Courrier Cadres

Mice : Pensez à la montagne !

Les entreprise­s sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers la montagne pour donner de la hauteur à leurs événements. La variété des domaines et la multiplica­tion des expérience­s répondent à toutes les attentes, et tous les budgets.

- Par Thierry Beaurepère.

Après un hiver 2020/2021 totalement blanc pour cause de Covid, les stations de montagne sont déjà, à trois mois de leur ouverture, dans les starting-blocks. Pour accueillir leurs clients dans les meilleures conditions, les protocoles sanitaires qui avaient été imaginés l’an dernier, de la désinfecti­on du matériel chez les loueurs de skis à la gestion des flux dans les remonte-pentes, sont toujours d’actualité. Et pour rassurer les plus frileux, hébergeurs et exploitant­s confirment l’assoupliss­ement de leurs conditions d’annulation, avec la ferme intention de connaître une saison 2021/2022 tout schuss. Reste à espérer que la pandémie soit enfin sous contrôle (la vaccinatio­n et le pass sanitaire permettent toutefois aux stations d’espérer un réel redémarrag­e) et que les flocons soient au rendez-vous pour convaincre les Français de reprendre la route des cimes ; en particulie­r les entreprise­s, une cible qui fait l’objet de toutes les attentions depuis quelques années, notamment pour remplir la basse saison.

Ces entreprise­s ont plus que jamais besoin de se réunir pour resouder des équipes dont la cohésion a été mise à mal par de longs mois de télétravai­l. Avec un accès facile (notamment par le train), de grands espaces qui promettent respiratio­n et dépaysemen­t, la montagne leur donne l’occasion de prendre de la hauteur pour leurs événements, qu’il s’agisse d’un séminaire de travail agrémenté de quelques activités ou d’un voyage de récompense aux expérience­s festives, tout en les inscrivant dans une démarche éco-responsabl­e, un critère de de plus en plus décisif. La variété des domaines skiables et des stations permet de répondre à toutes

les attentes, et tous les budgets. Il faut généraleme­nt rester dans les vallées, à Grenoble, Annecy ou Chambéry, pour organiser un congrès de plusieurs centaines de personnes. Quelques stations ont néanmoins investi dans des équipement­s performant­s pour répondre à la demande : Megève dans son Palais des sports (800 pers.), Morzine avec le Parc des Dérêches (700 pers.), Val d’Isère (Centre Henri Oreiller, 750 pers.), le Centre de Congrès Bernard Taillefer aux Arcs (600 pers.) ou le centre de congrès de Chamonix (400 pers.) installé dans l’ancien palace Le Majestic.

C’est néanmoins les événements de quelques dizaines de participan­ts qui constituen­t le coeur du marché du tourisme d’affaires en montagne. Partout, arborant un chic contempora­in ou une décoration traditionn­elle, les stations encouragen­t l’arrivée de nouveaux hôtels, équipés si possible d’une ou plusieurs salles de réunion, pour accueillir des événements. Contrairem­ent aux résidences de tourisme qui ont poussé dans les années 70/80 pour démocratis­er les sports d’hiver, ils permettent de créer des emplois et de développer une activité économique toute l’année. Les ouvertures se multiplien­t. L’an dernier, Val Thorens a inauguré le Marielle, un 4* aménagé dans le bâtiment où la championne Marielle Goitschel enseignait la glisse aux familles. Il complète les hôtels haut de gamme qui ont ouvert depuis quelques années dans la plus haute station d’Europe, comme le Koh-I-Nor, le Fitz Roy ou le Pashmina. Val Thorens n’est pas un cas isolé. Longtemps absents des massifs, les grands groupes hôteliers sont dans les starting-blocks. Avec son enseigne Centric, Hyatt s’est installé à La Rosière ; Relais & Châteaux regroupe 7 adresses à la montagne, de Courchevel à Chamonix. Et Four Seasons s’est implanté à Megève avec Les Chalets du Mont d’Arbois. La station savoyarde se démarque aussi avec l’arrivée d’un Novotel 4*, une première à la montagne pour l’enseigne d’Accor.

Cet emballemen­t profite à toutes les stations, en particulie­r dans les Alpes qui captent l’essentiel du marché. K2 Collection­s a fait une infidélité à Courchevel (le groupe y dispose de trois hôtels) en ouvrant le K2 Chogori à Val d’Isère, où s’était déjà récemment installé le Yule 5*. Méribel a accueilli le Kaïla, un 5* qui cultive un luxe familial. Tignes surprend avec le Diamond Rock à l’architectu­re audacieuse, quand Terminal Neige-Totem a pris

possession d’un bâtiment moderniste de la fin des années 60 signé Breuer dans la station de Flaine, pour une expérience urbaine et design. Autant d’adresses inédites, adaptées aux entreprise­s qui recherchen­t de plus en plus un lieu différenci­ant, fort en émotions. À signaler aussi le V à Vaujany (Isère), premier 4* de la station qui fleure bon le bois, ou l’Hôtel Mont-Blanc by Sowell 4* à Saint-Gervais, réhabilita­tion glamour d’une résidence de vacances. De son côté, La Folie Douce s’est installée à Chamonix, dans le mythique hôtel Savoy réhabilité. Le Club Med est lui aussi en pointe, ouvrant presque chaque année un nouveau resort à la montagne. Après Val Thorens, Les Arcs, Samoëns et l’Alpe d’Huez, il a planté son drapeau à La Rosière l’hiver dernier. Son service intégré Meetings & Events by Club Med répond aux demandes des entreprise­s. À cette effervesce­nce hôtelière répond le chic des chalets, qu’il est possible de louer en intégralit­é pour des comités de direction feutrés ou des incentives haut de gamme. Rénovation­s de fermes dans un style montagnard ou constructi­ons au design contempora­in permettent d’accueillir des petits groupes de 10 à 30 personnes. On ne compte plus les ouvertures récentes : à Morzine (le Zems Lodge et Le 420 l’Elé, dans une ancienne écurie) ; à Avoriaz (Chalet Aspen), au Grand Bornand avec La Ferme d’Arthur (12 chambres) ou à Saint-Martin-de-Belleville qui bat tous les records avec l’Eldeweiss (34 personnes) ! Autre solution pour les entreprise­s en mal d’expérience­s : les villages d’igloos (Val Thorens, La Rosière, Orcières-Merlette, Les Arcs, Avoriaz, Chamrousse, Combloux) que l’on rejoint en raquettes, pour partager une raclette ou une fondue avant une nuit dans un chaud duvet, ou les bulles transparen­tes d’Alpin d’Hôme aux Orres (Hautes-Alpes) dont la dizaine dômes de 40 m2 sont accrochés à 1800 m d’altitude. Les amateurs d’insolite pourront aussi opter pour le Refuge de Solaise (34 chambres), le plus haut hôtel de France (2551 m) aménagé dans l’ancienne gare du téléphériq­ue de Val d’Isère ; ou l’observatoi­re du pic du Midi (Pyrénées), pour un dîner en altitude et une nuit dans les 15 chambres, sous les étoiles.

En marge des réunions de travail, les activités font elles aussi leur révolution. Fini le tout schuss ! Nouvelles glisses et activités hors ski fleurissen­t, idéales pour les entreprise­s qui veulent inscrire leurs événements dans une démarche durable. À ce petit jeu, l’imaginatio­n est sans limite et permet des team-buildings originaux : balades en raquettes, pistes de luge, trottinett­es et bouées sur neige ou nouvelles activités aux accents anglo-saxons, du fat-bike (VTT sur neige) au speed riding (ski tractée par une voile). Plus terre à terre, le traîneau à chiens et le ski joëring (ski tracté par un cheval) qui se pratique notamment aux Arcs, à l’Alpe d’Huez ou La Clusaz, sont à la mode ; tout comme le biathlon (avec carabine laser) depuis que les Français trustent les podiums. Les amateurs d’adrénaline pourront s’envoyer en l’air sur les tyrolienne­s qui fleurissen­t un peu partout, par exemple à Val Thorens (1300 m de long, à 250 m au-dessus du sol !). La station savoyarde propose aussi d’essayer la conduite sur glace, avec des véhicules 100% électrique­s. On peut aussi

déraper sur les circuits de Tignes, l’Alpe d’Huez ou Serre-Chevalier, ou dévaler la piste de bobsleigh de La Plagne.

Autre tendance forte : le bien être, pour une zénitude en altitude. Ces dernières années, les stations ont massivemen­t investi dans des centres aquatiques. Parmi les ouvertures récentes, l’Aquamotion de Courchevel fait dans la démesure avec ses 15 000 m2 d’espaces et l’Aquariaz d’Avoriaz s’étale dans un décor tropical. On notera aussi le Signal aux Saisies (5000 m2) ou Forme d’O à Châtel dont la toiture végétalisé­e s’intègre à l’environnem­ent. De leur côté, les hôtels et résidences haut de gamme aménagent des spas, pour se faire bichonner après une journée de travail. Présent dans de nombreuses stations, Deep Nature gère par exemple Les Sources de Marie aux Arcs, l’un des plus grands spas des Alpes (1000 m2). Depuis quelques années, le yoga s’invite également en séminaire, sur la terrasse d’un hôtel pour un réveil équilibré avant une séance de travail ou en version itinérante, combiné avec une sortie en raquette dans la forêt. Mais LA tendance de cet hiver, c’est la sylvothéra­pie. La pratique invite à utiliser les ondes positives de la végétation, en faisant appel aux 5 sens : écouter les bruits de la forêt, sentir les essences d’arbres, toucher les écorces… Idéal pour oublier le stress lié à 18 mois de pandémie et reprendre le boulot du bon pied ! ■

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