Mobilité : Canada, les cadres français sont toujours les bienvenus
Malgré la crise sanitaire mondiale, des opportunités restent à saisir pour les Français au Canada et plus particulièrement au Québec. Si les profils tech sont toujours très recherchés, le gouvernement met à jour chaque année un document sur les métiers en tension. L’élément clé de toute préparation d’expatriation au Canada.
e Canada est-il toujours un eldorado pour les cadres Français ? Pour l’élaboration de cet article, nous avons eu l’occasion de parcourir de nombreux forums d’expatriés dont un bon nombre relativise ce que l’on pourrait appeler “Le rêve canadien”. Pour autant, malgré la crise sanitaire mondiale que nous traversons actuellement, des opportunités restent à saisir pour les cadres français. C’est du moins ce que nous confirme Marion Félix, co-fondatrice de la plateforme Maplr, spécialisée dans l’accueil et l’accom
pagnement de profils tech au Canada. “Nous nous occupons de toutes les étapes allant de l’information par le biais de Webinar pour vanter les avantages du Canada, attirer les talents, détaille-t-elle. Nous travaillons également avec les candidats sur la recherche d’emploi en collaboration avec des entreprises partenaires, mais aussi sur le permis de travail, et tout ce qui est administratif.”
Une fois les Français installés au Canada, la plate-forme propose également des événements d’intégration, bien que actuellement les plannings des week-ends sont plutôt chamboulés. Il faut savoir que les structures de ce type sont assez nombreuses au Canada et surtout au Québec. Il est donc très intéressant de s’appuyer dessus pour réussir son intégration, nouer des contacts aussi bien au niveau professionnel que pour enrichir sa vie personnelle.
Marion Félix l’affirme haut et fort, le secteur de l’informatique ne connaît pas la crise au Canada et les besoins sont très importants car les entreprises sur place éprouvent des difficultés à recruter des professionnels au niveau local pour les postes qu’elles ont à pourvoir. “Cela ne s’arrête jamais, assure l’experte. Au Canada, il y a une réelle pénurie de talents dans le secteur, il y a moins d’écoles supérieures spécialisées dans ce domaine et les Canadiens sont nombreux à partir travailler aux
États-Unis, remarque Marion Félix. Nous observons beaucoup de demandes sur tous les métiers et en particulier les profils de développeur.” Pour autant, il ne faut pas oublier qu’actuellement, certains programmes d’expatriation sont stoppés, tout comme certaines entreprises ont remis un certain nombre de leurs recrutements à plus tard. Mais, selon Marion Félix, les restrictions ne pourront pas s’installer dans le temps car les entreprises vont avoir, de nouveau, besoin d’embaucher.
Si, on l’a bien compris, les profils tech français sont globalement plutôt bienvenus au Canada, il est important de se faire accompagner par des personnes déjà installées sur place. “Pour venir travailler au Canada, le cadre français, ou étranger doit être sponsorisé par une entreprise pour obtenir un permis de travail, détaille Marion Félix. Sur ce plan, mieux vaut être accompagné car toute la partie administrative pour s’expatrier au Canada est plutôt fastidieuse.”
DIFFÉRENCES CULTURELLES
Une fois sur place, le Canada et plus particulièrement le Québec offre le cadre de vie agréable qu’on lui connaît. Il faut tout de même avoir en tête que les habitudes de vie et notamment celles liées au travail sont bien différentes de ce que l’on peut
trouver en France. Selon Marion Félix, les salariés sont nombreux à quitter leur travail à 16 heures 30 et les papas nombreux à aller chercher leurs enfants à l’école ou à la crèche. Les Québécois ont à coeur de faire en sorte que les salariés soient bien dans leur vie personnelle pour être performants au niveau professionnel. “Ce sont des différences notables, remarque Marion Félix. De nombreux cadres parisiens ont l’habitude de travailler jusque 19 heures alors qu’au Canada, l’objectif pour les employeurs est aussi de préserver les ressources.” Les différences culturelles sont un point sur lequel insiste Stéphane Myr, fondateur du cabinet Myr Conseil, spécialisé dans le recrutement et la mobilité internationale. “Nous proposons de l’accompagnement en recherche d’emploi dans tous les domaines d’activité et notamment de la préparation aux entretiens de recrutement, détaille Stéphane Myr. La culture québécoise et bien différente de la culture française et les Québécois nous connaissent bien mieux que nous les connaissons.” L’expert assure également que les opportunités pour les cadres français travaillant dans l’informatique ne manquent pas. Il précise pour autant que ces derniers temps avec la crise sanitaire les choses se sont ralenties mais les besoins en main d’oeuvre restent importants. Pour réussir son expatriation, il est important d’adopter la bonne attitude. Stéphane Myr remarque que les Canadiens ont souvent un préjugé soit positif, soit négatif sur les Français. “On représente à la fois quelque chose de riche notamment sur l’aspect culturel, mais nous pouvons aussi avoir une image de donneur de leçons. Cela peut être uniquement dans la manière de s’exprimer.”
Avant toute expatriation, il est important de se rappeler que le Québec reste une région d’Amérique du nord, et le français qui y est parlé est bien différent de la langue utilisée en France. Les interactions se font de manière différente. “Il faut vraiment l’avoir en tête et bien se renseigner sur la manière dont se passent les choses car le savoir-être est extrêmement important dans les entreprises québécoises, explique Stéphane Myr. Parfois, certains candidats collent parfaitement à ce que recherchent les entreprises sur le papier au
LES OPPORTUNITÉS POUR LES CADRES FRANÇAIS TRAVAILLANT DANS L’INFORMATIQUE NE MANQUENT PAS
niveau du CV mais ils ne sont pas retenus car le courant ne passe pas en entretien.” Pour les Français ayant des responsabilités en France, bien souvent, les choses ne vont pas se passer aussi facilement au Québec et ils attendront souvent longtemps avant d’avoir de nouvelles responsabilités. Au-delà de la période compliquée que nous vivons, Stéphane Myr assure que de nombreux Français continuent de s’expatrier au Canada et y réussissent. “Ce n’est pas un mythe, assure-t-il. Pour autant, ils sont aussi nombreux à repartir, l’expatriation pour le Canada étant juste une expérience à durée déterminée, il y a un énorme turn-over.” Concernant les secteurs qui recrutent des expatriés Français, tous les ans le gouvernement du Québec met à jour un fichier avec les métiers pénuriques pour l’année à venir. Cela donne de bons indicateurs sur les besoins et les métiers en tension d’autant que ce document est actualisé tous les ans en début d’année. “En consultant ce fichier, il ne faut pas hésiter à se renseigner sur les différences de dénomination des métiers qui peuvent être très éloignées de celles que l’on utilise en France”, prévient Stephane Myr. ■