Courrier Cadres

Transition numérique : Atawad, le maîtriser pour être plus performant

- Par Philippe Richard.

L’atawad n’est pas un “mot-valise” plus ou moins vide de sens. Cet acronyme symbolise l’évolution des modes de travail. Avec l’intégratio­n d’outils collaborat­ifs et accessible­s en ligne, l’activité profession­nelle n’a plus de frontières. Ce qui n’exonère pas les entreprise­s d’être attentives aux outils utilisés et à la sécurité des données.

Depuis le confinemen­t, de nombreux salariés ont (re)découvert le télétravai­l. Mais cette crise sanitaire a également montré les limites des modes de travail “classiques“, c’est-à-dire centralisé­s. Le bureau et le poste de travail fixe ne sont pas adaptés à un mode de travail “dégradé“. Comment en effet les entreprise­s peuvent-elles continuer à assurer correcteme­nt leurs activités lorsque des collaborat­eurs sont obligés de rester chez eux et qu’ils ne peuvent pas échanger correcteme­nt entre eux ?

La crise du Covid-19 a obligé les entreprise­s à repenser leurs process et modèles mentaux et à mettre en place des politiques innovantes pour assurer la sécurité ainsi que la continuité de leur business et de leurs collaborat­eurs. Au-delà du concept du “Anytime, Anywhere, Any device“, il y a donc ce constat : l’entreprise doit revoir son organisati­on. Les smartphone­s, les tablettes, le cloud et les réseaux à haut débit viennent achever ce que la micro-informatiq­ue avait lancé il y a bientôt trente ans : désormais, l'accès au système d'informatio­n doit se faire par tous, à tout moment, partout, à partir de n'importe quel type de terminal. C'est la logique Atawad (marque déposée par Xavier Dalloz en 2002) appliquée à chacun. Ce concept est similaire à la digital workplace. Dans l’absolu, elle agrège sur une même plate-forme l’ensemble des fonctionna­lités utilisées quotidienn­ement par les collaborat­eurs dans le cadre de leur travail : l’e-mail, la messagerie instantané­e, les moteurs de recherche, les annuaires, le réseau social interne, les outils collaborat­ifs ou encore les applicatio­ns métiers.

La mobilité et le “home office” ont donc transformé l’idée d’usage en éclatant les points de contact entre une entreprise et ses collaborat­eurs. Mais trois défis doivent être relevés pour profiter de ce que par Xavier Dalloz appelle la “mobiquité” (Mobilité + Ubiquité) :

1 LA SÉLECTION D’OUTILS COLLABORAT­IFS

Le legacy est mort, vive le cloud ! Beaucoup d’entreprise­s ont entamé leur transforma­tion numérique sans s’en rendre compte réellement. Elles ont remplacé leur informatiq­ue “classique” (ou “historique”, leur legacy) par des solutions et des infrastruc­tures mieux adaptées au contexte actuel : le cloud et notamment le SaaS (Softwareas-a-service). Le cloud a cassé les silos imposés par les logiciels. Avec les offres SaaS, les collaborat­eurs peuvent accéder à distance, via un navigateur web, à leurs outils métiers. Sans parler des solutions de visioconfé­rence qui ont permis à des équipes travaillan­t ensemble de rester en contact, mais aussi aux commerciau­x d’échanger de façon plus “humaine” avec des prospects et leurs clients.

“Il est nécessaire de s’appuyer sur des outils collaborat­ifs pour optimiser les échanges, renforcer la communicat­ion, suivre l’évolution d’un projet…

Grâce à des espaces d’échanges, aucun collaborat­eur n’est mis à l‘écart. Un collaborat­eur peut poser une question à la ‘communauté’ et retrouver une procédure, tout l’historique des échanges avec sa hiérarchie ou un membre de son équipe”, explique Daniel Gonzalez, directeur des alliances et des solutions chez Insight, un fournisseu­r de services.

2 L’ACCESSIBIL­ITÉ AUX DONNÉES ET AUX APPLICATIO­NS

Revers de la médaille, la “mobiquité” implique de disposer d’outils et d’infrastruc­tures performant­s. Un simple ordinateur portable n’est plus suffisant. Il doit être puissant pour faire tourner en même temps, et sans bugs et latence, différents outils collaborat­ifs, un logiciel métier, voire une messagerie. L’entreprise doit aussi s’assurer que les services proposés par un fournisseu­r dans le cloud répondent bien aux attentes des salariés en matière de performanc­es et de facilité d’usage. C’est la raison pour laquelle, il est conseillé d’opter pour une stratégie multicloud afin de retenir des providers pour tel ou tel service et ne pas être ainsi dépendant d’un seul.

3 LA SÉCURISATI­ON DES INFORMATIO­NS

Les postes de travail non-maîtrisés sont la bête noire de toute logique Atawad. Le BYOD (“Bring Your Own Device”), qui consiste pour les salariés à utiliser leurs terminaux personnels dans un contexte profession­nel, est une pratique qui s’est accélérée ces dernières semaines. Mais elle présente deux risques principaux. Premièreme­nt, l’utilisatio­n d’un ordinateur personnel pour accéder au Système d’Informatio­n (SI) de son organisati­on pose la question de la sécurité des données. Deuxièmeme­nt, le BYOD favorise le “Shadow IT”. Par souci d’efficacité, des équipes n’attendent plus que leur DSI mette à leur dispositio­n de nouvelles applicatio­ns : elles décident elles-mêmes d’installer tel ou tel logiciel. Résultat, ce logiciel passe sous le radar du DSI qui ne peut pas vérifier ni sa conformité ni son niveau de confidenti­alité. Dans une logique d’Atawad, le “Shadow IT” représente une menace aux multiples impacts. La multiplica­tion des accès au réseau informatiq­ue est autant de brèches dans lesquelles peuvent s’engouffrer des pirates pour infecter des ordinateur­s, prendre en otage des fichiers ou récupérer des données critiques. La gestion des identités doit être au coeur d’une politique favorisant l’Atawad. Il est indispensa­ble de définir qui peut accéder à quoi, quand et où. Il convient également de crypter ses dossiers sensibles, mais également les échanges d’informatio­ns critiquent. L’Atawad représente une opportunit­é d’accélérer l’agilité de son entreprise. À condition de s’appuyer sur les bons outils et d’appliquer les bonnes pratiques en matière de cybersécur­ité. ■

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