UNE DÉMARCHE FACILITÉE
À partir du moment où l’idée de changer d’air émerge, il est possible de se faire accompagner tout au long du parcours. Collectivités locales, associations et professionnels spécialisés sont là pour aider à la réussite du projet.
Le premier réflexe à avoir pour sonder le terrain, c’est prendre rendez-vous avec un conseiller de l’Apec installé dans la zone visée, pour un entretien par téléphone ou en visio-conférence. Le consultant local apporte des éclairages sur le bassin d’emploi, précise quelles compétences sont les plus pertinentes compte tenu des postes à pourvoir et de la concurrence sur le marché. S’assurer des opportunités d’embauches et de son adéquation avec les besoins des entreprises est une précaution indispensable, mais il faut aussi enquêter plus largement sur l’environnement général afin de vérifier qu’il corresponde aux attentes du quotidien. L’association Accueil des villes françaises (AVF) a tissé, en plus de cinquante ans d’existence, un réseau de 11 000 bénévoles et 65 000 adhérents dans toute la France. Le "pré-accueil" permet de répondre aux questions préalables qui peuvent se poser, en donnant des informations pratiques, en décrivant le territoire et même en faisant visiter le lieu de vie potentiel aux candidats à l’installation. Des conseils peuvent, par ailleurs, être dispensés pour la préparation du déménagement. Et une fois que ce dernier est terminé, le "service nouvel arrivant" permet d’atterrir en douceur et de se
constituer un réseau, grâce à des rencontres avec les habitants et des événements conviviaux autour des loisirs qu’ils soient culturels ou sportifs. Ce type d’assistance existe en version dédiée aux professionnels, c'est-à-dire les sociétés qui ont choisi de se relocaliser dans une autre région ou qui ouvrent une filiale ailleurs que sur leur terre natale. Employeurs et salariés sont alors accompagnés par des spécialistes, comme "Ma Nouvelle Ville", fondée il y a une vingtaine d’années. Autre précurseur dans son domaine, Zevillage, portail notamment consacré au télétravail et lancé en 2004 par Xavier de Mazenod, ex-francilien qui fit alors le choix de la Normandie : "Je l’ai créé dans l’optique d’aider à passer à l’acte, de quitter la ville et de s’implanter à la campagne. C’est devenu un site de réflexion et de ressources utiles sur le télétravail, de recommandations de pairs avec la constitution d’une communauté. Et à présent, nous dispensons du coaching à la carte et à distance, avec des tarifs qui restent raisonnables." Un service que veut également développer le média web "Paris, je te quitte". Il a démarré sous forme de blog en 2015 : "Comme beaucoup de Parisiens d’adoption, avec ma future associée, nous sommes arrivées dans la capitale pour un premier emploi : nous nous sommes rencontrées dans une entreprise d’objets connectés, se souvient Kelly Simon, l’une des deux codirigeantes. À la pause café, beaucoup de gens parlaient de quitter l’Île-de-France sans savoir où aller, ni comment faire pour retrouver un travail. Nous avons donc voulu rassembler les conseils concernant toutes les étapes de la mobilité. Nous nous y investissons à plein temps depuis 2017 avec la mise en place d’une plateforme numérique qui propose de nombreux outils en accès libre. Tout est abordé, des questions à se poser pour partir de Paris sans regrets à la recherche d’un logement grâce à des experts immobiliers, en passant par la sélection de la localité, avec des critères classés par thématique, comme le cadre de vie décliné en différentes caractéristiques : air marin, soleil, montagne, proche d'une frontière, à taille humaine, urbain." Autre liste annoncée, les salons spécialisés dans la mobilité professionnelle, comme celui qui se tiendra les 20 et 21 janvier prochain dans la
Capitale, à la Grande Halle de la Villette. De plus, "Paris, je te quitte" sert de vitrine à l’attractivité des territoires "car leurs atouts sont trop souvent méconnus", regrette Kelly Simon. Cette mission de mise en relation est également endossée par Laou, site cofondé en 2017 par Perrine Bailly dans le but de valoriser les régions auprès des jeunes talents, au départ ciblés dans le digital : "en effet, je viens de ce secteur que je connais donc bien et qui est en pleine croissance, en termes d’emploi comme d’activité économique, les besoins étant très importants partout en France. Nous pensions surtout intéresser des Parisiens ou des Franciliens, mais des Lillois ou des Lyonnais consultent aussi notre plate-forme dont le but est de créer des connexions entre ceux qui ont envie de partir et ceux qui veulent les accueillir." Constatant que le premier vecteur de mobilité est l’emploi, Laou diffuse des offres. Et comme on ne peut séparer le travail du cadre de vie, la start-up organise des week-ends en immersion avec des collectivités territoriales. Par exemple, les 16 et 17 octobre en Haute-Marne, département très nature et bien connecté dans l’Est de la France. Au programme, randonnées en forêt, rencontres de recruteurs, présentation du marché immobilier et du tissu économique. Ces opérations séduction se multiplient un peu partout dans l’Hexagone et ne manquent pas d’imagination. À l’instar de celle menée par l’Auvergne il y a quelques années et qui affichait la "garantie satisfait ou remboursé" : si les nouveaux venus n’étaient pas contents, on promettait de les dédommager d’une partie des frais de déménagement !
De plus en plus de villes, départements et régions se dotent de services d'hospitalité. C’est le cas de la Manche, en Normandie, qui propose des séjours découverte, puis, s’ils s’avèrent concluants, des aides pour trouver un logement, un emploi pour le conjoint, des places en crèche ou à l’école pour les enfants. Idem pour le département voisin du Calvados, avec " accueil install’ Calvados ", service personnalisé gratuit destiné aux particuliers. Ou avec www.vivredanslecalvados.com où il est possible de prendre rendez-vous avec un conseiller pour faciliter toutes les démarches et ainsi gagner du temps. Il ne manque plus que le tapis rouge pour recevoir en grande pompe les néo-résidents ! ■