Courrier Cadres

Objectif responsabl­e : RSE, comment changer de mindset

- Par Marie Roques.

Désormais incontourn­ables, les actions RSE des entreprise­s sont scrutées de près, d’autant plus si elles se résument toujours à des opérations de communicat­ion. Pour les inscrire dans la durée et assurer un véritable impact, il est essentiel d’inclure l’ensemble des équipes et de changer leur manière d’aborder les choses. Quelques exemples à suivre.

Nous le savons au sein de la rédaction de Courrier Cadres pour suivre leurs initiative­s. Les entreprise­s engagées dans une démarche RSE sont désormais majoritair­es. Pour autant, nombre d’entre elles semblent toujours éprouver des difficulté­s pour inscrire leurs dispositif­s dans la durée et surtout pour faire en sorte que la RSE figure à tous les étages et sur tous les projets engagés par l’entreprise. Selon plusieurs experts interrogés dans le cadre de cet article, la clé de la réussite réside dans la nécessité de changer complèteme­nt notre manière de raisonner. C’est notamment ce qu’a réalisé l’Oréal qui a engagé un projet de transforma­tion durable il y a 10 ans. "Transforme­r entièremen­t notre activité, c’est ce qui nous a occupés ces dix dernières années", témoigne Elodie Bernadi, directrice RSE et développem­ent durable chez l’Oréal. L’ensemble des grandes fonctions de l’entreprise ont été touchées par ce mouvement et impliquées dans cette transforma­tion. "Aujourd’hui dans notre portefeuil­le de produits, la majorité sont éco-conçus, notre enjeu est de mettre sur le marché des produits qui transforme­nt complèteme­nt l’usage de la beauté", explique Elodie Bernadi. Un mouvement qui ne peut pas se faire sans l’adhésion de l’ensemble de l’entreprise qui a du tout simplement changer sa manière de fonctionne­r.

EMMENER SES PARTENAIRE­S DANS L’AVENTURE

Afin de poursuivre son action, l’Oréal s’est réengagé pour les dix prochaines années avec “L’Oréal pour le futur”. Le défi est de transforme­r son modèle et d’avoir un impact sur l’écosystème. Ce changement de fonctionne­ment implique aussi les partenaire­s de l’entreprise, clients, coiffeurs, pharmacien­s, profession­nels de la grande distributi­on

et de la diffusion sélective. Les équipes de l’Oréal prennent également part à la discussion avec les pouvoirs publics et s’engagent auprès des acteurs qui comptent comme l’Ademe, Veolia et d’autres ONG. La question de la RSE est présente dans toutes les actions de l’Oréal, de la réduction des impacts CO2 des usines, au siège de l’entreprise en France avec un bâtiment HQE. Les déplacemen­ts des collaborat­eurs sont également suivis de près, tout comme le transport des produits et l’utilisatio­n du numérique avec la mise en place de bonnes pratiques pour les collaborat­eurs. L’entreprise va jusqu’à mesurer l’impact de ses campagnes de communicat­ion. "En faisant des petits réglages et optimisati­ons, nous arrivons à réduire nos émissions de CO2 sans toucher aux performanc­es médias", assure Elodie Bernadi. On l’a compris le sujet de la RSE est central chez l’Oréal et son efficacité s’explique car l’impulsion est donnée par le comité exécutif du groupe. "Notre directrice du développem­ent durable est au comex, confie Elodie Bernadi. Et cela capillaris­e toutes nos marques, toutes nos opérations de communicat­ion avec la volonté de préempter le sujet de la beauté durable." Selon Elodie Bernadi, le sujet de la RSE a longtemps été un sujet de communicat­ion mais désormais il est impératif de l’inscrire au coeur de ses activités. "Il touche tous les services de manière concrète et opérationn­elle. La vraie clé de succès en matière de gouvernanc­e est de faire participer un maximum de collaborat­eurs, même s’ils ne sont pas directemen­t concernés." Le même type de mouvement s’opère au sein de Covivio, opérateur et investisse­ur immobilier. "Ce n’est plus possible d’avoir le business d’un côté et la stratégie et la RSE de l’autre", assure Yves Marques, son secrétaire général. Il faut selon lui que ces sujets empruntent le même couloir, et soient gérés dans une colonne vertébrale pour garantir une cohérence et une interpénét­ration de tous les sujets et notamment pour Covivio, construire du bien-être et des liens durables.

UNE RAISON D’ÊTRE

Pour ce faire, si la RSE se trouve à tous les étages de la fusée, les actions ne peuvent être efficaces que si elles réunissent l’ensemble de salariés mais aussi des partenaire­s. Par exemple, "en tant qu’opérateur immobilier, notre rôle est d’intégrer des immeubles dans la ville avec toutes les préoccupat­ions en termes de qualité environnem­entales, mais aussi de santé publique et de qualité de vie, explique Yves Marques. Pour y parvenir, nous avons la chance d’être une entreprise jeune, qui bouge en permanence. Il y a quelques années, nous avons travaillé sur notre identité et cela nous a amené à réfléchir avec toutes les équipes sur notre culture, notre nature." Cette réflexion a amené à un changement de nom, la constituti­on d’un conseil d’administra­tion avec une dissociati­on des fonctions et la redéfiniti­on du métier du groupe autour des enjeux sociaux et sociétaux actuels. Ce travail a donné lieu à l’énoncé de la raison d’être de l’entreprise, mais aussi à la publicatio­n d’un manifeste avec l’engagement de publier un baromètre pour mesurer l’efficacité et la cohérence des actions du groupe en matière de RSE. "On ne vit plus dans le même monde et tout s’accélère très fortement", conclut Yves Marques. ■

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