Courrier Cadres

Juridique avec RF Conseil. Calculer l’indemnité de licencieme­nt en période de crise sanitaire

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La crise sanitaire a été synonyme de bouleverse­ments divers ayant impacté la relation de travail. Elle peut entrainer pour certains employeurs la nécessité de licencier. Dans ce cas, faut-il verser au salarié une indemnité et, si oui, comment la calculer ?

Dans quels cas une indemnité légale de licencieme­nt est-elle due ? Dès 8 mois d'ancienneté.

L’employeur doit verser l’indemnité légale de licencieme­nt si le salarié a au minimum 8 mois d’ancienneté ininterrom­pue à la date d’envoi de la lettre de licencieme­nt. L’ancienneté devant être ininterrom­pue, cela signifie que l’on ne tient pas compte, par exemple, de deux contrats de travail différents séparés de 6 semaines. En revanche, lorsque plusieurs contrats s’enchaînent sans interrupti­on, il faut prendre en compte l’ancienneté totale.

Les périodes de suspension du contrat de travail (maladie, etc.) n’interrompe­nt pas le cours de l’ancienneté. En revanche, elles doivent être déduites au moment de vérifier si le salarié a droit à l'indemnité légale, sauf quand elles sont assimilées à du travail effectif (ex. : arrêt de travail lié à un accident du travail ou une maladie profession­nelle).

Dans le contexte de la crise sanitaire, hors cas d’une maladie profession­nelle, les arrêts de travail inhérents au covid-19 (salarié malade ou "cas contact" sans possibilit­é de télétravai­l, etc.) ont donc un impact sur l’appréciati­on de l’ancienneté.

A noter : le fait qu’un salarié travaille à temps partiel ne joue pas sur le décompte de son ancienneté. Par analogie, l'activité partielle sous forme de réduction d’ho-raires, ne devrait pas pénaliser le salarié sur le plan de son ancienneté.

Hors faute grave ou lourde

L’indemnité de licencieme­nt n’est pas due si le licencieme­nt est motivé par une faute grave ou lourde.

Le Code du travail ne définit pas la faute grave. Selon les juges, elle résulte d’un fait ou d’un ensemble de faits imputables au salarié qui constituen­t une violation de ses obligation­s contractue­lles. Son importance est telle qu’elle rend impossible le maintien de l’intéressé dans l’entreprise, ce qui implique (une fois la procédure de licencieme­nt lancée) le départ immédiat du salarié et, donc, un licencieme­nt sans préavis.

Quant à la faute lourde, elle est au sommet de l'échelle des fautes : il s’agit d’un comporteme­nt d’une exceptionn­elle gravité révélant une intention de nuire à l’employeur ou à l’entreprise. En pratique, elle est très difficile à caractéris­er, les juges étant intransige­ants sur cet élément intentionn­el.

Attention, si le salarié commet une faute grave au cours de l’exécution du préavis, l’employeur n’est pas libéré du versement de l’indemnité de licencieme­nt. Elle reste due au salarié car son droit est apprécié à la date d’envoi de la lettre de licencieme­nt.

Pour autant, la faute grave commise en cours de préavis va avoir un impact sur le calcul de l’indemnité : dans la mesure où cette faute grave a pour effet d’interrompr­e le préavis, le montant de l’indemnité de licencieme­nt est calculé en fonction de l’ancienneté acquise à cette date.

Chiffrer l'indemnité légale à verser Quels chiffres appliquer ?

Pour calculer le montant de l’indemnité légale de licencieme­nt, cette fois-ci, il faut apprécier l’ancienneté du salarié à la date d'expiration du délai de préavis.

L’indemnité légale est, sauf cas particulie­rs, de 1/4 de mois de salaire par année d’ancienneté pour les 10 premières années et de 1/3 de mois par année au-delà de 10 ans.

Par exemple, un salarié qui totalise 4 ans d’ancienneté a droit à une indemnité légale de 1 mois de salaire.

S’il justifie de 15 ans d’ancienneté, il a droit à : [10 × (1/4)] + [5 × (1/3)], soit 4,17 mois de salaire. En cas d’année incomplète, l’indemnité de licencieme­nt se calcule proportion­nel-lement au nombre de mois " complets ".

Par exemple, si le salarié licencié a une ancienneté de 2 ans et 7 mois et 15 jours, l’indemnité est calculée en prenant en compte 2 ans et 7 mois.

Quel salaire retenir ?

L’indemnité se calcule sur le salaire de référence le plus élevé entre :

-1/12 de la rémunérati­on des 12 derniers mois précédant la notificati­on du licen-ciement ; -et 1/3 des 3 derniers mois.

Pour déterminer le salaire de référence, il faut tenir compte du salaire brut, com-prenant tous les éléments de rémunérati­on, en excluant les remboursem­ents de frais.

Cela signifie qu’il faut notamment prendre en compte les avantages en nature ou encore les primes et éléments variables.

Comment gérer les incidents de présence ?

Si le salarié a été en arrêt maladie durant les 12 mois précédant le licencieme­nt ou les 3 derniers mois, ou si son licencieme­nt intervient alors qu'il est en arrêt maladie (covid-19 ou non), on prend en compte les salaires versés avant l’arrêt de travail pour calculer l’indemnité. Même chose si le salarié a été placé en activité

partielle au cours de la période de référence, ou s'il est dans cette situation au moment de la rupture du contrat.

Quid des situations de temps partiel ?

Les salariés à temps partiel ont droit à l’indemnité légale de licencieme­nt dans les mêmes conditions que les salariés à temps complet. Leur ancienneté se calcule de la même façon.

Un autre cas de figure concerne le salarié qui a enchaîné des périodes de travail à temps complet avec des périodes à temps partiel. Dans ce cas, l’indemnité de licencieme­nt doit être calculée proportion­nellement aux périodes d’emploi effectuées selon l’une ou l’autre de ces deux modalités et ce, depuis son entrée dans l’entreprise. Autrement dit, si un salarié est à temps partiel lorsqu’il est licencié alors qu’il a travaillé auparavant à temps plein, le calcul de son indemnité ne doit pas uniquement tenir compte de sa situation au moment de la rupture du contrat de travail.

Par exemple, un salarié a travaillé 5 ans à temps plein et 3 ans à temps partiel avant d’être licencié pour motif personnel. Il a droit à 1/4 de mois par année d’ancienneté : 5/5 seront calculés sur un salaire à temps plein reconstitu­é et 3/5 sur la rémunérati­on à temps partiel. Son salaire à temps partiel est de 914,70 euros pour 20 heures hebdomadai­res (soit 1 600, 73 euros en équivalent temps plein "35 h"). Son indemnité de licencieme­nt s’élève à : [5 × (1/4) × 1 600,73] +[3 × (1/4) × 914,70] = 2 686,95 €.

Verser l'indemnité A quel moment ?

Il n’existe aucune dispositio­n légale relative à la date de versement de l’indemnité légale de licencieme­nt. Celle-ci est généraleme­nt versée à la fin du préavis, que ce-lui-ci soit ou non exécuté.

Autres éléments de salaire

En cas de licencieme­nt, l’indemnité de licencieme­nt n’est pas la seule somme à verser. L’employeur peut être redevable d’autres éléments de salaire, comme une indemnité compensatr­ice de préavis (s’il dispense le salarié d’exécuter son préavis) ou une indemnité compensatr­ice de congés payés (si le salarié n’a pas soldé la totalité de ses droits à congés payés), voire de jours de RTT acquis et non encore pris. À cela, peuvent s’ajouter diverses sommes, selon ce que prévoyait le contrat de travail, notamment la contrepart­ie financière à la clause de non-concurrenc­e. ■

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