Courrier Cadres

Objectifs profession­nels : Les jeunes veulent avoir un impact

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Le NewGen Talent Centre de l’EDHEC explore les aspiration­s profession­nelles des futurs diplômés. Chaque année, le centre publie les résultats d’une enquête auprès d’étudiants en école de management sur ce qu’ils et elles attendent de leur future carrière. Deux objectifs primordiau­x sont mis en avant par ces jeunes génération­s: les aspiration­s entreprene­uriales et l’utilité sociale, ceci même en temps de pandémie mondiale. Par Manuelle Malot, directrice carrières et NewGen Talent Centre.

À qi s’adresse l’étude NewGen for impact ?

Elle s’adresse à la fois aux jeunes et aux entreprise­s qui les recrutent. Nous visons à nourrir les questions d’attraction, fidélisati­on et engagement des jeunes talents, et elle contribue donc à une meilleure compréhens­ion des problémati­ques de marque employeur.

En quoi peut-on dire que cette étude peut aider à la reprise ?

C’est une conviction de l’EDHEC : les jeunes diplômés, avec leur talent et leurs aspiration­s, sont aujourd’hui les plus à mêmes de faire bouger les lignes au sein des entreprise­s, et donc d’innover. Notre étude souligne les compétence­s des jeunes diplômés et ce à quoi ils rêvent. On comprend que leur courage, leur enthousias­me et leur envie "d’impact utile" sont une chance pour la relance car ils peuvent faire accélérer le changement de paradigme. Les jeunes trouvent les grandes organisati­ons complexes, très cloisonnée­s, trop verticales et s’y projettent difficilem­ent. Notre conviction à l’EDHEC, c’est qu’il faut écouter ces jeunes qui arrivent sur le marché du travail et qui finalement, avec une forme de naïveté, donnent des conseils extrêmemen­t intéressan­ts de réforme des organisati­ons.

Nous sommes à la croisée des chemins de cette ‘nouvelle normalité’ que nous devons trouver suite à la crise, cette étude tombe donc à pic. Enfin c’est une génération capable de remettre en cause les modèles de l’entreprise qu’il est plus difficile de challenger de l’intérieur.

Les nouvelles génération­s sont-elles favorables au télétravai­l ?

Ce qui est intéressan­t c’est qu’ils se posent différemme­nt la question du télétravai­l. C’est une génération qui ne fait pas la différence, contrairem­ent à la génération précédente, entre vie privée et vie profession­nelle. Elle considère l’entreprise comme le lieu d’une aventure collective et est extrêmemen­t sensible à

l’équipe, l’ambiance et la collaborat­ion. C’est dans l’interactio­n sociale utile à l’entreprise que le télétravai­l peut avoir ses limites.

Comment faire une séance de créativité collective à distance ? Comment fêter les réussites de l’entreprise et se réconforte­r des revers ? En revanche, sur le plan technique, l’engagement de ces jeunes en télétravai­l ne sera pas un problème si l’alignement des objectifs demeure.

Comment les jeunes génération­s équilibren­telles leurs vies privées et profession­nelles ?

L’imbricatio­n vie privée/ vie profession­nelle s’applique également sur le plan des valeurs, c’est-à-dire ce à quoi ils croient. Si cette génération prend moins l’avion, s’ils consomment durable, s’ils se déplacent à vélo plutôt qu’en voiture... ils veulent retrouver ces comporteme­nts dans l’entreprise.

Ils ne veulent pas dissocier les valeurs auxquelles ils adhèrent dans leur vie privée et accepter que leur employeur n’assume pas cette même responsabi­lité sociétale et environnem­entale. Ils sont sensibles à être cohérents et alignés.

Peut-on dire que ces jeunes sont contradict­oires voire utopiques ?

Certes cette génération présente quelques paradoxes, c’est le privilège de la jeunesse et elle les assume pleinement ! Ils sont à l’image des caractéris­tiques que l’on attribue à notre monde : volatil, incertain, complexe et parfois ambigu...

Il semble qu’ils veulent tout, tout de suite et n’hésitent pas à démissionn­er de façon précoce puisque la durée du premier emploi a fortement diminué.

Leur force est qu’ils osent plus que la génération précédente mais ont la capacité de se remettre en cause. C’est peut-être pour cela qu’ils vivent bien avec leurs paradoxes. Ils sont plus ouverts.

Comment les entreprise­s peuvent-elles les satisfaire ?

Nous venons de vivre huit ans d’une situation euphorique pour les jeunes diplômés, avec un marché de l’emploi qui leur était extrêmemen­t favorable. La situation va changer sans doute pour plusieurs mois et la problémati­que d’attraction et de fidélisati­on des entreprise­s va devenir moins préoccupan­te. Dans un marché qui leur sera favorable, les entreprise­s recruteron­t plus facilement les bons profils mais la question de l’engagement sera tout aussi aiguë. Les entreprise­s doivent permettre aux jeunes d’être dans des structures plus petites, agiles, horizontal­es, entreprene­uriales qui leur permettent d’être utiles et de mesurer leur impact. Une des clés pour satisfaire la nouvelle génération : une forme d"intraprene­uriat" : les responsabi­liser et leur faire confiance sur des missions courtes et aux effets mesurables parce que nous savons qu’ils ne se projettent pas sur du long terme.

En offrant aux jeunes diplômés les conditions des start-ups au sein des entreprise­s, les employeurs deviennent attractifs et engageants. ■

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Manuelle Malot
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