Flotte auto : Outils de gestion, les logiciels parés pour la crise
Réduction des déplacements et des contacts, télétravail, changement des habitudes, la crise sanitaire a un impact important sur l’utilisation des flottes d’entreprise et leurs coûts. Grâce à la digitalisation de la gestion qu’ils permettent, les innovations des logiciels ont permis aux décideurs de s’y adapter rapidement.
Couvre-feu, diminution des déplacements mais aussi retour en grâce de la voiture individuelle considérée comme plus sûre car limitant les contacts sociaux : la pandémie de Covid19 n’a pas épargné le quotidien de la gestion de flotte et pas seulement en modifiant le kilométrage réalisé par les salariés. Distanciation sociale et télétravail obligent, les décideurs sont peu en contact avec les utilisateurs de véhicules, ce qui les conduit à faire appel plus que jamais aux outils numériques pour assurer leur mission. Conséquence des nombreuses innovations introduites par les concepteurs de logiciels, la digitalisation massive de la gestion de flotte en cours depuis plus de dix ans a trouvé dans la crise une légitimation inattendue. Son premier atout réside dans le fameux "cloud" qui délocalise les données sur des serveurs externes aux entreprises. C’est grâce à lui que la plupart des outils de gestion sont devenus accessibles en ligne depuis un téléphone ou un ordinateur portable à travers des plates-formes sécurisées, de quoi permettre de passer au télétravail sans contrainte et avec un minimum de temps d’adaptation. Une réalité pour les outils des "pure players" concepteurs de logiciels tout comme pour les plates-formes numériques proposées par les loueurs. La promesse de départ de tous les logiciels de gestion de flotte est la même : contrôler au mieux l’utilisation, l’entretien et la restitution des véhicules afin de diminuer le plus possible leur coût total d’utilisation. La plupart proposent donc des fonctionnalités de base identiques : intégrer les données de kilométrage, de coût du carburant, des factures d’entretien afin de permettre au gestionnaire d’affiner sa politique au plus près des besoins et de limiter les surcoûts. La concurrence
étant féroce entre les acteurs du marché, la course à l’innovation fait toujours rage, et c’est désormais l’ensemble de la relation loueur, fournisseur, utilisateur qui est prise en charge de manière de plus en plus détaillée. Par exemple, les logiciels se mêlent désormais du choix du véhicule par le collaborateur. Le logiciel de gestion Trax-IT de TraXall, spécialiste de la gestion de flotte automobile en est un bon exemple. Laurent Hauducoeur, son directeur commercial, explique : "Nous avons développé des modules de configurateurs de véhicules qui permettent d’accompagner des stratégies de flottes automobiles des entreprises tout en veillant à la satisfaction de leurs collaborateurs. Cela passe aussi par notre module Showroom qui permet de leur proposer des véhicules d'anciens salariés, disponibles immédiatement et de catégorie supérieure à leurs droits habituels : un moyen de les motiver tout en évitant une restitution anticipée, toujours plus coûteuse". Même crédo chez les loueurs qui proposent désormais aux entreprises de digitaliser le renouvellement de leur parc. Leaseplan met à disposition de ses clients professionnels depuis novembre 2020 une interface dédiée qui permet de piloter les contrats de location, par exemple en informant automatiquement le collaborateur qu’il peut choisir son nouveau véhicule dans le configurateur lorsque le contrat de son modèle est en passe de se terminer. La relation entre le loueur et les décideurs est d’ailleurs elle-même de plus en plus digitalisée. Laurent Hauducoeur poursuit : "Nous proposons un module de mise en concurrence des loueurs pour les entreprises qui ont recours à la location longue durée. Cela leur permet de travailler avec plusieurs d’entre eux sans augmenter la charge de travail et surtout d’avoir une vision unique dans le logiciel. Nous avons enfin un module d’enchères inversées qui permet au loueur qui n’est pas en position d’emporter la commande d’améliorer sa proposition". Comme il se doit, une grande partie du travail des éditeurs consiste à intégrer dans leurs logiciels les incessantes modifications fiscales et législatives. Certains logiciels comme celui de l’éditeur GAC Technology, Car Fleet, intègrent même désormais les vignettes Crit’air afin de proposer aux collaborateurs des véhicules adaptés à leur zone d’utilisation. Ils sont de plus en plus nombreux à intégrer les émissions de CO2 des voitures, ce qui permet aux gestionnaires de piloter au quotidien la diminution des émissions, conformément à la responsabilité sociale des entreprises.
LES SPÉCIALISTES TOUJOURS EN EMBUSCADE
Malgré l’existence de plates-formes de gestion toujours plus intégrées, il existe encore un espace pour des logiciels très spécialisés. Citons par exemple WeProov Fleet qui s’attaque à l’épineux problème de la restitution des véhicules à la fin des contrats de location. Cette start-up donne les moyens aux utilisateurs de réaliser eux-même l’inspection du véhicule avant restitution et de gérer la totalité des incidents durant la période d’utilisation grâce à une solution d’identification et de chiffrage du coût des dommages. De quoi économiser de nombreuses heures de démarches pour le gestionnaire comme pour les salariés. Coyote, connu pour ses outils grand public d’aide à la conduite, met également en avant pour les entreprises une offre centrée autour de la géolocalisation à laquelle la crise du Covid a donné un coup de pouce inattendu. Olivier David, directeur commercial précise : "Nous observons une demande plus importante de la part des entreprises pour notre solution de tracking contre le vol, particulièrement pour les véhicules les plus essentiels à leur activité. La crise a agi comme une prise de conscience". La géolocalisation des véhicules de flotte a d’ailleurs eu des bénéfices indirects dans la gestion de la pandémie par les entreprises : "Dans le cas des véhicules partagés, nos solutions d’identification des conducteurs ont permis à certaines entreprises de retrouver des cas contact lors de contamination d’un salarié utilisateur par le virus", conclut Olivier David. La confirmation que dans la gestion de flotte comme pour d’autres secteurs de l’économie, la crise est un accélérateur de tendance. ■