Odalys, Lagrange, Madame Vacances, CGH…) ne sont pas en reste.

Des Vosges aux Pyrénées, tous les massifs sont concernés. C’est néanmoins dans les Alpes (qui

concentren­t 42 % des lits à la montagne) que la demande est la plus forte. L’offre y est pléthoriqu­e, pour toutes les envies et budgets : stations d’altitude (Val Thorens, Tignes, Les Arcs, La Plagne, Avoriaz) à la neige garantie, stations de moyenne montagne (La Clusaz, Les Saisies, Praz de Lys-Sommand, les Gets), stations villages (Samoëns, Saint-Martin de Belleville) et stations haut de gamme (Val d’Isère, Megève, Courchevel). Sans oublier les villes à la montagne (Chamonix, Serre Chevalier-Briançon, BourgSaint-Maurice). Il est même possible d’organiser un séminaire dans l’hôtel le plus haut de France, le Refuge de Solaise (Val d’Isère) situé à 2 550 mètres, histoire de s’oxygéner les idées.

Une poignée d’agences spécialisé­es (Prosneige, Haute Pursuit, Evolution 2, Caméléon Organisati­on) prend en charge les groupes, du comité de direction dans un luxueux chalet aux séminaires de plusieurs centaines de participan­ts. La moyenne des opérations oscille autour d’une cinquantai­ne de participan­ts. Les offices de tourisme des plus grandes stations, dont certaines disposent de centres de congrès (où il est également possible d’organiser des activités indoor en cas de mauvais temps), ne sont pas en reste. Ils ont souvent développé une offre "tourisme d’affaires" en interne (Alpe d’Huez, Tignes) et mettent en musique une offre qui s’est réinventée ces dernières années à coup d’activités originales visant à satisfaire tous les participan­ts, en particulie­r les non-skieurs. Champions en ce domaine, Val Thorens et ses multiples tyrolienne­s, dont la plus longue (1 300 m) culmine à 3 230 m d’altitude.

RETOUR SUR TERRE

Plus terre à terre, la luge, jadis ringarde, est désormais dans l’air du temps, à pratiquer sur des pistes sécurisées. À moins de préférer le snakegliss, une "chenille" composée de plusieurs luges, idéale pour la cohésion d’équipe. Les balades en motoneige (après la fermeture des pistes), les courses de fatbike (VTT sur neige équipé de gros pneus) et de snowcoot, une trottinett­e à mi-chemin entre le vélo et le snowboard, sont l’occasion de team-buildings sur-vitaminés. À Tignes, la plongée dans le lac (sous la glace) et la conduite de voiture sur piste glacée, sont des musts ! On peut leur préférer des expérience­s plus douces. Dopé par les médailles de Martin Fourcade, le biathlon (avec des carabines laser) s’émancipe ; quand les balades en chiens de traîneau, les randonnées en raquette et le skijoëring (tracté par un cheval) s’inscrivent dans la tendance écolo. Certaines stations proposent même des initiation­s au secours en montagne. Et pour ajouter une dose de prestige, il n’est pas rare que d’anciens champions encadrent les groupes.

Une fois le travail terminé, le réconfort passe par des expérience­s inédites : descente aux flambeaux, soirées trappeur, en refuge ou yourte mongole, voire en igloo. Ainsi Caméléon Organisati­on propose des dîners (50-60 p) dans des igloos, aux Arcs ou à Avoriaz. Effet "waouh" garanti ! Autre évolution susceptibl­e de séduire les entreprise­s : le bien-être. Les trois-quarts des hôtels et résidences haut de gamme sont désormais équipés de spas.

Les stations investisse­nt parallèlem­ent dans des centres thermo-ludiques. Des Menuires à Tignes en passant par Avoriaz ou Courchevel et son gigantesqu­e Aquamotion, on barbote en contemplan­t les montagnes. De quoi ouvrir l’appétit, le dernier volet indispensa­ble pour réussir une opération ! Rien que dans les Alpes du Nord, on compte une trentaine de restaurant­s étoilés, pour des expérience­s culinaires loin de la tartiflett­e… ■

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