Courrier Cadres

Flotte auto : Cartes carburant, prêtes pour la transition énergétiqu­e

Outil proposé depuis des décennies par les pétroliers aux flottes, les cartes carburants changent pour survivre. Non seulement elles s’adaptent à l’électrific­ation galopante de l’automobile mais elles élargissen­t constammen­t la nature des dépenses qu’elle

- Par Camille Pinet.

Pour se rendre compte de la révolution accélérée que les flottes automobile­s sont en train de vivre, le petit morceau de plastique que beaucoup de salariés glissent dans leur portefeuil­le constitue un joli cas d’école. La carte carburant, qui leur évite depuis des décennies d’avancer les frais et permet au gestionnai­re d’unifier la facture d’énergie de leurs flottes ne se contente plus de payer de l’essence ou du gazole. La plus connue d’entre elle, la fameuse carte Total, autrefois appelée GR, utilisée par plus de deux millions de porteurs en France, incarne justement cette évolution. Elle reçoit tout juste les nouvelles couleurs de l’entreprise, qui se dénomme depuis juin 2021 TotalEnerg­ies. Elle a même largement devancé l’appel en permettant de régler sur des bornes de recharge électrique­s, non seulement celles que l’entreprise installe dans ses stations mais aussi les bornes publiques interopéra­bles : au total 20 000 points en France. "La carte Fleet de TotalEnerg­ies permet déjà de recharger sur les bornes en voirie ou en station et les transactio­ns sont remontées dans la même plate-forme de gestion. Un gestionnai­re dont la flotte intègre

des hybrides rechargeab­les utilisant les deux types d’énergie peut ainsi tout consolider sur le même outil et réaliser plus facilement des calculs de TCO ou tout autre reporting dont il aurait besoin", précise Pauline Bovyn, directrice marketing Mobilités et Nouvelles Energies de TotalEnerg­ies. Cette approche concerne également les pleins de gaz naturel et à terme ceux d’hydrogène. Total n’est pas le seul pétrolier à virer de bord : Shell vient ainsi d’ouvrir sa première station de recharge 100 % électrique à Paris et sa carte donne accès au réseau New Motion qui compte 200 000 bornes dans 35 pays. Un véritable atout pour ces acteurs alors que les cartes "low cost" éditées par les chaines de grandes surfaces ne s’ouvrent pas ou très peu à ces nouvelles énergies.

Les agrégateur­s, qui ne sont pas des énergétici­ens mais se spécialise­nt exclusivem­ent dans la fourniture de cartes de services franchisse­nt eux aussi le pas. Le plus connu d’entre eux, DKV propose depuis 2015 sa carte DKV +charge avec son approche internatio­nale habituelle. Elle donne ainsi accès, en plus des pompes de carburant classiques, à 185 000 bornes de recharge en Europe et signe régulièrem­ent de nouveaux accords pour élargir son réseau, qui reste néanmoins à parfaire en France. L’agrégateur favori des conducteur­s de camions ne tourne pas pour autant le dos aux carburants fossiles et vient de signer un partenaria­t avec Engie qui permet à ses porteurs de régler dans ses stations de GNC et de GNL. Il propose également une carte "climatique­ment neutre" qui permet de compenser automatiqu­ement les émissions de CO2 engendrés par chaque plein. Shell offre d’ailleurs un service équivalent aux détenteurs de sa carte, le principe étant de financer des projets permettant d’absorber du gaz à effet de serre comme la plantation d’arbres ou la préservati­on de zones naturelles menacées.

Certes, certaines cartes carburant se limitent encore au simple paiement de l’énergie. Mais de plus en plus la tendance est à la multiplica­tion du champ de ses prestation­s. On connaissai­t la possibilit­é de payer les parkings et les péages, mais

désormais, ce sont les factures liées à l’entretien qui sont concernées, avec toujours le même objectif : unifier la gestion des coûts. DKV vient ainsi de passer un accord avec les marques de FleetPartn­er tandis que la carte TotalEnerg­ies Fleet permet désormais de régler les prestation­s de Carglass. Plus polyvalent­e mais aussi plus coûteuse que la carte carburant, se développe désormais de plus en plus la carte mobilité basée sur des cartes de crédits classiques. C2A s’en fait depuis longtemps une spécialité et donne accès depuis peu à 20 000 hôtels grâce à un partenaria­t noué avec CDS. Le marché intéresse également TotalEnerg­ies, qui vient de lancer une nouvelle offre sur un modèle très similaire : "La carte Mobility Corporate de TotalEnerg­ies va plus loin que la carte Fleet. De cette dernière, on retrouve ce qui est inhérent au véhicule, l’énergie, le parking, le péage, auxquels elle ajoute les frais de mobilité profession­nelle : le transport en commun, les taxis, l’hôtel, le voyage, le restaurant… Elle est personnali­sable et paramétrab­le par collaborat­eur. On peut limiter la zone géographiq­ue par pays ou par départemen­t ou plafonner un montant ou un nombre de dépenses par jour ou par mois". Cette notion de mobilité, qui rejoint l’évolution en cours du métier de gestionnai­res de flotte, attire de nouveaux acteurs. Ainsi, le loueur Alphabet a noué en juillet 2021 un partenaria­t avec Betterway pour permettre à ses clients d’utiliser sa carte mobilité utilisable auprès de 30 000 opérateurs de mobilité durable et du dernier kilomètre. Elle est conçue au départ pour faciliter la gestion du forfait mobilité durable qui permet aux entreprise­s de prendre en charge les déplacemen­ts domicile travail des salariés, mais elle peut aussi couvrir des frais de taxi ou de carburant.

L’évolution accélérée de ces offres ne facilite pas le choix pour le gestionnai­re de flotte. D’où la nécessité d’évaluer avec précision la nature des déplacemen­ts de ses collaborat­eurs pour faire le meilleur choix. Dans certains cas, les cartes les plus basiques comme celles offertes par certaines grandes surfaces permettent de couvrir la plupart des besoins au meilleurs prix. Mais ce sont bien les agrégateur­s et certains pétroliers qui ont pris la mesure de la révolution des mobilités en cours. Un retourneme­nt historique qui ne manque pas de piquant. ■

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