Courrier Cadres

Sophie Engster : “Il faut faire preuve d’audace”

-

Co-fondatrice de la marque de chaussures sur-mesure Chamberlan, Sophie Engster, diplômée de KEDGE, revient sur le grand saut qu’elle a franchi en passant d’un poste confortabl­e dans l’industrie du luxe au statut d’entreprene­ur avec les prises de risques et les doutes que comporte cette nouvelle vie. Pouvez-vous revenir sur votre parcours profession­nel ?

J’ai passé dix ans au sein du groupe LVMH. Tout d’abord chez Givenchy où j’ai suivi mon stage de fin d’études et ensuite, je suis passée chez Dior. J’ai quitté Dior pour créer la start-up Chamberlan en 2015. Mon parcours est particulie­r dans la mesure où chaque poste que j’occupais était un poste nouvelleme­nt créé. C’est-à-dire que tout était à inventer, mais une fois que c’était mis en place, cela perdait de son intérêt à mes yeux..

J’ai par exemple eu l’occasion de créer le site e-commerce de Givenchy quand personne n’y croyait vraiment. C’était passionnan­t. J’ai retrouvé cela avec Chamberlan, il y avait tout à créer, y compris notre propre atelier de fabricatio­n de chaussures.

Quel a été le déclic pour oser lancer votre entreprise ?

Tout est parti d’une anecdote. Je discutais avec un papa qui emmenait son enfant dans la même crèche que mon fils. Et nous nous interrogio­ns sur le fait que la plupart des femmes ont toujours mal aux pieds dans leurs chaussures. Nous avons donc eu l’idée de créer notre propre marque. Nous nous sommes donnés 4 mois pour voir si le projet était viable et nous avons tous les deux quitté nos jobs respectifs.

Comment l’entreprise a-telle vécu la crise sanitaire ?

Juste avant le début de la pandémie, j’étais allée trois fois en Chine car nous venions de signer un important contrat pour être présents chez douze nouveaux revendeurs. Pendant ce temps, en France nous travaillio­ns beaucoup sur les mariages et tout a été arrêté de ce côté-la. Nous avons failli baisser le rideau. Mais nous nous sommes rapidement mobilisés sur la fabricatio­n de masques. Nous avons investi dans des machines, puis déménagé dans un local plus vaste afin d’augmenter la production. A date, nous avons fabriqué 150 000 masques. Nous ne pouvions plus produire de chaussures, nous n’avions plus de commandes et ne recevions plus nos matières premières comme par exemple nos talons d’Italie. Il a fallu s’adapter.

Quel est le moteur de votre vie profession­nelle ?

Je pense que c’est surtout le goût du challenge et l’envie de pouvoir mener un projet d’un bout à l’autre, de maîtriser toute la chaîne et aussi de créer quelque chose qui me ressemble. Je fais souvent preuve d’audace pour atteindre mes objectifs et d’autant plus dans la situation que nous vivons actuelleme­nt.

La création d’entreprise ne repose-t-elle pas également sur une prise de risques ?

Absolument, et nous continuons aujourd’hui à prendre des risques, c’est indispensa­ble pour avancer, surtout quand on n’a pas forcément beaucoup de budget pour développer la partie marketing par exemple, il faut avoir des idées et de l’audace.

En quoi votre formation au sein de Kedge vous a-t-elle aidée dans cette aventure ?

À l’époque j’ai suivi une filière de management et dans cette dominante nous travaillio­ns sur des cas réels d’entreprise­s réelles avec des séminaires de créativité pour nous bousculer dans nos habitudes. Et cela m’a beaucoup aidé. ■

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France