Mutation : De l’agro-fourniture à la plomberie
Après 15 années passées dans le monde de l'agrofourniture et de l'environnement, en tant que directeur commercial, Hervé Cousin s'est reconverti en 2011 vers un métier “plus concret” : plombier. Aujourd’hui, 10 ans après sa reconversion, il est à la tête de son entreprise. Et continue finalement de manager des équipes.
Hervé Cousin n’a jamais perçu la plomberie comme une “vocation” possible. Passionné de chevaux, ce Lillois d’origine étudie à l’Ecole Supérieure d'Agriculture (ESA) d’Angers, où il suit une formation en nutrition animale. En 1997, il rejoint Purina, groupe spécialisé dans la production d’aliments pour animaux nondomestiques. Responsable commercial, il anime un réseau de distributeurs franchisés. Puis, en 2000, il devient directeur métier chez Glon-Sanders, toujours dans la nutrition animale. Il met en place la stratégie du “département cheval” de l’entreprise, et anime une équipe de 10 technico-commerciaux, à Paris puis Nantes.
UN MÉTIER PLUS CONCRET
Suite à plusieurs réorganisations internes, il démissionne avec l’objectif “d’élargir ses horizons”. Après avoir suivi un MBA “gestion et management stratégique de l’entreprise” à l’ICGIFG, il rejoint en 2004 une start-up spécialisée dans le traitement des eaux polluées. Directeur commercial, il met en place un réseau de distribution et une équipe de 8 agents commerciaux. Sa carrière de cadre dans l’agroalimentaire animal puis la dépollution des eaux va dans le sens de son goût pour l’environnement : “Le secteur m’intéressait, ainsi que mes postes managériaux et commerciaux... Mais en 2011, j’étais las de conjuguer stress et incertitudes, car mon entreprise faisait face à de trop nombreux blocages réglementaires. La crise de la quarantaine faisant, j’ai alors ressenti le besoin d’exercer un métier plus concret, avec une satisfaction client plus rapide”. Gardant “une forte appétence pour l’eau et les énergies renouvelables”, il choisit de suivre une formation de plombier chauffagiste. Son CAP “Installateur en thermique et sanitaire” en poche, il lance son activité, qu’il baptise MonCousin Plombier. Sa petite entreprise se spécialise dans l’alimentation en eau, les appareils sanitaires, les chaudières, la climatisation,
la collecte des eaux pluviales et la distribution de chaleur / froid. Mais avant cela, Hervé Cousin a réalisé une étude de marché très approfondie : “Je trouvais ce métier intéressant et stimulant, sur le plan technique (en tant que passionné de bricolage), intellectuel et environnemental. Avec des technologies innovantes, comme les pompes à chaleur et le solaire thermique. En outre, la demande immobilière à Nantes était grande, les plombiers étaient proches de la retraite, et c’était un marché très atomisé. Je me disais qu'il y avait des opportunités de business intéressantes”. Autour de lui, Hervé Cousin s'est aussi forgé un réseau d'amis entrepreneurs et investisseurs, qui l'ont conforté dans son projet. “Avec un bon business plan et une formation à la clé, il n'y avait pas de raison pour que ça ne marche pas”, explique-t-il. Avec du recul, Hervé Cousin liste les raisons pour lesquelles sa reconversion s'est faite sans accrocs : “j’étais soutenu par mon entourage,j'ai bénéficié d'un certain nombre d'aides pour monter mon entreprise, et j'ai aussi suivi une formation,avec beaucoup d'humilité, en acceptant de tout apprendre de zéro”. Selon lui ce métier “ne s'improvise pas”. Et si au départ, il n'a pu totalement écarter la crainte de “s’être trompé de voie”, il insiste : “cela reste une prise de risque, mais l’essentiel c'est de réaliser une étude de marché la plus complète possible. Et bien sûr de se former à l’activité que l’on vise, afin de connaître ce vers quoi on se lance”.
UNE RECONVERSION NE S’IMPROVISE PAS
S’il n’avait pas étudié le secteur de la plomberie, il n’aurait peut-être pas réalisé qu’il était possible de gagner plus d’argent ainsi qu’en restant cadre supérieur. Au départ, le risque financier était là, mais ayant bénéficié d’une rupture conventionnelle chez son précédent employeur, il bénéficie des allocations chômage. Ainsi que de l’Accre. “Après 24 mois à bénéficier des revenus de l’assurance chômage, j’ai pu me verser mon premier salaire, à hauteur de 3 000 euros par mois. Depuis, mes revenus ont largement progressé”, indique-t-il. Même s'il estime que son salaire aurait probablement évolué s'il était resté chez son ancien employeur, ce qu’il a gagné en plus, c’est “la liberté, l’indépendance, les rapports humains plus spontanés et les challenges” que lui apportent l’artisanat et l’entrepreneuriat. Aujourd'hui, Hervé Cousin est à la tête d’une dizaine de salariés. Il a aussi lancé, récemment, une seconde activité : MonCousinÉlectricien. Son quotidien mêle désormais activité de terrain et responsabilités managériales et commerciales. “À force de développer mon activité, j’ai hélas de moins en moins de temps pour me rendre sur les chantiers en tant qu’exécutant, note-t-il. Mais ma valeur ajoutée était de toute façon, dès le départ, ailleurs que sous l’évier : mieux vaut pour moi embaucher des plombiers expérimentés, et bien les manager. Car ma force était davantage dans le développement commercial, la gestion et la diversification d’une entreprise”. Pleinement satisfait par sa vie actuelle, il ne regrette “pas une seconde” de s’être reconverti. Et se tourne davantage vers l’avenir. Celui de ses sociétés, qu’il espère voir continuer à grandir. ■
LE BESOIN D’EXERCER UN MÉTIER PLUS CONCRET, AVEC UNE SATISFACTION CLIENT PLUS RAPIDE