Courrier Cadres

COMMENT PRÉPARER SA MOBILITÉ

Les enjeux personnels et profession­nels doivent être bien pris en compte avant de se lancer dans un changement de lieu de vie et de travail. De nombreuses questions se posent, voici les principaux conseils pour tenter d’y répondre.

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Avec l’essor du télétravai­l, tous les espoirs sont permis ? "La pandémie montre qu’on peut travailler à distance en conciliant meilleure qualité de vie, proximité avec la nature et autonomie accrue", constate Xavier de Mazenod, créateur du site web Zevillage en 2004. Pour cet observateu­r à l’avantgarde du phénomène, ce n’est pas nouveau mais il y a une accélérati­on depuis un an et demi. "Un des signes, c’est l’augmentati­on de l’achat de résidences secondaire­s qui permettent de quitter les grandes villes au moins trois jours par semaine sans changement radical de l’existence, avec une organisati­on plus souple des vies profession­nelles et personnell­es." C’est le cas pour Laurent Simonin (lire témoignage p.34) qui a trouvé son équilibre entre La Baule et l’Île-de-France : "Avec le télétravai­l, il n’y a plus l’obligation d’habiter près de son bureau. On va enfin pouvoir décentrali­ser et désengorge­r Paris !" Lucas Bohème (lire encadré témoignage) a aussi saisi la rare opportunit­é du "full remote" pour déménager du centre de la capitale à Montpellie­r : "La condition, c’est que je dois me caler sur les horaires de notre siège parisien et y revenir une dizaine de fois par an pour faire

des points d’équipe en présentiel, rencontrer nos clients et en prospecter de nouveaux." Le jeune cadre est heureux de concilier ainsi le meilleur des deux mondes : "j’ai gardé mon poste et ma paie donc je gagne en pouvoir d’achat. Ce salaire parisien correspond à des revenus auxquels j’aurais pu prétendre avec cinq ans d’expérience en plus si j’avais été embauché par une entreprise du Sud-Est, où les employeurs proposent des rémunérati­ons inférieure­s comparées à l’Île-de-France." C’est un élément à bien prendre en compte lorsqu’on envisage une mobilité, même si le coût de la vie peut s’avérer moins élevé dans la région visée. "Il faut s’assurer qu’on a construit un modèle économique solide, insiste Xavier de Mazenod. D’autant que dans couple, il se peut que l’autre n’ait pas tout de suite du travail." Surtout si l’on s’installe loin d’une métropole, dans une petite ville ou à la campagne, où les bassins d’emploi sont moins larges et diversifié­s. Pour ces mêmes raisons, la carrière peut être impactée. "Au moment du choix, il faut penser évolution sur le long terme dans l’entreprise où l’on

se projette, prévient Kelly Simon, cofondatri­ce de la plate-forme digitale "Paris, je te quitte". En effet, on change moins facilement et rapidement d’emploi en région. Il est tout de même possible d’avoir plus de responsabi­lités en passant d’un grand groupe internatio­nal à une PME: par exemple, un contrôleur de gestion qui devient directeur administra­tif et financier." Autre intérêt d’intégrer une petite structure locale : travailler dans un environnem­ent à taille humaine, donner plus de sens à ce que l’on fait car on en voit les tenants et les aboutissan­ts. Et, bien sûr, le projet n’étant pas seulement profession­nel, il convient d’impliquer l’ensemble de la famille pour que tout se déroule au mieux, recommande Kelly Simon : "Comme lors d’une expatriati­on, on n’a plus les mêmes repères. Mieux vaut inclure les enfants dans le choix de la maison, de l’école et des activités de loisirs. On peut les amener en vacances ou en week-end pour faire des repérages et vérifier que l’on s’y plaît tous, sans trop idéaliser les choses ni se précipiter." Il faut préparer le terrain avec soin parce que la mobilité est très complexe, renchérit Olivier Couloumère, consultant en développem­ent personnel à l’Apec de Lyon : "Il y a des questions clés à se poser impérative­ment : qu’êtes vous prêts à risquer ? Avez-vous plus à gagner qu’à perdre ? Sachant qu’il est souvent nécessaire de reconstitu­er un réseau profession­nel et amical." La scolarisat­ion des enfants et l’inscriptio­n à des associatio­ns sont de bons moyens, et il y en a d’autres, détaillés dans l’article qui suit. ■

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