Courrier Cadres

Mobilité : Lille, l’eldorado des cadres qui rêvent d’ailleurs

- Par Fabien Soyez.

Principale ville des Hauts-de-France à accueillir les cadres, surtout francilien­s, Lille présente de nombreux atouts. Axée sur les services à forte valeur ajoutée, la capitale des Flandres ne recrute pas que dans l’informatiq­ue. L’industrie, le retail et les métiers en tension seront tout autant porteurs. Malgré la crise du Covid.

Partir travailler à Lille : une punition ou une chance pour les cadres ? Loin des clichés, “la réalité est que ceux qui s’y installent y restent”, observe Julien Barrois, managing director chez Page Personnel. Ce n’est pas la ville la plus attractive. Elle attire moins que Nantes ou Bordeaux. Mais les nouveaux arrivants finissent tous par la plébiscite­r”. À l’instar d’autres régions rurales et peu prisées pour leur climat (Grand Est, Normandie), les Hauts-deFrance perdent tous les ans plus de personnels d’encadremen­t qu’elles n’en gagnent. “Mais c’est moins vrai pour la métropole lilloise, qui présente de nombreuses opportunit­és”, note Valérie Fenaux, déléguée régionale Hauts-de-France de l’Apec. Dans les faits, la région se classe parmi les 5 premières pour l’emploi des cadres en France. Mais c’est la Métropole Européenne de Lille (MEL) qui est à l’origine de cette dynamique. 31 % des 239 000 cadres en poste dans les Hauts-de-France travaillen­t dans la communauté urbaine de Lille. Chaque année, elle capte 40 % des nouveaux arrivants. “Il y a un effet de métropolis­ation, mais aussi une montée en compétence sur les services dans cette zone d’emploi, qui est favorable aux cadres”, explique Valérie Fenaux. “La région se compose de territoire­s de nature très différente : des zones rurales peu peuplées, des bassins industriel­s en mutation, des territoire­s urbains dynamiques. À ce titre, la MEL se distingue avec une spécificit­é marquée dans les services à forte valeur ajoutée, en particulie­r dans les activités informatiq­ues et le conseil aux entreprise­s”, ajoute-t-elle. La MEL compte deux “pôles d’excellence” liés au numérique et à l’innovation biomédical­e, 80 sièges d’entreprise­s de plus de 500 salariés, ainsi que plusieurs grandes sociétés de l’IT, comme Microsoft et OVH. Le paysage économique lillois est aussi marqué par une industrie puissante, dans l’agro-alimentair­e (Lesaffre, Roquette) et le textile. Ainsi que par la présence de groupes emblématiq­ues du retail, comme Auchan et Castorama. “Lille présente d’autres atouts : une position géographiq­ue stratégiqu­e, au croisement des échanges européens ; de nombreuses grandes écoles et université­s ; une vaste offre culturelle ; et une bonne qualité de vie”, note Valérie Fenaux. Même si les salaires des cadres sont moins élevés qu’à Paris, “l’immobilier et le coût de la vie aussi”, observe Julien Barrois.

UNE TERRE D’ACCUEIL DES CADRES FRANCILIEN­S

Pour toutes ces raisons, la MEL attire de nombreux cadres venus d’ailleurs. “Il y a ceux à la recherche de nouvelles opportunit­és et d’une meilleure qualité de vie, et ceux qui sont originaire­s de Lille (25 %) et qui retournent aux sources”, note Julien Barrois. Les cadres nouvelleme­nt installés viennent surtout d’Île-de-France (42 %)

et du Grand-Est (10 %). Selon l’Apec, les francilien­s citent volontiers Bordeaux et Marseille parmi leurs premières intentions de mobilité. Mais quand ils “passent à l’acte, confrontés à la réalité du marché”, ils sont finalement nombreux à rejoindre Lille.

En conséquenc­e, “malgré le déficit d’attractivi­té de la région, le marché de l’emploi des cadres reste porteur dans la MEL”, indique Julien Barrois. Même la crise du Covid-19 ne semble pas avoir affecté les intentions d’embauche des entreprise­s. “Il y a eu un impact sur l’économie locale, mais beaucoup de sociétés ont pu continuer leur activité à peu près normalemen­t ; dans la grande distributi­on, ainsi que les services”. En 2019, les entreprise­s lilloises ont accueilli plus de 7 000 nouveaux cadres du privé, particuliè­rement des informatic­iens et des commerciau­x. L’Apec prévoyait l’embauche de 7 600 personnes en 2020 dans la métropole, mais les recrutemen­ts ont été deux fois moindres, suite au premier confinemen­t. “Il y a eu une baisse de 26 % des offres en un an. Dont - 32 % pour les jeunes diplômés”, constate Valérie Fenaux. Mais les recrutemen­ts ont rebondi. Alors que les offres en 2020 ne s’élèvent qu’à 8 000 dans la métropole, on en compte déjà 1 800 sur le seul mois de janvier 2021. Avec 75 % d’entre elles dans le tertiaire.

INGÉNIEURS, TECHNICO-COMMERCIAL, CONTRÔLEUR­S DE GESTION...

En 2021, le secteur le plus porteur pour les cadres à Lille devrait être celui des services à forte valeur ajoutée. En premier lieu les activités informatiq­ues, les fonctions commercial­es - marketing, les banques et assurances, la gestion / finance, et l’ingénierie - R&D. Les métiers les plus prisés devraient être : les ingénieurs en développem­ent informatiq­ue, les cadres technico-commerciau­x, les contrôleur­s de gestion et les directeurs financiers. Des fonctions rémunérées entre 42 000 et 56 000 euros bruts par an, nécessitan­t un niveau bac+5, et une expérience comprise entre 5 et 10 ans.

“Il y aura moins d’opportunit­és pour les débutants (moins de 35 ans), ainsi que pour les plus de 55 ans”, relève Valérie Fenaux. À noter, paradoxale­ment, que 80 % des cadres nouvelleme­nt arrivés ont moins de 40 ans. Une tranche d’âge “plus mobile, et intéressée par les start-up innovantes”, note Julien Barrois. Plusieurs autres métiers, pénuriques, devraient être porteurs. Il devrait notamment s’agir, dans la constructi­on, des ingénieurs en travaux publics. Dans l’industrie, les responsabl­es maintenanc­e devraient être très sollicités. “Les entreprise­s du retail, qui continuent de se développer, devraient aussi faire appel à des cadres de l’immobilier et de la constructi­on, ainsi qu’à des experts en performanc­e opérationn­elle, estime Julien Barrois. Et l’industrie, en pleine révolution, aura besoin d’ingénieurs R&D”. Valérie Fenaux conseille aux cadres tentés par la mobilité de “bien se renseigner sur la MEL, mais de ne pas hésiter”. Selon elle, même les jeunes diplômés “y trouveront des opportunit­és, notamment dans l’informatiq­ue.” Et pour les seniors, “il y aura toujours des entreprise­s à la recherche de cadres expériment­és, pour peu qu’il s'agisse de métiers en tension”.

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