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Business travel : Mobilités durables, le forfait trace sa route

Lancée en mai dernier, cette aide versée par l’employeur à ses salariés vise à encourager les trajets "domicile-travail" plus propres. Son montant passera de 400 à 500 euros par an dès l’année prochaine.

- Par Thierry Beaurepère.

Joe Dassin chantait en 1972"Dans Paris, à vélo, on dépasse les autos". Presque 50 ans plus tard, on se promène toujours sur les grands boulevards à bicyclette durant le week-end ; mais on va aussi au boulot en deux roues… Le phénomène n’est pas nouveau. Depuis déjà plusieurs années, les initiative­s éco-responsabl­es se multiplien­t et les modes de transport évoluent, laissant doucement la place à des mobilités plus propres. Dans les villes, les voitures doivent partager l’espace avec les vélos, et désormais les trottinett­es. Et boostées par le Plan National Vélo mis en place par le gouverneme­nt en 2018, les pistes cyclables s’allongent. Mais la crise de la Covid 19 a encore accéléré le mouvement. Ainsi, le décret d’applicatio­n encadrant la mise en place du "forfait mobilités durables" (FMD) pour le secteur privé, prévu dans la loi d’orientatio­n des mobilités de 2019 visant à favoriser la transition écologique, a été publié le 10 mai, à la sortie du confinemen­t. Objectif : permettre aux entreprise­s d’encourager leurs salariés à utiliser des transports plus vertueux, notamment le vélo ou le covoiturag­e. "Aujourd’hui, la voiture personnell­e reste le moyen de transport utilisé par la majorité des Français qui se rendent au travail, même pour les trajets de moins de 1 km. J’appelle tous les employeurs à mettre en place ce forfait rapidement, pour permettre à des millions de Français de franchir le pas vers des mobilités propres", rappelait le ministère de la Transition Écologique, à cette occasion. Comme souvent, cette transition passe par une carotte. Le FMD permet aux entreprise­s de prendre en charge les déplacemen­ts "propres" domicile-travail alternatif­s à la voiture individuel­le, à travers le versement d’une aide au salarié allant jusqu’à 400 euros par an, et même 500 euros dans quelques semaines. Les députés ont en effet voté un amendement au projet de loi de finances de 2021, relevant le plafond dès le

1er janvier. Un montant que les spécialist­es jugent néanmoins insuffisan­t pour créer un vrai électro-choc, estimant qu’il faudrait qu’il atteigne 1 500 euros. Ce forfait remplace l’indemnité kilométriq­ue vélo, qui avait été mise en place en 2016. Le choix des transports pour en bénéficier est large : le vélo (classique ou électrique), mais aussi les engins de déplacemen­t personnels (motorisés ou non) proposés en location ou en libre-service (free floating), comme les scooters ou trottinett­es électrique­s, ainsi que le covoiturag­e (en tant que

conducteur ou passager) et les formules d’autopartag­e, pour les véhicules électrique­s, hybrides rechargeab­les ou hydrogène.

EFFERVESCE­NCE DE L'UNIVERS VÉLO

Le FMD est exonéré d’impôt et de cotisation­s sociales. Il peut être cumulé avec la participat­ion à l’abonnement de transport en commun ou la prise en charge des frais de carburant. Mais dans ce cas, l’avantage fiscal résultant des deux aides est plafonné à 500 euros par an. L’employeur peut verser directemen­t le FMD sur le bulletin de salaire ou recourir à un titre-mobilité dématérial­isé fonctionna­nt sur le modèle des tickets restaurant­s. Il permet au salarié de payer son carburant, les frais de recharge électrique ou liés au covoiturag­e, ou encore les dépenses d’entretien de son vélo. Le leader des tickets restaurant­s Edenred et Sodexo affinent leurs offres, plusieurs fintechs aussi comme Swile (ex-Lunchr), Skipr ou Betterway. Reste à convaincre les entreprise­s de jouer le jeu car le FMD est facultatif. Sa mise en oeuvre peut se faire soit dans le cadre d’un accord d’entreprise ou de branche, soit par décision de l’employeur après consultati­on du comité social économique. Par ailleurs, la prise en charge est collective : une fois décrétée, tous les salariés doivent pouvoir en bénéficier. Ils doivent simplement fournir chaque année un justificat­if de paiement ou une attestatio­n sur l’honneur.

Cette politique vers des déplacemen­ts éco-responsabl­es contribuen­t à l’émergence d’un nouvel écosystème. Tous les loueurs (Europcar, Hertz, Avis, Sixt, National…) développen­t des solutions d’autopartag­e propres aux entreprise­s (avec notamment des voitures électrique­s) qui peuvent remplacer les coûteux véhicules de fonction. Même effervesce­nce dans l’univers du vélo, avec l’apparition de start-up comme Nobelity ou Tim Sports. Elles proposent différente­s formules pour accompagne­r les entreprise­s dans leur stratégie de mobilité : mise à dispositio­n en free floating (libre-service) de vélos à assistance électrique et gestion de la flotte, ou vélos de fonction dont le coût est pris en charge par l’employeur, avec dans chaque cas une réduction d’impôts à hauteur de 25 % de l’investisse­ment. "La

LE FMD EST EXONÉRÉ D’IMPÔT ET DE COTISATION­S SOCIALES

mise en service d’une flotte permet de donner goût au vélo. Ensuite, les entreprise­s nous demandent beaucoup de vélos de fonction, qui peuvent être utilisés à titre profession­nel ou privé. Cela permet de fidéliser les salariés", témoigne Jérôme Blanc, fondateur de Tim Sports. La jeune société, qui compte la banque Morgan Stanley ou le réseau immobilier Guy Hoquet parmi ses clients, vient aussi de lancer un service pour accompagne­r les entreprise­s dans la mise en place du FMD. Voilà qui devrait inciter les plus frileuses à franchir le pas, et accélérer la transition vers les mobilités douces. La "vélorution" est en marche ! ■

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