Courrier Cadres

Patrimoine : Limiter la taxation à l’IFI, quelles solutions ?

- Par Elisabeth Torres.

Être propriétai­re immobilier, passé un certain seuil, expose à l’impôt sur la fortune immobilièr­e (IFI). Mais des solutions existent pour tenter d’y échapper, ou du moins réduire la facture fiscale.

n impôt chasse l’autre. Si les pouvoirs publics ont supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en janvier 2018, ils n’ont pas tout à fait abandonné l’idée de taxer les contribuab­les les plus aisés, puisqu’ils ont alors mis en place l’IFI. Ce nouvel impôt vise les gros propriétai­res fonciers. Plus précisémen­t, y sont soumis les foyers fiscaux dont le patrimoine immobilier - non affecté à l’activité profession­nelle- excède 1 300 000 euros au 1er janvier de l’année. Ce seuil peut être en réalité vite atteint, en particulie­r lorsqu’on possède un bien dans la capitale où le mètre carré moyen continue de dépasser 10 500 euros.

Le foyer au sens large

L'IFI prend en compte les biens immobilier­s détenus par l’ensemble des personnes composant le foyer fiscal. Celui-ci est composé, selon les cas, d'une personne vivant seule (célibatair­e, veuf, divorcé, séparé), ou de personnes vivant en couple. Les biens des enfants mineurs dont le contribuab­le a l'administra­tion légale sont également pris en considérat­ion, à l’inverse des biens d’enfants majeurs, même rattachés au foyer fiscal de leurs

parents au titre de l’impôt sur le revenu (IR). Sur le plan territoria­l, l’IFI s’applique aux personnes physiques fiscalemen­t domiciliée­s en France à raison de tous leurs biens immobilier­s, que ceux-ci soient situés en France ou à l’étranger. Quant aux personnes fiscalemen­t domiciliée­s à l’étranger, elles peuvent être également soumises à l’IFI au titre des biens dont elles sont propriétai­res en France.

L’immobilier sous toutes ses formes ou presque

La notion de patrimoine immobilier taxable à l’IFI s’entend au sens large puisqu’elle inclut la pierre papier. Les immeubles susceptibl­es d’entrer dans l’assiette de cet impôt - évalués au 1er janvier de l’année – recouvrent de fait l’ensemble des biens et droits immobilier­s détenus directemen­t ou indirectem­ent par le contribuab­le, à savoir les constructi­ons (maisons, appartemen­ts…), les terrains, mais aussi les parts de sociétés civiles immobilièr­es (SCI), de sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), d’organismes de placement collectif immobilier (OPCI), sans oublier la valeur de rachat représenta­tive d’actifs immobilier­s logés dans les unités de compte de contrats d’assurance vie, à l’exception des fonds euros en immobilier. Autres biens échappant à l’IFI, les bois et forêts, et les parts de groupement­s forestiers, à concurrenc­e de 75 % de leur valeur. Sont également exclus les biens immobilier­s profession­nels, comme par exemple le local d’un commerce dans lequel le contribuab­le exerce son activité profession­nelle. “De même les biens affectés à une activité de location meublée peuvent, sous certaines conditions, bénéficier de l'exonératio­n des biens profession­nels”, précise Mariem Karoui, responsabl­e du départemen­t Ingénierie patrimonia­le du cabinet de CGP Haussmann Patrimoine. Pour être profession­nel à l’IFI (en cas d’activité exercée en direct), explique l’experte, les trois critères cumulatifs suivants doivent être remplis : ces mêmes revenus doivent être supérieurs à 23 000 euros pour une année civile, les loyers TTC (charges comprises) de la location meublée doivent être supérieurs au montant total des autres revenus profession­nels (les pensions de retraite ne sont pas à prendre en compte), et la location doit être exercée à titre principal (le loueur ne doit pas

exercer d’autre activité profession­nelle par ailleurs, à défaut, cette activité ne doit pas être son activité principale). Les critères retenus lorsque l’activité est exercée au travers d’une société diffèrent quelque peu : dans une société à l’IR, l’activité de location meublée doit être exercée à titre profession­nel et principal, dans une société à l’IS, le redevable doit exercer des fonctions de direction et être rémunéré à ce titre (la rémunérati­on doit représente­r plus de 50 % de ses revenus profession­nels). Il doit également détenir, dans certaines formes sociales, au minimum 25% des droits de vote. La résidence principale du contribuab­le doit être intégrée dans l’assiette de l’IFI, mais elle bénéficie d'un abattement de 30 % de sa valeur.

Réduire l’assiette

L’IFI n’étant dû qu’au-delà d’un patrimoine immobilier de 1,3 millions d'euros, si l’on souhaite échapper à cet impôt, il faut faire en sorte de diminuer la valeur globale de ses biens fonciers. La solution la plus simple consistera­it bien sûr à en vendre tout ou partie, mais il en est d’autres. “On peut acheter un immeuble en nue-propriété”, explique Mariem Karoui. En effet, dans ce cas, c’est l’usufruitie­r, et lui seul, qui supporte l’IFI. On pourra par exemple acquérir un appartemen­t en nue-propriété, tandis qu’un bailleur institutio­nnel en achètera l’usufruit temporaire sur 15 ans. Sans compter que le bien acquis en démembreme­nt de propriété est assorti d’une décote, ce qui permet de se constituer un patrimoine immobilier à moindre coût. Autre option, consentir une donation d’usufruit temporaire d’un appartemen­t à un enfant étudiant. Les groupement­s forestiers faisant partie des biens qui échappent à certaines conditions à l’IFI, on peut également utiliser ce levier. “Prenons le cas d’un contribuab­le, Monsieur Y, âgé de 60 ans, reprend l’experte. Il dispose d'un patrimoine immobilier et financier important et diversifié. Ses biens immobilier­s sont taxables à l’IFI à concurrenc­e de 6,196 millions d'euros, soit un IFI de 50 000 euros par an (pour une tranche marginale de 1,25 %). Il vient de céder un actif immobilier pour 300 000 euros et ne souhaite pas que son réinvestis­sement vienne alourdir dans les mêmes proportion­s sa taxation à l’IFI. Il aimerait dans le même temps diversifie­r ses avoirs financiers et intégrer la dimension 'transmissi­on' dans son investisse­ment. Son conseiller patrimonia­l lui recommande d’envisager l’achat de parts de groupement­s forestiers (GF) pour un

montant de 300 000 euros. En effet, les parts de GF bénéfician­t d’une exonératio­n de 75 % sur leur valeur taxable à l’IFI, elles n’entreraien­t (pour un investisse­ment de 300 000 euros) dans le champ de cet impôt qu’à hauteur de 75 000 euros(soit une exonératio­n de 225 000 euros). Ainsi, son IFI à payer passerait de 50 000 euros à 47 200 euros, soit un gain annuel de 2 800 euros. En parallèle, en cas de décès, les parts de ses GF ne seront valorisées qu’à hauteur de 25 % dans sa succession, ce qui viendra alléger les droits de succession de ses héritiers (par comparaiso­n avec la détention d’un actif immobilier par exemple).”

Déduire les dettes

Baisser sa facture d’IF peut aussi passer par la déduction de dépenses immobilièr­es, au 1er janvier, d’améliorati­on, de constructi­on, de reconstruc­tion, d’agrandisse­ment, mais aussi des charges d’emprunts immobilier­s en cours (à hauteur du capital restant dû), ou encore d’impôts immobilier­s telle que la taxe foncière (à l’exclusion de la taxe d’habitation). Enfin, on peut réduire le montant de son IFI par le biais de dons à une fondation, une associatio­n d’utilité publique, ou encore un établissem­ent de recherche... Une telle réduction est possible à concurrenc­e de 75 % du don, et dans la limite de 50 000 euros par an et par contribuab­le. Ne pas oublier de demander un justificat­if à l’organisme bénéficiai­re. ■

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