L’ÉCART PARIS/RÉGION DIMINUE
L’Île-de-France propose toujours des salaires plus élevés aux cadres, de l’ordre de 10 %. Mais les écarts se réduisent et le télétravail pourrait accélérer cette nouvelle tendance.
Il est d’usage de dire que les salaires des cadres franciliens sont 10 % plus élevés que ceux des cadres qui travaillent dans une autre région. "Cela s’explique par le niveau de vie, plus élevé en Île-de-France, mais aussi par la présence en région parisienne de davantage de sièges sociaux, qui rémunèrent mieux", avance Khalil Ait-Mouloud, responsable de l’activité Enquêtes de rémunération au sein de Gras Savoye Willis Towers Watson. Mais cela tendrait à être de moins en moins vrai. "Les écarts entre les régions du Sud de la France et l’Île de
France sont moins importants qu’auparavant : ils seraient entre 5 et 10 % inférieurs, alors que les salaires des cadres des régions du Nord seraient entre
10 et 15 % inférieurs", rapporte Khalil Ait-Mouloud.
Le baromètre d’Expectra va dans le même sens et note une augmentation des salaires de 3,5 % en région Rhône-Alpes et de 3,3 % en PACA contre 3,2 % en Île-deFrance. "Les salaires des cadres dans les grandes métropoles régionales augmentent fortement car les entreprises sont confrontées à la pénurie de talents. Booster les rémunérations leur permet notamment d’attirer des cadres parisiens qui sont prêts à faire des efforts sur leur rémunération, mais pas de plus de 10 %", analyse Khaled Aboulaich, directeur d'Expectra. Cependant, les offres pour les cadres sont toujours plus nombreuses en Île-de-France et les cadres franciliens réfléchissent toujours à deux fois avant de quitter la région parisienne : il reste en effet la crainte de ne pas trouver un autre emploi si l’on souhaite quitter son entreprise ; et la question du travail du conjoint se pose également. Mais la donne pourrait changer avec le télétravail et influer sur les salaires en région. "Cela ouvre les frontières et offre à des candidats qui vivent hors des grandes métropoles la possibilité de postuler. Cela permettra aux entreprises de faire face à la pénurie de profils et aux cadres de bénéficier d’un salaire plus élevé", pense Albane Prieto, directrice du recrutement permanent chez Robert Half. Elle voit aussi des cadres franciliens s’ouvrir à des offres hors de Paris. Khalil Ait-Mouloud se questionne d’ailleurs sur la rémunération des cadres qui télétravaillent : "Quel salaire proposer à un cadre dont l’entreprise est basée en Île-de-France mais qui travaille depuis n’importe où en France ?" En effet, avec l’émergence du télétravail, les frontières s’estompent. Nathalie Berthelot-Briday, vice-présidente du club Oras, spécule sur une réduction progressive des différences de salaires qui existent actuellement entre Paris et les autres régions. ■