Courrier Cadres

UN RISQUE DE PRESSION POUR LES SALARIÉS

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Selon Carl Cederström, enseignant-chercheur en sciences des organisati­ons à l'université de Stockholm et co-coauteur du "Syndrome du bienêtre" :“Plus nous tentons d'être heureux, plus nous devenons malheureux. En réalité, les entreprise­s ne se soucient pas du bonheur de leurs salariés, mais de leur engagement. Puisque les gens ont du mal à trouver du sens dans leur travail, le rôle des hapiness managers est de construire un faux engagement. L'effet pervers de cette politique, c'est de mettre la pression sur les salariés : vous devez être heureux sur votre lieu de travail, ou vous entraîner afin de le devenir, si vous voulez y rester. On attend de vous que vous ayez des pensées positives, que vous participez à des programmes de développem­ent personnel, que vous gardiez le sourire. De cette injonction résulte de l’anxiété et de la culpabilit­é. La conséquenc­e est une intérioris­ation de l'inutilité, qui est l'autre face du "positive thinking". Si tout ce que je réussis est la conséquenc­e de mes seuls actes, le contraire est tout aussi vrai : tous les échecs de ma vie sont de mon seul fait. Le système, la structure, l’organisati­on et les conditions de travail n’y étant bien sûr pour rien. Comment résister à ce syndrome ? En comprenant d’abord que si vous n'êtes pas heureux dans votre travail, ce n'est pas forcément de votre faute, mais que c'est peut être lié à votre travail lui-même ; parce que vous exercez un “bullshit job” (vide de sens), ou que vos conditions de travail sont néfastes. Et enfin que vous n'avez pas besoin d'être toujours heureux”.

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